The Looming Tower
7.2
The Looming Tower

Série Hulu (2018)

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Dan Futterman et Alex Gibney (oscar du meilleur documentaire pour Un taxi pour l’enfer) adaptent The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11 du journaliste Lawrence Wright, sorti en 2006 et plus globalement les mémoires d’Ali Soufan, son ouvrage Les bannières noires: l'histoire intérieure du 11 septembre et la guerre contre al-Qaïda et sa relation privilégiée avec John O’Neill, qui sera le point central de la série.


Si Kathryn Bigelow avec Zéro Dark Thirty proposait la traque de Ben Laden après les attentats de 2011, la série vise quant à elle les années qui ont vu éclore la menace Oussama et reprend le même type de narration, beaucoup de dialogues et très peu d'action, pour se concentrer sur le travail en coulisse. (On peut se demander, outre le traumatisme de ces attentats, si les éléments déclencheurs de cet acharnement de 10 ans à la traque du chef d’Al Qaïda, ne seraient pas les erreurs qui les ont permis).
La série pointe les zones d’ombres permettant de comprendre ce qui aurait pu être évité et ce qui aurait conduit au drame, à partir des attentats sur les ambassades américaines de Dar es Salaam et de Nairobi en 1998 et en 2000 au Yémen contre un pétrolier américain.
Et de la même manière le suspense est réussi, alors même que la finalité est bien connue.


Le directeur de la cellule antiterroriste du FBI O’Neill, (Jeff Daniels toujours égal à lui-même), et Ali Soufan (Tahar Rahim) son assistant en mission d’infiltration, collent parfaitement à ces deux personnages qui tenteront d’alerter leur pays de la menace grandissante d’actes terroristes, mais qui seront pourtant totalement ignorés par leur hiérarchie. Du manque d’information de la CIA, aux freins mêmes de la Présidence, O’Neill qui aura lui-même dès 1993 enquêter sur des attentats aux sous-sols des deux tours, visant déjà à les détruire, comprend qu’une attaque sur le sol américain est fort probable et s'investira pleinement dans la lutte, au détriment d'une vie personnelle. Mais les changements de gouvernement et les conflits d’intérêts entre services saperont les véritables enjeux.
Les relations délicates entre O’Neill et Schmidt (Peter Sarsgaard) chef de la cellule antiterroriste de la CIA, épaulé par l’armée, avec une tendance très nette au grand nettoyage, un FBI réflexif et une CIA prête à tout bombarder au petit bonheur la chance...On reste en tout cas surpris de cette gestion de l’administration américaine mais en même temps aujourd’hui rien n’étonne franchement...La série vise l’inertie des services, renvoyant la sécurité de l’État, à un laborieux travail de fonctionnaires.


Le montage sait se faire addictif avec une mise en scène rythmée entre bureaucratie et missions, ponctuée d’images d’archives bien dosées et bien intégrées à la fiction qui rendent l’ensemble efficace. Les flashforward qui viennent régulièrement s’interposer concernant l’enquête parlementaire menée en 2004, pour la recherche des responsabilités, sont marquants avec quelques interviews édifiants.(si on osait on en rirait volontiers...).


Un genre thriller plutôt réussi, une narration et un scénario qui restent centrés et qui permettent de suivre avec intérêt les 10 épisodes, pour un final plus émotionnel, s’attachant à l’humain et à ses pertes plutôt qu’aux images de la chute des deux tours qui évite ainsi de heurter inutilement par un sensationnel déplacé.


On reste tout de même sur une série tout public avec ce que cela implique. Tous les apartés sans grand intérêt sur les vies privées et autres discussions, sans que ceux-ci dénaturent le propos, mais empêchant de pousser la réflexion plus avant. Le personnage O’Neill est certes le fil directeur de l’intrigue, son intégrité participant à l’empathie du personnage, mais peut-être prend-il trop de place, alors que certains ne sont pas assez caractérisés. Ces personnages ayant réellement existés, il est dommage que la personnalité même de Ali Soufan ne soit pas plus creusée en tant qu’homme partagé entre ses croyances et son travail usant de perspicacité en utilisant sa connaissance du Coran pour confondre les terroristes. Seule une scène savamment menée nous l’introduit. Le personnage de O’Neill ne sera lui, qu’occasion à des scènes plus frivoles dans le contexte, sans interroger une vraie solitude, accentuant un personnage à la limite de la légèreté.
On apprécie particulièrement Michael Stuhlbarg (conseiller aux questions de sécurité de la Maison blanche pris entre les deux feux que sont la CIA et le FBI) et Robert Chesney (Bill Camp), vétéran de l’agence enquêteur des attentats de Nairobi. Diane Marsh, (Wrenn Schmidt) qui quant à elle sans avoir le premier rôle évidemment, sera également remarquée (à défaut d’être remarquable), analyste de la CIA sous la direction de Martin Schmidt, elle dissimulera des informations essentielles.
On en saura pas plus sur d'éventuelles condamnations, si condamnations il y a. Peut-être une saison 2 à venir.


Finalement, c’est le point de vue américain qui domine et qui peut gêner aux entournures. Il manque certainement une caractérisation des auteurs, un rapport à la religion et aux motivations plus poussées. Les techniques d’interrogatoire, à peine effleurées également.


The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11 serait quant à lui bien plus complet puisqu’il remonterait à la source en 1948 comme point de départ de l’idéologie djihadiste.
Très certainement plus intéressant que nombre de séries et documentaires qui ont déjà traité le 11 septembre, sous tous les angles.

limma
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le 9 mai 2018

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