Hail to the grief
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2% de la population mondiale vient de disparaître. Le monde entier est dévasté par ce cataclysme que rien ne semble expliquer correctement. 3 ans plus tard, à Mappleton, petite ville de l'état de New York, quelques-uns des habitants qui ont perdu des proches tentent de faire un deuil impossible. Dans le même temps, le shérif Kevin Garvey met en place un système sécuritaire draconien tandis qu'à l'approche de la commémoration de la catastrophe d'étranges évènement s'invitent à la fête, sans compter les agissements d'une secte qui sème trouble et horreur au sein de la bourgade qui n'aspire qu'à la résilience.
The Leftovers, c'est une série qui fait appel aux affects. De joie et de tristesse, pour ne citer que les plus généralistes. C'est une série sur le deuil, sur l'impossibilité de passer à autre chose, quand tous les évènements nous rappellent ce qu'on souhaite conjuguer au passé : ses erreurs, ses manquements, son amour immense pour tel.le ou tel.le, ses petites mesquineries, son égoïsme parfois mal placé. Sa culpabilité.
A chemin entre les étrangetés de David Lynch et un drame grec, The Leftovers est également une série à portée métaphysique. Constituée de trois saisons portant sur des périodes et finalement des sujets assez différents, elle explore outre le deuil, le messianisme et la religion. Dans un monde qui ne sera pas parvenu à comprendre, à mettre des mots, un raisonnement un tant soit peu satisfaisant à cet évanouissement, prospère en effet la mystique. Sur les particules élémentaires des disparu.e.s, s'établit la secte des "Coupables survivants", sorte de groupe nihiliste prêt à tout pour mettre la population en face de l'irréversible. Sur le terreau fertile de la peur que "ça" recommence, un immense exode s'établit vers une petit ville miraculeusement épargnée.
Mais toutes ces histoires, tous ces sentiments et ces émotions cachées parfois au prix de la folie, toutes ces vies, toutes et tous oublient qu'à obsessionnellement vouloir penser au passé ce qui est encore présent - sans le conjurer - c'est eux-même qu'ils relèguent dans cet insaisissable disparition. C'est eux-même qui deviennent les fantômes de leur propre monde, c'est eux-même qui s'évanouissent peu à peu dans la boue du ressentiment, noyés qu'ils sont par l'eau stupidement claire et transparente de l'absurdité. En oubliant, tout simplement, qu'à côté d'eux, dans leurs lits, à leur travail, au téléphone, pendant un anniversaire ou un mariage, dans son journal intime ou dans un livre, dans les rues, à la faveur d'une rencontre fortuite, ou d'un moment poétique, se trouvent des personnes qui les aiment et qu'ils aiment.
Portée par l'excellente musique (quoique redondante) de Max Richter, The Leftovers est une série qui, comme rarement, m'aura touchée jusqu'au plus profond de mon être. Je n'en regarde quasiment jamais, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir passé ces quelques heures devant qui s'avère être une des plus belles, tendres, touchantes et poétiques série de ces dernières années.
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Créée
le 9 déc. 2019
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