Après avoir vu la bande annonce de The Morning Show, on pouvait penser que Steve Carell, Jennifer Aniston et Resse Witherspoon étaient tombés dans un piège tendu par Apple. Succession de scènettes hystériques (masculines autant que féminines, un bon point), dialogues lourds, rien ne donnait envie, si ce n’est donc ce casting.
C’est en plein dans le mouvement MeToo que s’inscrit TMS, non pas pour montrer les hommes du doigt, mais uniquement les mâles qui ne se conçoivent que comme dominants. C’est tout en finesse et en ambiguïté que le sujet est abordé, savamment mêlé aux intrigues et luttent de pouvoir qui règnent dans les coulisses des mass medias. On y découvre, comme dans Network de Sydney Lumet, une course à l’audience où toutes les manipulations et tous les coups sont permis. Pour rendre la chose plus savoureuse, aucun personnage n’est manichéen, tous sèment le doute sur leurs intentions et leur sincérité. Mention spéciale à Steve Carell, qui confirme que les grands acteurs comiques sont souvent (toujours ?) de très grands acteurs dramatiques. Il est par moment réellement touchant, ce qui provoque une gêne certaine, un goût amer sur la langue, car à ce stade on ne sait pas ce qu’il a pu commettre. Mention spéciale également à Billy Crudup, parfait en jeune loup aux canines extra-longues. Peut-être le personnage le plus intéressant car insaisissable. Impossible de savoir où s’arrête la manipulation et d’où partent ses élans de sincérité, on devine un personnage prêt à tout pour parvenir à ses fins.
Nous sommes chez Apple, qui détient un catalogue de 65 millions de titres musicaux, faire une bande originale de haute volée était donc un jeu d’enfant : Kelly Clarkson, Harry Nilsson, Randy Newman, Luciano Pavarotti se succèdent et font écouter la série autant que la regarder.
Bref TMS (pour les intimes) lance à merveille le service Apple TV+ et a le mérite de se poser non seulement en divertissement, mais également en série militante et politique. Le débat soulevé il y a des décennies, et qui oppose l’impératif de l’audimat à celui de la rigueur journalistique dans les médias, semble toujours prégnant et tant qu’il n’aura pas été tranché, il n’y aura aucune série ou film de trop sur le sujet.