L'idéalisme sans illusions
Alors que la saison 2 de "The Newsroom" démarre sous les meilleurs auspices, je me suis revu la premier volet de cette série signée Aaron Sorkin, le showrunner magnifique qui nous avait déjà servi la savoureuse "Studio 60" et la mythique "The West Wing". Force m'est d'admettre que sa dernière création mérite un joli huit, tant les angles d'attaques sont minces pour cette série.
Commençons par les dits angles. Déjà et surtout, les fameuses romances niaiseuses dont Aaron Sorkin a le secret. Dans "The Newsroom" on a droit à une double dose, ça occupe trop de temps d'antenne. Non pas qu'un peu d'eau de rose soit intoxicante, mais ça pique rapidement les yeux.
Second angle d'attaque mais c'est également la force de la série. Son idéalisme. Aaron Sorkin rêve d'un monde où des gens intelligents ont conscience de l'influence qu'ils ont sur les masses et s'évertuent en conséquence à les tirer vers le haut. C'était déjà le cas dans "Studio 60", c'est encore plus criant avec un sujet tel que le sacro-saint JT. Là où "The Newsroom" tire son épingle du jeu, c'est qu'en suivant l'actualité réelle des états unis (pour la première saison l'année 2010), un fatalisme terrible s'abat sur la série. L'exemple le plus frappant réside dans les charges médiatiques de la fictive ACN sur le danger que représente le Tea Party plusieurs épisodes durant, son élection au congrès a bien lieu, les idéaux se teintent vite d'amertume fataliste...
La brillance du show repose sur plusieurs piliers. Son concept déjà, associer à chaque épisode un fait médiatique d'envergure de l'année 2010, découvrir les arbitrages menés par la rédaction, les recoupements d'informations litigieux, les improvisations de dernières minute, les débats éthiques... Et la sourde crainte de chute d'audience que personne ne peut ignorer.
Ses personnages ensuite, positifs malgré leurs fêlures, à moitié frappadingues, angoissés, dévoués, du directeur au nœud pape flamboyant (Sam Waterston, fabuleux acteur imbibé de bourbon) jusqu'à l'atypique présentatrice économique (Olivia Munn, histoire de rameuter du mâle, s'en sort plus que bien - que dis-je est fabuleuse dans son rôle de semi inapte sociale) en passant par le nerd obsédé par les complots internets et le mythe du Yéti (Dev Patel déboîte)... Avec au sommet un héros bonhomme et aiguisé à la fois, Will McAvoy, incarné par un Jeff Daniels en grande forme.
Son prêche ensuite. Le public qui regarde "The Newsroom" en France est déjà convaincu par le propos d'Aaron Sorkin, phénomène de niche oblige : l'information ne devrait pas être conditionnée par l'audimat et les annonceurs (sans oublier les pressions politiques) et tout le tintouin. Aux états-unis, le matraquage en règle par les critiques de son bébé renforce paradoxalement la véracité de son message. On ne se fait pas à ce point massacrer quand on loupe sa cible de trois kilomètres. Le diagnostic est établi, il n'y a plus qu'à se bouger dans les salles de JT (Et ça ne se limite pas aux US, loin de là).