A nos corps dépendants
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« Kuchikamizake Trip ».
https://youtu.be/l7pVN8NQCZM
Cette musique enivrante (en lien) accompagne la scène clé du film, qui représente sans aucun doute un des plus beaux passages de cinéma que j’ai pu voir jusqu’à présent. (Il suffit d’ailleurs de lire les quelques commentaires laissés sur la vidéo pour constater que je ne suis pas le seul à le penser.)
« Your Name. » est une pure merveille, un chef d’œuvre du cinéma d’animation japonais dans lequel il faut se plonger aveuglément, sans trop en savoir pour ne pas gâcher l’expérience du premier visionnage et l’émoi que suscite cette histoire bouleversante aux codes multiples.
Chaque élément y est primordial pour la résolution de l’énigme, chaque indice y est subtilement distillé jusqu’à leur assemblage, et alors ce qui paraissait n’être qu’un détail prend tout son sens, servant un scénario formidablement écrit et habilement construit.
Il raconte le quotidien de deux adolescents : Mitsuha, jeune femme vivant dans un village de montagne au sein d’une famille traditionnelle, et Taki, garçon de Tokyo partagé entre ses amis et son travail. Pour une raison qu’ils ignorent, ils échangent régulièrement leur corps, et donc leur existences, à travers leur rêves.
Outre les situations cocasses qui découlent de ce phénomène, le film décrit une romance naissante, mais également bien plus.
Les thèmes abordés y sont nombreux : Makoto Shinkai parle d’abord de son pays, du paradoxe que celui-ci présente puisqu’il relie tradition ancestrale et extrême modernité, le Japon étant donc un personnage à part entière du film.
Mais il parle également des questionnements de l’adolescence et ses passions, notamment la passion amoureuse, il parle de l’importance de la transmission, du chemin vers le sacré, de la recherche divine, et par ce biais, de la quête qui mène à l’autre... et donc à soi-même (« la moitié d'elle » pense Taki avant que ne débute ce passage extraordinaire auquel je fais référence plus haut).
Le message principal, passé par l’intermédiaire des deux personnages principaux, est surtout celui du devoir de mémoire : à une époque à laquelle l’information file à toute vitesse, à laquelle un drame en remplace aussitôt un autre, s’effaçant tel un songe brumeux au fur et à mesure que le temps et la routine relancent leur puissante mécanique, le souvenir est la seule chose qui reste, et celui-ci tourne donc vite à l’obsession pour les deux protagonistes. Le nom de l’autre doit rester encré à tout prix. La réminiscence, elle, surgit à la vue d’un paysage, d’une question griffonnée sur un cahier, d’un visage, ou encore d’un fil de soie, porté au poignet en guise de talisman. Ainsi, le réalisateur évoque, d’une manière détournée, le traumatisme collectif qui découle du choc récent que l’archipel a connu.
Le tout est sublimé de bout en bout par la bande originale. Vous l’aurez compris : la musique a une place prédominante dans le film et participe fortement à l’émotion qu’il provoque.
« Your Name. » est un rêve étrange et déchirant, dont on se réveille totalement changé. Un rêve que, tout comme moi (en tout cas je l’espère), vous n’êtes pas prêts d’oublier.
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Créée
le 31 août 2018
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