Lorsque je suis tombée par hasard sur cette adaptation de Zola, je dois dire que j'étais très excitée. Au Bonheur des Dames est sans aucun doute l'un des romans qui m'a le plus marqué et je me souviens l'avoir littéralement dévoré à l'époque. Naturellement il s'agit ici d'une "adaptation"... Anglaise de surcroît.
Mais étant habituée aux excellentes séries de la BBC, c'est en essayant de ne pas avoir de préjugés que j'ai débuté mon visionnage.
Après une journée de pure boulimie qui m'a vue regarder l'intégralité des épisodes, me voici prête à vous parler de cette expérience. Esthétiquement parlant cette série est très réussie. Des décords superbes, des soieries et draperies étincelantes et dignes des descriptions pantagruelles de Zola... Cela partait plutôt bien. Néanmoins j'ai trouvé que cela manquait parfois un peu d'ambition et de démesure.
Venons-en maintenant aux acteurs : l'actrice jouant Denise est excellente dans son personnage et j'ai beaucoup aimé les rôles secondaires animant ce grand magasin, je les ai trouvé très attachants. Mes sentiments sont cependant plus contrastés envers les interprétations de John Moray et sa fiancée Katherine. Plutôt banal et plat en regard de sa muse, le premier commence légèrement à se révéler vers la fin. L'interprétation de Katherine est par contre relativement insipide, bien loin du caractère du personnage initial de Zola. Mais naturellement, si on en vient à comparer les deux cela commence à se gâter.
Le scénario maintenant. Il semble tenir la route mais la fin est juste... Incompréhensible. L'intrigue met du temps à se mettre en place puis d'un coup tout s'accélère jusqu'à déboucher sur une fin hâtive et qui manque de finitions. Là encore, bien malheureux seront ceux qui tenteront d'établir la comparaison avec l'œuvre source. En fait je vous le déconseille formellement, vous seriez horrifiés des libertés prises par les britanniques. Les écarts avec l'intrigue originelle sont tels que cela en change totalement les caractères des personnages et les impressions que l'on éprouve pour eux. La Denise de la BBC pourrait ainsi vous paraître plus facile à convaincre et son John bien curieux à tout d'un coup se découvrir amoureux. Les raccourcis effectués sont plutôt dommages et dommageables donc. Je trouve ainsi que l'histoire perd de sa profondeur, notamment pour le personnage de Denise qui, bien qu'interprété brillamment, est beaucoup moins torturé qu'il ne devrait l'être et voyez comme je reviens toujours à l'œuvre originale... Car si la Denise de Zola était orpheline avec un frère à charge et même pas capable de s'acheter des souliers décents, celle de la BBC est juste une jeune provinciale venant rejoindre un oncle célibataire et drapier. Naturellement cela s'explique en partie par la temporalité et le format. Zola plaçait sont intrigue sur un temps conséquent quand tout semble aller très vite avec cette adaptation. On peut donc comprendre la nécessité d'ajuster le tout pour la télé britannique.
En résumé je dirais que cette série est plutôt plaisante et agréable à regarder mais que les fans de Zola s'en arracheront les cheveux. Il faut donc véritablement prendre cette série pour ce qu'elle est : une vague interprétation s'inspirant d'un chef d'œuvre de la littérature française. Peut-être pas un "paradis" ou un "bonheur des dames" mais bien une série de la BBC comme on les aime : bien tournée, avec une touche d'humour et distractive.
ÉDIT : je viens de découvrir qu'il existe une saison 2 pour cette série. Je dois dire que je comprends mieux la fin abrupte. Par contre je vois mal comment ils vont tenir une intrigue de 8 épisodes. Cela m'intrigue beaucoup... À découvrir donc.