The Leftovers
7.8
The Leftovers

Série HBO (2014)

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J’avais rédigé une critique de la série. Elle était magnifique, je l’aimais. Le 14 octobre, elle a disparu.
Elle était là, bien rédigée, bien corrigée, et en un clin d’œil, plus rien. Comme si elle s’était envolée sans laisser la moindre trace. En vain, j’ai cherché dans les moindres recoins. En vingt minutes, j’ai abandonné. Enfin, j’ai compris que plus jamais je ne la reverrai.
Il paraît que certains ont perdu toutes leurs critiques ce jour-là. Dois-je me considérer comme privilégié ? Sans doute, la vie continue.
La rumeur court que sur allociné, aucune critique ne s’effaça en ce jour sombre du 14 octobre. Un vrai miracle.
Plus de peur que de mal… imaginez si c’était des personnes qui avaient disparu ?


Eh bien c’est le scénario catastrophe que Damon Lindelof nous propose avec ingéniosité dans The Leftovers.


Left For Dead


Soudain, 2% de la population disparaissent.
Les premières minutes de la série sont pour le moins sensationnelles. L’intrigue commence d’emblée à nous passionner et déjà à nous toucher. J’ai rarement été happé comme ça dès les premières minutes d’une série (l’exemple parfait étant Twin Peaks qui est phénoménal d’entrée de jeu).
Les divers thèmes sont développés, et certaines pièces d’un étrange puzzle commencent déjà à s’emboîter.
Seulement, après, l’intrigue peine à rester saisissante et ne reste captivante que par moments. Il se passe trop de temps à poser un peu partout les bases. (Bases qui deviendront du béton armé pour la suite). Il n’y a rien de mauvais en soi, mais rien qui ne tire vraiment l’œuvre vers des sommets.
J’en suis arrivé au point où ce n’est qu’à la fin des épisodes que je me suis souvenu les avoir déjà vu. Eh oui ! A l’époque de sa sortie, j’avais commencé à regarder quelques épisodes, puis j’ai lâché. Je pensais en avoir vu 2, mais après chaque redécouverte j’ai constaté que j’avais presque vu toute la saison… comme quoi ça ne m’a pas marqué plus que ça. Et je trouve ça normal car à part quelques fulgurances, il n’y a pas de quoi crier au génie.
Mais ce n’était que le début.


The Last Of Us : Left Behind


Changement complet pour la saison 2 qui commence en passant du coq à l’âne. On ne comprend pas tout de suite où ça va nous mener, mais il s’avère évident que les ambitions ont évolué. Fini le fait de comprendre ce qui est arrivé aux disparus et quelles sont les conséquences sur les épargnés. Cela n’est que la base, mais ça va partir beaucoup plus loin. Après quelques passages mystérieux, la série semble reprendre quelques-unes de ses vieilles habitudes… pour ensuite mieux s’en écarter !
L’aspect musical est très intéressant et judicieux, tout en étant parfois presque ringard, mais ça marche à tous les coups et quoi qu’il arrive, les morceaux choisis renforcent considérablement les images qu’ils accompagnent.
La série part en fait dans des directions inimaginables, mais dont les découvertes seront jouissives. Le gros point fort de cette saison est que… simplement… tout est mieux ! Chaque personnage trouve un sens et délivre une puissance grâce à l’écriture remarquable et le jeu des acteurs mémorables. Même des personnages qui étaient franchement énervants dans la saison 1 deviennent ici incontournables !
On quitte petit à petit le côté terre-à-terre et réaliste pour partir vers l’inattendu, où rien ne sera exagéré, mais au contraire où tout sera géré à la perfection. Le récit prend de l’ampleur et parvient même à glisser des moments poétiques d’une puissance phénoménale. Peu de défauts dans cette saison d’une maîtrise totale sur tous les points.
Mais des défauts quand même ! Pour moi en tous cas, j’ai un énorme problème avec le générique de début. Il se veut décalé par rapport à ce qui précédait, mais il se révèle décalé avec absolument tout ce que nous propose la série. C’est voulu mais je ne comprends absolument pas ce choix ; j’avais l’impression de lancer un épisode de Parks and Recreation… Ceci dit, cet aspect négatif est aisément contournable, il suffit de faire une petite marche rapide et hop… car tout le reste qui défilera à l’écran n’est que spectaculaire et ça, on n’a même pas envie que ça termine.
Certains moments sont presque mythiques ; l’épisode 8 est un chef d’œuvre à lui seul.
Avec cette saison 2, The Leftovers passe de la petite série à concept sympathique à une immense toile de maître. Inoubliable.


Only Lovers Left Alive


Dans son ultime saison, The Leftovers s’engage à nouveau dans un changement de ton, ou plutôt dans le fort appui d’un aspect jusqu’alors important mais secondaire : la religion.
Celle-ci s’imprègne dans chaque fibre de ce qui fait la série. On a par exemple la magnifique image du baptême en tant que résurrection en parallèle avec certaines séquences primordiables, mais surtout bien plus de références à tout ce qui touche au divin. (Jusqu’à, plus ou moins, l’apparition de Dieu !)
Avec des scènes plus calmes que dans l’énormissime saison 2, tout se concentre vers ce qui est finalement le cœur de l’histoire, ou plutôt de ce qui nous est conté : les protagonistes. On aura alors droit à des moments tout simplement magiques grâce aux beaux dialogues et aux acteurs qui magnifient leur personnage.
Au fur et à mesure des épisodes, ces personnages, un à un, prennent conscience des vanités de leurs enjeux. Le spectateur oublie alors son désir de comprendre tout le fin mot de l’histoire, pour paradoxalement laisser ces héros le comprendre petit à petit.
Sur le coup, j’étais un peu déçu de la fin de la série. Cependant, il faut bien admettre qu’elle s’achève sur une simplicité qui fait plaisir et d’une manière vraiment jolie. C’est en fait une fin sublime, presque étonnante de sobriété.


Finalement, on aurait bien aimé des éclaircissements plus concrets, mais on s’aperçoit que ce qui nous est laissé est amplement satisfaisant. Tout cela nous restera à l’esprit, car l’ensemble bien qu’imparfait est véritablement mémorable.


The Leftovers, en 28 épisodes, s’impose comme une série incontournable qui va, à sa manière, au bout de tout.


Bref, c’est bien sympa tout ça, mais je suis toujours perdu. Si jamais quelqu’un retrouve ma critique, qu’il me contacte.
Elle me manque.

TheBadBreaker
8
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le 20 oct. 2017

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