Je fais cette critique en écho à celle de Should-Anything, qu'il ou elle a publié après avoir visionné les 2 premiers épisodes.
Au delà de savoir qui est la victime, et justement au travers de cette interrogation qui constitue le fil narratif de la série, il me semble que la question posée est de savoir ce que ça veut dire être victime, et surtout victime de quoi ? Dans la série, les protagonistes principaux sont surtout les victimes d'eux-mêmes ; l'une est victime de sa douleur qu'elle a transformé en une rage vengeresse qui fait surtout du mal à ceux qui sont le plus proches d'elle, et je ne peux définir de quoi sont victimes les deux autres personnages principaux sans divulgacher, mais ça tourne autour de la dissimulation et de la soif aveugle et inappropriée de réparation d'une injustice, dans les deux cas au détriment de ceux qui les exercent.
Le parti-pris de départ est en tout cas intéressant : mettre la "victime" emblématique, une mère dont l'enfant a été sauvagement assassiné, dans la peau d'un prévenu jugé pour un crime justement à partir de son obsession à se définir "victime" (et non pas comme dans le cas de la terrible et lamentable affaire du petit Grégory où la mère de garçonnet fut un temps accusée d'être l'auteure d'un infanticide sur la fois d'une instruction un peu bancale) . Ça me rappelle une autre affaire française tragique, celle de la Motte du Caire, où la douleur des parents de l'enfant assassinée les faisait réclamer, avec force violences et en dépit du bon sens, la condamnation d'un suspect dont plusieurs éléments de l'enquête attestaient qu'il ne pouvait pas être coupable (et qui fut acquitté).
A cet égard, la scène entre la présidente du tribunal et l'accusée, où alors que la seconde affirme qu'elle réclame vengeance pour la mort de son enfant, la première rétorque qu'un tribunal n'est pas une tribune, que son rôle se borne à établir la vérité des faits au regard de la loi qui régit la société et que le statut de "victime" ne donne pas le droit d'outrepasser la loi commune, est exemplaire.
J'étais assez réservé sur le "twist" final (que je sentais venir), mais la manière dont il a été traité est plutôt satisfaisante.
En tout cas, cette mini-série remue. Il n'est pas confortable de devoir se désolidariser d'une "victime" aussi apparemment incontestable que la mère d'un enfant assassiné, mais l'actrice et le scénario nous y aident en ne la rendant jamais haïssable ou insupportable. Et il n'est pas non plus facile d'éprouver de la compassion pour un personnage qui cache manifestement un secret, possiblement inavouable, mais là encore, la série y réussit.