Je suis comme tout le monde, je suis humain.
Et en tant qu’humain patenté, j’ai failli chialer devant le dernier épisode de The Midnight Gospel.
Qui ne se trouverait pas au bord des larmes quand on lui martèle avec tant d’ardeur l’émotion qu’il doit ressentir tout le long de l’épisode ? Seule une bête monstrueuse ne se sentirait pas bouleversé par la mort imminente d’un être aimé. Là réside le soucis de la série : si vous ne pleurez pas, vous en êtes une, de bête monstrueuse.
Alors oui, je me suis reconnu dans ce petit branleur de Clancy qui tâtonne dans l’obscurité à la recherche de la Vérité avec un grand V, universelle et unilatérale, qui se dépeint dans les différents intervenants du SpaceCast pour former un grand monolithe bien compact. Ce petit branleur qui veut faire le grand Saut en s’accrochant à un seul système de pensée où il pourrait faire rentrer toutes ces névroses. Ce petit branleur qui croit avoir atteint l’illumination alors qu’il reste le petit branleur qu’il a toujours été.
Je l'aime Clancy. Comme lui, je suis cisaillé par la vie, la mort, le deuil.
Oui, l’animation brut, kaléidoscopique et bigarrée, contrairement à l’une et indivisible vérité prônée dans les dialogues, se diversifie à chaque épisode.
Je suis comme tout le monde, je suis humain. Mais le dérangeant dans une oeuvre pareille, sous ses aspects révolutionnaires et psychédéliques, c’est cette louche idéologique, ce bouillon dogmatique, ce potage d’homogénéité qu’on vous insèrent de force dans la trachée. Comme l’impression d’être un enfant qu’on gave de sucettes pour lui faire accepter la sortie du dimanche chez mamie. Tout est fait dans la série pour qu’on approuve sa finalité.
L’impermanence, l’amour, le pardon, la mort, le deuil discutés et étudiés sous le même filtre pendant huit épisodes. Oui, oui, oui on ne peut qu’approuver une telle démonstration. Bah non. Où sont les contradictions ? J’aurais aimé que Duncan Trussell, éponyme de Clancy et co-créateur de la série, invite un antagoniste à sa doctrine dans la personne d’un matérialiste scientiste, d’un athée ou d’un nihiliste. On aurait gagné en honnêteté, en explosivité. Au lieu de ça, on a ce même profil qui revient avec force sous des spectres différents tels le méditant forcené, le magicien ésotérique ou l’écrivain torturé ayant trouvé la lumière. Des chantres du moment présent, de la vie vécue et de l’acceptation.
Il n’y a qu’une vérité dans la série : elle s'enferme sous la cloche du New-Age spirituel et tolérant. Vérité puissante qui ne souffre pas l’opposition, difficilement démontable. Elle achète notre hochement de tête à coups de grands poncifs qui laissent un goût âcre dans la bouche.
Je suis comme tout le monde, je suis humain. Et en tant qu’humain patenté, j’ai failli chialer devant le dernier épisode de The Midnight Gospel... Ca n’empêche pas de s'arrêter quelques minutes pour réfléchir.