J’ai regardé, bien trop tard (mais il n’est jamais trop tard, me direz-vous), cette série absolument magnifique qu’est « The OA » sur Netflix.
La saison 1 notamment (sur laquelle je me concentrerai ici, sans rien en révéler je vous rassure) est bien plus qu’une simple succession d’épisodes, c’est un long film qui se suffit à lui-même, et c’est sans doute l’un des plus beaux que j’ai pu voir à ce jour. En débutant son visionnage, je n’étais pas préparé à tant d’émotions et je suis heureux de pouvoir encore être aussi émerveillé face à une oeuvre d’une telle ampleur.
La série divise, on adore ou on déteste. Vous l’aurez compris, c’est un énorme coup de coeur pour ma part. Bien sûr, comme toute autre série, elle n’échappe pas à un certain formatage (mais c’est un autre débat), elle apporte malgré tout, à travers les libertés qu’elle prend dans son écriture, sa construction, dans le traitement du sujet, un vent de fraîcheur dont j’avais besoin, un « courant invisible », et l’exercice - périlleux - est magistralement réussi. Ça ne suffira pas, la série ayant été annulée après deux saisons.
Elle est donc courte et vous n’avez aucune excuse pour ne pas la regarder. Dans la lignée de Twin Peaks ou de The Leftovers, la série questionne notre Foi, au sens large du terme. Le personnage de Prairie Johnson nous raconte une histoire intime qu’il nous appartient de croire ou non.
« J’ai la volonté. Pouvez-vous la sentir ? »
Le final grandiose de la première saison - dont je ne dirai rien bien sûr pour ne pas spoiler les quelques âmes perdues (comme je l’ai été) qui ne l’auraient pas encore vu - nous rappelle une chose très importante que nous avons tous tendance à oublier : la vie est une Danse. Cette dernière nous ouvre les portes d’une autre dimension, mais laquelle ? Celle, symbolique, du coeur et de l’âme, de notre « moi invisible » auquel elle s’adresse directement et qu’elle réveille, transperçant ainsi les filtres opaques de la raison. À travers ses mouvements, et surtout lorsque nos croyances sont ébranlées, surtout face au pire, il est toujours possible - et essentiel - d’y percevoir l’Extraordinaire. À nous de l’incarner.
POUR ALLER PLUS LOIN…
(ATTENTION SPOILERS SPOILERS SPOILERS SPOILERS SPOILERS SPOILERS)
« Je peux vous aider à accomplir votre destinée, pas à la changer »
Dans le dernier épisode de cette première saison, l’OA comprend son rêve prémonitoire : où, quand, comment les choses vont se dérouler. Les mouvements génèrent le courant invisible qu’elle attendait tant, et c’est sans doute ce courant qui dévie le tir dans sa direction. Elle était enfermée dans une cage en verre, mais elle a avalé un oiseau entièrement, et les oiseaux sont faits pour voler. La balle a brisé la vitre derrière laquelle elle se tient, elle a brisé la cage qui la retenait captive. L’OA est maintenant libre et s’apprête à dériver vers une autre dimension dont elle ignore encore tout.
Mais elle n’est pas la seule à faire ce voyage. Une autre destination attend les cinq autres protagonistes sans qu’ils en aient conscience.
Face au danger immédiat auquel ils sont confrontés, face à la perspective de la mort, ils devraient s’enfuir ou se cacher. Au lieu de cela, ils accomplissent un véritable acte de foi : ils s’exposent, se mettent totalement à nu, se retrouvant ainsi en position de vulnérabilité totale. Ils pourraient être tué à chaque seconde, et pourtant, ils défient cette menace de la plus belle façon qui soit : en effectuant cette danse de l’Âme, en montrant qu’ils sont en vie et qu’ils comptent le rester, et par ce biais, ils se révèlent à eux-même.
Ils pénètrent une autre dimension : une dimension intérieure, celle de leur être profond, leur « inner self ». Cet Être, c’est celui avec lequel l’OA communique depuis le départ. Car c’est là son véritable pouvoir : parler directement au coeur.
Le cinquième mouvement, d’ailleurs - mouvement final - est celui qui achève le voyage, la transformation. En l’exécutant, les personnages changent leur regard, ils sont transfigurés. Les mains descendent du visage jusqu’au cœur, ce dernier reçoit le message. Il n’y a aucun retour arrière possible : ils sont devenus des personnes différentes au travers de ce combat.
Car oui, c’est un combat. Tels des super-héros, des sortes de bioman du monde réel - mais dont le pouvoir serait presque inconscient, pareil à une force invisible, une contemplation de cet Être enfoui - ils affrontent une menace qui ne sera jamais vraiment personnifiée. On ne connaitra pas l’identité ou le visage de l’ennemi, et c’est volontaire, cela signifie qu’il peut donc être n’importe qui… ou n’importe quoi, comme par exemple cette terrible rage qui possède Steve et dont il se libère enfin en se dressant face à elle. Les cinq protagonistes ont été choisis pour une raison précise : ils ont le courage de terrasser leurs propres démons.
Pourquoi cette série est-elle si forte ? Parce que nous, spectateurs, écoutons attentivement cette histoire qui nous est contée, que nous décidons de nous y impliquer, de Croire. Parce que nous effectuons, nous aussi, ce voyage symbolique. Un voyage sans retour possible.
https://m.youtube.com/watch?v=HeBpOOwQWtI