Les habitués connaissent la petite symphonie de Sorkin. Ces lignes de dialogues rythmées débitées sans temps mort comme autant de phrases musicales et ses thématiques politiques. Ces travelling interminables dans les coursives du pouvoir ou tous s'affairent à rendre le monde meilleur. Cette peinture typique de l'individu au caractère intègre et droit ou au contraire cynique et manipulateur. Une vision fantasmée et binaire de l'Amérique, ou chaque personnage doit choisir son camp. On s'y sent à l'aise, on sait facilement ou se situer, il y a peu de zones d'ombres. Toute la force de The West Wing résidait dans son casting absolument parfait, l'équilibre qu'il trouvait au fil des saisons entre l'évolution affective et professionnelle de ces nombreux caractères et la vulgarisation didactique mais intelligente de sujets complexes. C'était comme de suivre un Big Band Live. Le répertoire est connue, mais les partitions sont jouées différemment à chaque fois, avec quelques envolées fabuleuses.
Je ne retrouve rien de tout cela dans The Newsroom. Il ne reste finalement que les élans patriotiques et une montagne de raccourcis. C'est d'autant plus génant que chaque épisode aborde des évenements d'actualité réels récents. C'est bien sur toujours plaisant de voir les membres du Tea Party se faire étriller par le texte de Sorkin mais la réalité s'accomode mal du monde de Bisounours du showrunner. Et le casting n'arrange rien, Daniels s'en sort avec les honneurs mais les seconds rôles sont à la rue, transparents ou agacants. Mention spéciale à Sam Waterson, en totale roue libre, (cette prestation dans le premier épisode…).
J'arrete les frais au cinquième épisode, celui qui noit sous une tonne de guimauve et de bons sentiments la révolte populaire egyptienne et les évenements de la place Tahrir. La fin de cet épisode est confondant de niaiserie.