La Grande Guerre, vu de l'extérieur
The Village, c'est l'histoire de deux familles, une paysanne au père bourru joué par John Simms, une aristocrate qui va traverser la grande guerre, avec ses pertes et ses fracas.
L'intrigue va utiliser la progression du conflit et ses conséquences pour donner du cadre à chacun des épisodes, évitant un sentiment d'enlisement qui peut toucher certains shows historiques. Chaque épisode décrit avec pas mal de précision les souffrances et les espoirs déçus d'un monde rural où la bourgeoisie étincelante se heurte à la lutte des classes.
Sur ce point, The Village est une réussite, avec des décors somptueux, une réalisation léchée et des acteurs impeccables qui portent certaines scènes terriblement poignantes. On se sent immergé, voire parfois submergé, dans un univers si familier, celui des premiers instants de l'histoire du XX siècle, où la patriotisme va vaciller devant les horreurs de la guerre.
The Village est un bel hommage à ceux qui se sont battus pour... pour une lutte de pouvoirs inconsciente du pouvoir de destruction de la guerre moderne. Dans une ambiance sombre et terne, le monde perd ses illusions et se confronte au réalisme et à la colère d'un combat purement gratuit, délire absurde d'une bande de généraux grotesques en quête de gloire.
Mais si l'idée de départ est bonne, si le message est d'une grande justesse, la forme laisse vraiment à désirer avec des raccourcis scénaristiques à la pelle, tous plus agaçant les uns que les autres. L'équilibrage entre les deux récits est une catastrophe, la partie aristocratique souffrant d'un désintérêt clair des auteurs. Trop conscient de son incapacité à faire naître des émotions avec les privilégiés, Moffat les traite comme des éléments de remplissage peu mis en valeur.
On s'agace autant qu'on s'émeut devant une construction qui privilégie les jolies séquences à une construction crédible, donnant lieu à pas mal de scènes gratuites. Ainsi, le méchant instituteur n'est jamais approfondi, l'objecteur de conscience n'est qu'un pion que le scénariste place là, histoire de couvrir tout le champ du possible. Le Village manque de vie, de liant, de ce tissu social qui ne transparaît que lors d'un final réussi, mais encore une fois inutilement larmoyant.