S'il y a bien un métier qui désormais relève de l'arnaque pure et simple, ce doit être celui de traducteur de titres de séries américaines... Enfin, voilà encore une mini-série très susceptible d'écorchage par les appareils phonatoires français, mais, au moins, celle-ci va au bout de l'absurdité et assume pleinement son statut de grenouille qui lorgnerait, par le prestige de son casting, du côté du bœuf. Tout est à l'avenant de ce titre en anglais qui cache une indigence dramatique du côté du contenu. Deux aspects se détachent pathétiquement dans cette vaste blague : le premier, c'est une réalisation vraiment minable. Parfois, cela semble lié au manque de moyens, comme toutes ces scènes dans lesquels les mouvements de caméra et les très gros plans ne parviennent pas à masquer l'absence cruelle de décor ou de figurants. Du coup, Jude Law fait mine de se noyer dans une flaque d'eau pendant un bon quart d'heure, tandis que la caméra nage la brasse coulée autour de lui, en tentant d'éviter au maximum mais en vain qu'on soupçonne qu'il a pied dans une eau aussi calme qu'une motte de beurre qu'on aurait oubliée au soleil. Pour être tout à fait exacte, les trois premiers épisodes se résument fondamentalement à cette ruse bon marché, et on y a laaaargement le temps de se lasser des mimiques abasourdies dudit Jude Law, qui ne fait que regarder autour de lui avec l'air de celui qui s'est assommé dans le chambranle de la porte en quittant sa salle de bain le matin. Autant dire que c'est lassant, mais lassant... Et ça, c'est avant même qu'une toute nouvelle protagoniste ne débarque avec ses filles sur l'île maléfique, apportant avec elle l'espoir vite frustré que l'intrigue va se renouveler un peu. On fait le deuil de cette perspective de rêve très vite, parce qu'elle met un épisode entier à arriver. Plan un, elle arrive, plan final, elle est arrivée, après avoir erré pas mal sur le petit territoire isolé et truffé de maisons vides ou de bois déserts. Pal-pi-tant. Le deuxième aspect susceptible d'attiser l'animosité du spectateur, c'est la prétention d'un scénario qui mise sur le malaise et ne parvient qu'à provoquer un ennui plein de rancune. On l'aura compris dès le premier épisode, il se passe des trucs louches sur l'île. Ou le personnage principal ne va pas très bien. Et vas-y qu'on oscille entre les deux dans un mouvement de pendule qui finit par écœurer parce qu'on sait très bien qu'à aucun moment on ne pourra trancher, que c'est tout le truc, et qu'on en a marre depuis 5 épisodes et demi. Bref, le dernier générique marque un soulagement plein de promesses tant on pense déjà depuis un moment à la prochaine série qu'on va attaquer, gonflé à bloc par l'exaspération de cet objet creux et bouffi qui vient de nous monopoliser 6 soirées qu'on aurait pu consacrer à trouver une solution à la faim dans le monde. Remarquez, on pourrait toujours l'utiliser comme punition dans les prisons, pour contraindre les renégats à reconsidérer le sens de leur vie, ou dans les centre de rééducation pour motiver les éclopés à hâter leur sortie...