La vie de cinéphile et de sériephile n'est pas aussi facile qu'on le croit, même si je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une passion d'acharné et d'une dureté sans précédent, il ne faut ne pas déconner non plus, il est tout de même compliqué de trouver le temps de voir tout ce qu'on aimerait voir. Si niveau film c'est moindre, c'est surtout du coté des séries que cela devient moins simple, en effet chaque année de nouvelles pépites ou merdouilles débarquent sur nos antennes, pour un passionné il est difficile de faire des choix, quoi regarder parmi tant de choses ? Du coup parfois on laisse passer une oeuvre qui aurait pu valoir plus que le coup d’œil, ainsi j'ai failli ne jamais voir des Oz, The Wire, ou encore plus récemment Bloodline, j'en passe... The Night Of elle aussi a failli me passer sous le pif et ç'aurait été une belle connerie !
Aux premiers abords j'ai de suite pensé à la mini série de David Simon Show me a hero, je ne sais pas, dans la réalisation, l'ultra réalisme ou encore la puissance de l'atmosphère, les deux show sont assez proches sur de nombreux points. Au delà de la comparaison passagère au finale, c'est ici sur une affaire de meurtre que l'on se penche, plus particulièrement sur l'homme sensé avoir commis ce meurtre, jeune pakistanais sans histoire qui après une soirée agitée va devoir être confronté à une nouvelle vie.
Derrière le projet, nous retrouvons Steven Zaillian, scénariste de films comme La Liste de Schindler, Gangs of New York, Le Stratège ou encore Millénium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Il est accompagné de Richard Price, scénariste de films peu marquants et de la série réputée The Wire.
Ils nous plonge dans un univers... oh j'peux même pas parler d'univers car c'est le notre, c'est d'une crédibilité à toute épreuve, c'est béton, c'est minutieux, tout comme la réalisation qui à chaque épisode nous propose des plans certes pour la plupart statiques mais d'une minutie renversante. La mise en scène suit le même chemin, riche, détaillée, intense, captivante, bouleversante également.
Je pourrais clamer haut et fort pendant encore plusieurs lignes les qualités et forces de cette pépite signée HBO (évidement). Comme la bande son peu présente mais incroyablement pesante, incroyablement forte. Ainsi je me souviens de la fin du premier épisode, ce plan sur le père de l'accusé en plein dans la ruelle devant chez lui, avec le thème principal qui se pose sur l'image et bam, cut au noir, bluffant.
Nombreuses sont les qualités donc, une des plus grandes est cela va de soi est le casting, Riz Ahmed que je n'avais jamais retenu avant, alors que je l'avais pourtant déjà vu dans We Are Four Lions et bien sur Nightcrawler. Un mec qui arrive à en imposer alors qu'il a un physique maigrelet et timide, son regard en dit beaucoup et sa prestation est hallucinante. John Turturro la double tête d'affiche dont le rôle devait être confié au regretté James Gandolfini puis à Robert DeNiro apporte tout son talent à ce personnage d'avocat sans grande ambition. Le reste du casting est tout aussi brillant, qu'il s'agisse de Michael K. Williams, Bill Camp, Amara Karan, Jeannie Berlin, Paul Sparks, Peyman Moaadi, Poorna Jagannathan et j'en passe des aussi bons.
Le show qui a eu du mal à se mettre sur pied et ce depuis 2012 déjà est enfin parvenu jusqu'à nous, sa puissance d'écriture et sa technique esthétique renversante en font la meilleure série de cette année 2016. Un nouveau drama marquant pour la chaîne à succès HBO en somme.