J'aurais eu au moins deux excellentes raisons de boycotter cette courte série américaine : un titre déplorable, qu'on a eu le mauvais goût de garder pour le public français - ça m'exaspère de plus en plus, je ne m'habitue pas, je vois arriver la fin de mes jours comme une sorte d'apocalypse linguistique taillée sur mesure pour me rendre dingue... - et que j'aimerais de toute façon bien qu'on m'explique dans sa version anglaise, parce qu'il fait référence à l'avant-dernière phase d'un scénario à rebondissements, et que ça non plus, ça n'a rien de logique. Le second repoussoir, c'est le masque facial en plastoque de Mme Kidman, qui a trouvé opportun de se coller la figure de ses 20 ans sur sa tête actuelle et de se choisir un rôle où l'expressivité devrait occuper une place centrale. Total, on la regarde tirer désespérément sur ses coutures pour faire passer à l'écran ses démêlés intérieurs, et on s'attend à entendre couiner le latex quand on devrait s'émouvoir des déchirements de cette pauvre femme à qui il arrive un chapelet de tuiles. J'avoue, j'ai même éclaté de rire à contre-temps en raison de ce comique de situation bien involontaire dans une scène de révélation dramatique qui lui fait tenter d'écarquiller les yeux, c'est gênant. A bien y réfléchir, j'aurais même pu zapper cette histoire de ricains friqués avec leurs problèmes caricaturaux et infantiles, mais on a bien compris, depuis Dallas, que les enjeux financiers des riches fascinent davantage que les fins de mois difficiles des pauvres, ça a beau être très, très injuste, on est habitués comme ça. Avec tout ça, ça aurait quand même été un peu dommage de claquer la porte de cette histoire avant le dernier épisode, où Hugh Grant finit par remporter la mise, dans un numéro inhabituel pour lui, dont, évidemment, je ne peux rien dire. Après, l'un dans l'autre, il faut admettre qu'on ne tient pas là le suspense du siècle; tous ces personnages ont un petit côté toc qui peut irriter férocement, quand on a pas pensé à débrancher la clim' mentale avant de se laisser choir dans son canapé après une journée bien démoralisante au boulot... Les problèmes télévisuels des riches ont cette vertu universelle qu'ils nous anesthésient parfaitement.