Stephen King aime bien écrire la formation du groupe face au mal, et le comportement du groupe face au mal. Et comme d'hab ce qui est le plus intéressant, c'est pas forcément la confrontation finale, (même si là c'était bien bien cool!), mais c'est surtout le soin avec lequel Stephen King va s'attacher à décrire les différentes étapes.
Dans Ça, par exemple, on s'intéresse particulièrement, entre autres, à l'évolution du sentiment de groupe après une longue séparation.
Dans La Tour Sombre, c'est la capacité d'un homme a dépasser un lourd passé traumatisant, à en faire une force même, pour être capable de faire groupe de nouveau, voir éventuellement de fédérer.
Dans Doctor Sleep, de la même manière, c'est la nécessité à ne plus mettre à distance le shining. Au contraire, shine on again, crazy diamond, pour sentir ceux qui ont besoin de toi, et communiquer avec eux.
Ici (alors j'ai pas lu le bouquin donc je parle de la série) c'est la formation initiale du groupe qui est en jeu, qui est vraiment bien orchestrée, amenée, par l'intrigue qui s'étale là-dessus jusqu'à l'avant-dernier épisode. Sur une fausse piste de départ, un faux suspect, on crée entre les divers personnages de fausses rivalités, pour progressivement unir tout le monde autour d'un même mal, dont on comprend qu'il est simplement métamorphe ; qu'il est capable de prendre la forme respectivement des peurs de chacun dans le but de tétaniser, diviser... et en définitive et en dernière analyse (comme dirait Lordon) : se nourrir.
Partant de cette lecture, le rythme de la série est très singulier, extrêmement pertinent, et progressivement d'une lenteur flottante incroyable. On suit les divers personnages dans leur quête de compréhension, ainsi que dans leur quête d'accepter que tout n'est pas rationnel. On les suit dans cette tentative d'accepter une vérité qui n'est pas "le doute", à proprement parler, mais qui nécessite certainement pour certains de lâcher du lest, pour trouver les espaces de convergence et de résolution. Or le métamorphe, malin persécuteur, s'inspire du plus lourd des poids : le passé.
Une série de Richard Price, qui avait nottament fait The night of. L'histoire d'un pakistanais, accusé à tort pour le meurtre d'une jeune femme. On suivait toutes les problématiques qui peuvent se poser à un jeune homme en prison, ainsi que les phases de doute non seulement de l'avocat, mais bien les nôtres aussi. Sur un rythme qui mettait à l'épreuve quelque chose comme notre foi en l'humanité ; sauvée, in extremis, par le twist animalier ultime, l'apparition finale du chat sauvé.
The Outsider, comme The night of se fait d'abord passer pour un simple whodunit. Pour un simple questionnement : est-il coupable ou non ? Mais très vite on comprend, que l'homme ne comprendra rien, s'il se limite à cette question.
Comme le dit ce cher Roni à propos The night of, cette série est un brillant :
« faux « whodunit » tenant plus de l'étude mesurée de caractères dans leur environnement respectif—d'abord social, familial, puis se déployant ensuite à travers ceux policier, judiciaire, carcéral au fur et à mesure des situations et personnes rencontrées. »