Bonne surprise que ce projet en partie porté par Jessica Biel, dans le rôle titre et à la production. Un timbre de voix unique, un visage singulier, et de vrais talents d'actrice qui ont souvent dû être éclipsés par ses prouesses physiques. On a donc un peu le sentiment qu'elle a voulu prendre les choses en main pour s'offrir un rôle comme elle doit rarement en obtenir (même s'il peut faire penser à ce qu'elle montrait dans The Tall Man, de Pascal Laugier).
"Sometimes you just got to do it yourself", a-t-elle dit en parlant de sa décision d'être productrice déléguée.
Bonne initiative, pour un résultat à la hauteur. Mais la pauvre a sans doute pleuré pour les 10 ans à venir tout au long de ces 8 épisodes. Certes, par moments, on ne peut s'empêcher de se dire que cette jeune-fille de 22 ou 23 ans (dans les flash-backs) est drôlement musclée pour quelqu'un qui ne quitte jamais le cocon ultra oppressant de sa mère folle de Dieu. Mais c'est un détail, et qui plus est pas forcément objectif.
Côté casting, face à elle, Bill Pullman est excellent, avec ses petits yeux malicieux et son sourire en coin entre gêne et tristesse.
Christopher Abbott, dans le rôle de son époux (celui de Jessica, pas de Bill), essaie difficilement de ne pas trop ressembler à Kit 'John Snow' Harrington.
Nadia Alexander, dans le rôle de sa sœur, est sans doute l'une des révélations de la série.
Et Jacob Pitts joue tellement bien le connard qu'il parvient (presque) à nous faire oublier qu'il est le sosie de David Spade.
Tous ces personnages vont se croiser (ou pas) dans une intrigue a priori simple qui va s'étaler sur 8 épisodes de 40 minutes. Heureusement, comme l'intrigue, ils vont tous gagner en épaisseur et en intérêt, alors qu'à la vision des deux premiers épisodes, ce n'était pas gagné.
On est de plus en plus captivé, et les deux derniers épisodes offrent une résolution à la hauteur des attentes : à la fois simple et surprenante, en évitant de sombrer dans l'improbable. Le spectateur détective aura deviné certains éléments mais sera sans doute satisfait par les quelques subtilités supplémentaires.
Bien sûr, la série n'est pas exempte de défauts. Elle est moins verbeuse que True Detective et son histoire est plus intéressante, et bien plus fouillée. Mais elle souffre du même syndrome de rétention que tant de séries aujourd'hui : ici, le spectateur et les personnages sont complètement à la merci du scénariste, qui peut choisir de lever quand il le souhaite le voile d'amnésie qui recouvre la mémoire de Jessica. On ne peut s'empêcher de penser que la série aurait été parfaite si elle avait été deux fois moins longue. En mode binge-watching, ça passe très bien, mais certains épisodes tirent un peu trop à la ligne pour être honnêtes.
Difficile aussi de ne pas s'énerver devant les personnages secondaires qui ne semblent exister que pour mettre des bâtons dans les roues du pauvre Bill, qui s'implique corps et âme dans son enquête.
Heureusement que l'émotion est là pour contrebalancer ces quelques scories.