The OA a commencé en beauté. Jusqu'à l'épisode 4, j'étais enchantée par le jeu d'acteurs, l'esthétique de la série, le synopsis grave, les mystères soulevés.
Je trouvais cette série originale et magnétique. J'étais d'autant plus enthousiaste que je lui flairais l'intention de sonder la psychologie de Prairie et de ses acolytes en profondeur.
Puis les choses se sont peu à peu délitées quand l'action a commencé à gagner du terrain. Non que je ne souhaitais pas que cette série décolle, mais que la progression reste un tant soit peu terre à terre.
L'épisode 5 m'a énormément dérangée en raison de son mélange de temps morts et d'ellipses : la gestion du temps, quand elle est incohérente, me donne systématiquement le mal du voyage. Ni les ralentissements (musique, yeux fermés, atmosphères enfumées ; stase), ni les accélérations (découverte précipitée des gestes mystiques ; fulgurance) de cet épisode-là ne m'ont paru servir cette série à des fins positives.
Mes attentes se sont écrasées par terre au fil des épisodes restants.
Au lieu d'investir davantage la sphère psychologique pour mettre encore plus au jour la personnalité de Prairie/Ao, mais aussi celle de tous les autres, les réalisateurs ont truffé la série de faits qui m'ont semblé plus improbables les uns que les autres (je ne pense pas seulement à la dynamique ésotérique sur laquelle se concentrent les groupes, mais surtout à la survie des cinq protagonistes séquestrés par Hap).
J'aurais par ailleurs très certainement pu adhérer aux hypothèses formulées, à ces séances "dansantes" vaguement WTF, si seulement les choses avaient été développées avec le réalisme des errances auxquelles on peut s'attendre : recherche, avancées, reculades, parfaite plausibilité des difficultés rencontrées... Mais il y a trop de certitudes en dépit des questionnements. À mon sens, cette série perd en vraisemblance non pas (totalement) en raison de ses démonstrations fantasques, mais à cause de la promptitude avec laquelle elle nous les sert. Le fait est qu'on réussit rarement un gâteau quand on en pousse la cuisson de 140 à 260° à mi-parcours. Et j'ai trouvé la fin de The OA beaucoup trop braque et expédiée pour parvenir à digérer son scénario avec la moindre satisfaction.
Il faut dire que j'aurais peut-être apprécié que cette série ne fasse que prétendre flirter avec le fantastique pour explorer les confins de la folie,
Je suis convaincue que si 2e saison il y a, la vérité retenue ne sera pas celle-là (vous le voyez venir le coup du FBI qui a placé des livres à la hâte dans une boîte Amazon sous le lit d'Ao pour décrédibiliser son témoignage, étiqueté secret défense ?)
des croyances, de l'éveil qui peut résulter d'une solidarité à laquelle les plus solitaires/démunis ne sont pas accoutumés, etc.
Il y avait tant d'aspects à explorer, tant de potentiel dans ces 4 premiers épisodes et, au final, tellement d'éclat terni en cours de route... Comme je suis déçue !