Alors que l'on pensait HBO sur une pente descendante suite à l'annulation de "Vinyl" après une seule saison, la chaîne câblée historique nous sort encore un joli lapin de son chapeau pour surprendre son monde : "The Night Of" ressemble dans son pitch à une enquête comme on en voit par dizaines au cinéma. Mais je n'ai pas envie d'en dire plus ici tant l'épisode pilote est franchement mené d'une main de maître en terme de suspense, je vous laisse découvrir ça. Disons simplement que tout l’intérêt de la série repose sur l'observation des failles du système judiciaire américain, avec toujours en filigrane une photographie de l'Amérique post 11 septembre, mais également sur l'évolution de chacun des personnages formant le triangle narratif de l'histoire : l'accusé, Nasir, jeune new-yorkais d'origine pakistanaise, terrifié et introverti au début, et qui va se transformer (physiquement et psychologiquement) lors de son passage derrière les barreaux jusqu'à faire douter le spectateur de son innocence. Jack Stone, avocat commis d'office habitué aux affaires minables, qui hérite d'un dossier qui le dépasse complètement et passera 8 épisodes à soigner un eczéma tenace entre deux audiences. Et enfin Bill Camp, inspecteur à l'approche de la retraite, taciturne et rigoureux, envahi par le doute au fur et à mesure de son enquête. "The Night Of" est une série sombre, lente (hé oui : en G.A.V. ou en salle d'audience, les minutes sont des heures), ou les silences sont volontairement longs pour mieux nous faire ressentir le poids qui pèse sur les épaules des différents protagonistes. Une vraie belle réussite.