Susanne Bier, scénariste et réalisatrice notamment de "brothers" film sombre sur la guerre Afghanistan et les conséquences sur une famille, modernise ici le livre de John LeCarré pour une histoire nettement moins dramatique et extrême.
Moins froid et austère que l'écriture de Lecarré avec quelques changements liés au personnage principal, et un démarrage lors du printemps arabe de 2011 pour des événements qui s'implantent dans notre réalité et mettre au jour un trafic d’armes, et qui fera un saut dans le temps en 2015 pour la suite de l'intrigue.
Tom Hiddleston est parfait dans le rôle de l’espion, Jonathan, ex-soldat devenu veilleur de nuit d'hôtels de luxe ; recruté par Angela Burr pour aider les renseignements anglais à coincer un homme d'affaire, joué par Hugh Laurie, tout en finesse, mettant en valeur le charme et le redoutable. Olivia Colman incarne Angela déterminée et en lutte avec sa hiérarchie, toujours aussi sobre et colle à son personnage, par un aspect bureaucratique suranné, en opposition, réussie, avec le terrain incarné par Jonathan.
Thriller intéressant qui offre sa dose de flegme britannique, par un Jonathan à sa place, une tension progressive, pour une narration révélant quelques aspects de l’espionnage, trahisons, corruption, appuis imprévus, et autres femmes fatales, sans oublier quelques affreux personnages qui complètent l'ensemble.
Les acteurs qui gravitent autour de l'enjeu de vente d'armes, sont bien brossés, sans excès et nous plongent dans une réalité, "prévisible", mais bien retranscrite, qui permet d'amoindrir les défauts d'une narration parfois trop facile.
On repère une actrice de série parfaite dans le rôle d'une bureaucrate corrompue, Katherine Kelly, qui se révèle assez captivante. Tobias Menzies parfait.
Une direction d'acteur efficace pour une ambiance trop romancée mais rythmée.
Susanne Bier, réussie à se sortir des sentiers battus des séries américaines optimisant une ambiance particulière sans scènes d'action répétitive. Des plans grandioses, des changements d'univers notamment du Caire ensoleillé à la Suisse enneigée qui contribuent à apporter une sensation de mouvement, mais qui n'est pas reprise sur la longueur. Les coupures sont moins nettes au fil des épisodes, pour nous offrir le soupçon d'exotisme toujours très plaisant, privilégiant plutôt une direction sur les personnages et la complexité de l'enquête mais qui maintient encore quelques paysages et belles couleurs.
Dommage, le veilleur de nuit disparait rapidement au profit de l'agent de terrain au détriment de cette ambiance hors du temps qui fait l'accroche du premier épisode.
Pour peu de rebondissements et des situations manquants de tension.
Une série qui s'annonçait donc excellente, mais qui possède aussi ses défauts plus criants - son romantisme avec notamment les scènes sans grand intérêt concernant le côté « séducteur à son insu » de Jonathan et ses sourires trop appuyés - une conquête qui meurt pour se retrouver avec la suivante, en oubliant rapidement la première, cause de tout ce ramdam...La vision cauchemardesque de l'assassinat de l'une est vite oubliée au profit de l'autre et de son corps longiligne clapotant allègrement dans l'eau...Le gros clin d'oeil à James Bond...
Reste une mise en scène parfaitement maîtrisée et qui suit son cours. Une photographie et des décors sublimes surtout dans le premier épisode. Plans, montage, lumière, décors, tout est impeccable, qui offrent à cette série à la fois un démarrage direct dans l'intrigue et un nombre d'épisodes suffisant pour ne pas en faire trop.