The Shield est une bombe, une claque immense et foutrement douloureuse comme on en prend rarement dans sa vie. Le genre d’œuvre qui nous fait dire « bordel, pourquoi j'ai pas regardé ça avant », mais aussi « bordel, que j'aimerai tout oublier pour revoir une nouvelle fois ».
Mesdames et messieurs, je vous présente The Shield, la série qui m'a fait douter de mon amour inconditionnel pour Breaking Bad. La série qui a bien failli se hisser, numéro une de mes séries préférées tant son visionnage fût un dépucelage des plus grandioses. Une série tellement dingue, qui prend tellement aux tripes, qu'elle est devenu ma série policière préférée devant The Wire, et ça, mes chers, ce n'est pas rien.
Car si je me réfère à moi-même (oui), The Wire est assurément la série la mieux écrite que j'ai pu voir. Une série qui, dans sa construction et son propos, arrive à maîtriser à la perfection l'écriture dans ses moindres détails. Et à mon sens... The Shield a battu The Wire.
Et pourtant, The Shield n'est pas mieux écrite que The Wire, les thématiques abordées sont moins nombreuses. Mais The Shield a quelque chose de singulier, c'est cette proximité avec son spectateur.
The Shield nous fait suivre tout du long le personnage de Vic Mackey, un personnage que l'on va apprendre à apprécier. Que ce soit grâce à son charisme absolu, sa brutalité jouissive face aux criminels et son côté fleur de peau quand il s'agit de la famille et des amis. Vic Mackey est un homme qu'il vaudrait mieux avoir de son côté. Drôle, fidèle à ses amis, mais aussi sournois, malin et parfois sadique quand il s'agit de ses ennemis.
Toute la mécanique de The Shield est donc de suivre ce personnage à deux facettes. On est d'abord séduit par son côté sympathique, et même s'il fait des choses assez cruelles dès le premier épisode (du genre, tuer un flic), la série arrive à nous le rendre attachant. On éprouve de la sympathie pour un véritable salaud, un salaud qu'on adore voir massacrer ses adversaires.
Et comment la série a réussi à me mettre du côté de Vic Mackey, et pas de ses adversaires qui finalement, ne cherchent qu'à rétablir justice ? Bah j'arrive pas encore à comprendre. Je me suis laissé avoir comme un bleu, j'ai adoré un personnage qui n'était rien de plus qu'un véritable criminel, froid, calculateur et extrêmement dangereux. C'est le genre de série qui demande plusieurs visionnages pour se rendre compte de toutes les subtilités. Un peu comme pour Breaking Bad, la première fois, on adore le personnage principal, même si on est conscient que c'est un connard, et au second visionnage, on prend quand même un peu plus de recul, et c'est le choc.
The Shield réussit donc l'exploit de rendre attachant une bande de flics ripoux tous plus corrompus les uns que les autres (à une exceptions près en la personne de Lem, qui est un peu plus droit que ses collègues). Mais à côté de ça, The Shield est une pure série policière avec très souvent, le format d'une enquête (ou deux) par épisode.
Et oui, The Shield ne s'attarde pas uniquement sur le personnage de Vic Mackey, la série est une plongée totale dans le milieu policier de Los Angeles, plus précisément dans le quartier fictif de Farmington. Ainsi, on peut également suivre le capitaine qui tente de devenir maire, différents enquêteurs comme Dutch et Claudette (Dutch, meilleur personnage), ou encore de simples policiers sur le terrain comme Danny et Julian. De ce fait, The Shield est également à prendre comme un regard sur la brutalité du job de policier dans un quartier submergé par la criminalité. On voit les personnages aussi bien sur le terrain, qu'au bercail (leur base) pour faire leurs paperasses ou les interrogatoires.
C'est pour ça que la série paraît si complète, c'est qu'une fois le visionnage terminé, on a l'impression d'avoir tout vu. Tout les types de casiers judiciaires, allant du flic corrompu au tueur en série pédophile en passant par des jeunes dealers.
Cependant, on pourra remarquer une certaine répétition dans la narration. C'est un problème de la série qu'on pourrait souligner et qui a gêné pas mal de personnes, à savoir la répétition assez fréquente des structures narratives. Très souvent, les épisodes suivent le même schéma narratif avec l'arrivé du dossier aux mains de tel flic, le terrain où on recueil différents témoignages, le passage à tabac dans la salle d'interrogatoire, et après, la révélation sur le meurtrier. Alors oui, il y a tout un tas de subtilités, ce qui permet à chaque épisode d'être unique à son façon, mais il faut soulever ce problème.
Ce qui m'a par contre, toujours plus dans chaque épisode, c'est la mise en scène de The Shield. La mise en scène est brutale et part constamment dans tout les sens, la caméra est portée à l'épaule et opère tout un tas de zoom, de mouvements brusques. Au risque de parfois rendre certaines images flous (ce qui donne je trouve, une véritable identité à la mise en scène), l'opérateur offre un travail dynamique mais pas moins précis et extrêmement réussi. Ça bouge, ça bouscule et ça réveil ! Au premier épisode, ça surprend un peu, on se demande si on va réussir à suivre la série avec une mise en scène aussi brutale et qui demande quand même une sacré attention, mais au fur et à mesure, on s'y habitue et on trouve ça juste exceptionnel. Quand on sort d'un épisode de The Shield, tout les autres films ou séries paraissent mous.
Alors voilà, The Shield c'est une putain de claque, avec une montée en puissance des plus folles, une tension de malade, des performances d'acteurs hallucinantes et un fond extrêmement complexe tout en offrant une série divertissante, violente, et surtout, foutrement marquante. Le genre de série à voir, revoir, encore et encore tant elle est prenante, et j'en suis déjà à regretter le bon vieux temps où le détective Vic Mackey éclatait la gueule des dealers avec ses potes Shane, Ronnie et Lem. Un indispensable pour tout bon fan de série policière, et même de série tout court.