Les britanniques n’ont pu s’interdire de faire le rapprochement entre cette mini-série et l’affaire immonde du petit James Bulger, en 1993, qui avait été torturé et assassiné par deux gamins de 10 ans.
C’est inévitable, peut être, mais il faut avouer, quand même, que la série n’a rien à voir avec cette sordide affaire, si ce n’est qu’il s’agit d’un jeune, qui avait 13 ans à l’époque, qui a tué un enfant.
Pour James Bulger, il s’agissait d’un crime ignoble, innommable et atrocement barbare. Pour ceux qui ont suivi l’affaire, à l’époque, les deux gamins tortionnaires ont entamé, avec ce petit bout de 2 ans, une marche de plus de trois kilomètres, ponctuée de coups, de violences sur le petit James qui, terrifié, le visage en sang, avaient croisé 38 témoins, sans qu’aucun n’intervienne.
Leur nom ont été changés depuis. En 2010 toutefois l’un des deux refaisait la une des tabloïds qui indiquaient : Tortionnaire à 10 ans, libéré à 18 ans, ré-arrêté à 27 ans.
Dans ”The Victim”, nous sommes loin d’une telle situation.
L’histoire est celle d’une femme dont l’enfant a été assassiné. Elle ne parvient pas à faire son deuil, ce qui est fort compréhensible, même si elle en fait subir à sa famille des répercussions négatives. Elle veut surtout, en plus, que l’assassin ne puisse pas mener une existence sans souffrance. Elle pense l'avoir reconnu et veut que tout le monde sache "qu'il est un monstre".
Je ne veux en aucun cas, bien évidemment, minimiser l’acte et le rendre excusable mais ça n’a rien à voir avec de la barbarie. Le responsable fut condamné pour homicide involontaire et étant mineur, le procès a eu lieu en huis clos.
La série vise surtout à nous montrer et à ”explorer” les thématiques de la vengeance, du pardon, et de ce que peuvent entrainer, comme drames, les réseaux sociaux.
Se venger n’est pas juger, mais répondre à une souffrance par la souffrance. C’est bien ce que veut la mère de cet enfant assassiné qui ne veut qu’une chose : rendre le mal pour le mal.
La vengeance est un comportement réactionnel puisant dans l’émotion. On le voit tous les jours dans les commentaires suite à des affaires criminelles.
La question posée est surtout la suivante : ”un assassin qui a payé sa dette à la société (en ayant fait des années de prison) doit-il la payer toute sa vie” ? Pour certains, leur réponse est lapidaire et sans appel : Il n’a plus le droit de vivre. Certains en profitent, à chaque fois (en France), pour clamer le retour souhaité de la peine de mort, comme si la peine de mort avait tué des centaines d’assassins. Pour eux, les mettre en prison, c’est leur faire un cadeau.
Dans ”The Victim”, le réalisateur a voulu explorer la difficulté du pardon, la place de la justice dans notre société, la perception de la vérité (ou ce qu’on croit être vrai ?...) Comment peut t’on s’approcher de la vérité et lutter contre les jugements lapidaires souvent colportés par les réseaux sociaux.
Cette mini-série pose des questions fort intéressantes.
La fin est magistrale dans la mesure où cette femme comprend qu’elle a ruiné la vie de celui qu’elle considèrait comme à abattre et qui est, finalement, en souffrance lui aussi, autant même que ce qu’elle peut l’être.