Vous reprendrez bien une cigarette

Je suis passé à côté de The Leftovers lors de sa diffusion, et, ayant eu vent de nombreuses fois des qualités de la série, j'ai décidé de m'y mettre.

The Leftovers est la nouvelle série de Damon Lindelof (Lost), qu'il a scénarisée en collaboration avec l'écrivain du livre original Tom Perrotta. Je n'ai pas lu le livre, mais il semble que l'histoire en soit adaptée avec quelques libertés en première saison, et que les deux saisons suivantes soient originales.

Bref, j'ai regardé cette série d'une traite, et j'avoue un peu regretter de ne pas l'avoir suivi lors de sa diffusion. Cette série est un OVNI, et on ne s'en rend pas forcément compte aux premiers abords. On y retrouve ce que j'ai beaucoup aimé chez Lindelof précédemment : il y a un propos, des détails qui ne vous sautent pas au visage à l'inverse de certaines autres œuvres qui souhaitent philosopher un peu et se retrouvent à rater complètement leur propos.

2% de la population disparaissent spontanément, on ne sait pas pourquoi, ni où ils sont. Au début, les théories fusent dans nos têtes, mais on comprend très vite que ce n'est pas le propos. The Leftovers, c'est comment on vit après une disparition inexpliquée. Une fois la série terminée, on se rend compte qu'elle forme un tout, que tout ce que l'on a vu est suffisamment clair pour que l'on ne soit pas déçu, et suffisamment flou pour que l'on puisse en discuter après-coup.

Pour moi, The Leftovers est avant tout une analyse sur ce en quoi nous croyons. Après l'évènement, tout le monde est affecté, tout le monde est dans l'incompréhension, et personne n'arrive à faire son deuil. Et surtout, ces gens qui semblaient raisonnés, vont chacun trouver réconfort d'une façon ou d'une autre : certains vont faire un câlin à des hommes saints, d'autres vont rejoindre une secte où tout le monde s'habille en blanc, est muet et fume des cigarettes, d'autres vont même écrire une nouvelle bible.

Mais là où la série est intelligente, c'est qu'elle ne nous balance pas des références bibliques toutes les 5 minutes, qu'elle ne parle jamais de dieux, et ne montre jamais rien de surnaturel mis à part cette fameuse disparition. Et si on s'investit un minimum, la majorité des questions que l'on se pose au cours de la série trouvent une réponse dans l'interprétation que l'on peut faire de ce qui nous est montré. Entre autres, la scène finale de la série, qui est assez folle de par sa simplicité, en est un exemple.

Les personnages sont un autre point positif de la série : jamais (trop) clichés, du moins après un certain temps, j'aime tout particulièrement les épisodes qui sont centrés sur l'un d'entre eux.

Certains trouveront qu'ils ont perdu leur temps après ces 28 épisodes. Je pense que c'est ceux-là même qui ont eu l'impression de perdre leur temps en ayant vu Lost (qui demandait également de l'investissement). Mais The Leftovers a quand même l'avantage d'avoir une narration un peu plus aboutie, et de durer beaucoup moins longtemps. Alors je le répète : la série donne des réponses sur nos interrogations, mais nous laisse toujours une porte ouverte.

Bien sûr, tout n'est pas parfait dans The Leftovers. Le début est un peu lent, et la série trouvera son rythme en seconde saison. Le thème musical, bien que vraiment excellent, est un poil redondant. La saison 3 est légèrement en-dessous des autres, la faute peut-être à un concept un peu trop assumé. Enfin, certains (rares) épisodes m'ont donné un peu l'impression d'être rallongés un peu artificiellement, sans toutefois m'ennuyer.

Bref, il est rare qu'une série entre dans mes préférées au cours du visionnage, pourtant, The Leftovers a réussi cet exploit. Je recommande donc sans hésiter !