No brain, no pain
Le zombie est une créature déclinée à toutes les sauces et sur tous les supports. Pourtant la mythologie utilisée dévie finalement très peu des oeuvres fondatrices : des balles dans la tête, de...
le 2 févr. 2011
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Préambulle (haha): Je suis un fou de zomblard, je kiffe le zomblard, en noir et blanc, en couleurs, en carbonade, bolognaise, et même, je demande à ma copine de... hem, enfin, on s'comprend, n'est-ce pas? Bref, je m'étais décidé à redonner à cette série sa chance, après avoir été préalablement déçu par la première saison, que j'avais regardée après avoir englouti les premiers volumes de la BD. Je l'avais ainsi trouvée incroyablement molle en comparaison du papier. C'est pourquoi, des années plus tard, avec un cardio amélioré, je l'ai lancée sur Netflix pour la binger en intégralité. Le souvenir de la BD (dont j'avais interrompu la lecture alors que le Gouverneur était encore vivant, et sur laquelle je ne m'étais même pas renseigné, de sorte que je pensais que Negan était une création pour la série) était suffisamment loin pour ne plus être un point de comparaison.
Un Z sérieux (comme, finalement, plus ou moins tout post-apo), c'est l'occasion d'explorer les comportements individuels et collectifs dans des conditons post-effondrement, où aucun état n'est plus en mesure d'assurer sécurité, justice, santé, éducation etc. Et, il faut bien admettre que c'est bien ce que fait TWD. En fait, et c'est là que le bât blesse, c'est que TWD ne fait que cela pendant 11 saisons. Pire encore, une vision macro de l'ensemble met en évidence que si diverses péripéties propres au contexte post-apo (quête de médicaments, d'une technologie avancée trouvée dans un satellite miraculeusement presque intact) popent ici et là, la série semble surtout s'employer à confronter notre groupe de survivants à d'autres groupes, voués à leur destruction, et dont l'hotilité et la vilénie vont croissant. Pour palpitant (et parfois tétanisant) que puisse être un tel choix, il n'en demeure pas moins limité et limitant. En effet, des études ont démontré qu'en cas de catastrophe, si les bandes de pillards sont inévitables, dans l'ensemble, les survivants ont tendance à organiser spontanément de la solidarité. Dès lors, le postulat de groupes (au passage, organisés autour de leaders charismatiques et articulés sur un endoctrinement, donc, au final, sectaires) forcément hostiles et voués à détruire les autres me laisse dubitatif. Et, surtout, au final, ça lasse, car ça n'est qu'une recette.
L'hôpital, le gouverneur, les sauveurs, les chuchoteurs, tous marquent une gradation dans la violence et l'obstination marquée à asservir ou détruire nos survivants préférés, recourant aux procédés les plus nauséeux. Alors, on se retranche derrière des palissades en bois, dans des maisons en bois, on se déplace en carriole: TWD n'est ainsi ni un "what if" romérien (et pas romehrien, hein), ni un commentaire sur notre monde, mais juste un jeu de massacre sadique entre tribus, ou plutôt, entre nos cow-boys civilisés, et d'obscurs groupuscules, sectes... On retrouve, au final, bien trop des fantasmes du survivalisme US post-Mad Max, des questions de pouvoir, d'armes, de camps retranchés, de groupes diversement armés.
Et les morts, dans tout ça, me direz-vous? Eh bien, de menace majeure à la saison 1, ils deviennent une partie du décor, dangereuse, mais facile à gérer, moyennant un peu de prudence et une lame qui s'enfonce dans leur boîte crânienne comme dans du beurre. Sérieux, vousles avez vus enfoncer leur lames dans les têtes? Vous savez que c'est plusieurs centimètres d'os???? Plus encore qu'éléments de décor, ils deviennent des unités de supplétifs dans les affrontements entre vivants: on jette des macchabées sur les gens d'en face... ou on en crée directement chez eux. Le fait que, d'ailleurs, les Z devinnent au fil du temps une masse indistincte de figurants avec un masque et des sapes grisâtres montre que les showrunners n'en ont plus rien à foutre des morts, qu'ils ne sont véritablement plus qu'un moyen pour faire évoluer leurs personnages comme ils évolueraient sur un avant-poste martien ou sur une île déserte du Pacifique. C'est là le reproche majeur que je ferai à TWD: au cours du temps, le caractère Z de cette série finit par n'être plus que superficiel.
Alors, évidemment, la série a des atouts, notamment une réalisation impec, surtout sur la première saison, des persos charismatiques (faut-il évoquer Daryl?), une narration bien foutue, et quand même, une thématique fédératrice pour les adorateurs de chair pas fraîche. Pis des acteurs sympas (Jeffrey Dean Morgan, toujours aussi bon... comédien!). Bref, ça n'est pas mauvais!
Mais, en cédant au piège de la recette pour tenir le spectateur en haleine, TWD est donc loin d'être la révolution que j'espérais, finissant par se désintéresser de son sujet qui, seul, promettait de la démarquer du reste de la production. La série ne tient pas ses promesses, et c'est tout.
A l'heure actuelle, j'avoue ne pas savoir ce qui se passe dans la BD au delà des volume que j'ai lus (je crois me rappeler que Rick se fait couper un aileron par le gouverneur, c'est tout), et c'est pourquoi cet avis ne peut en aucun cas être extrapolé au papier; çe ne vaut que pour la télé.
Créée
le 11 déc. 2023
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