Saison 1 :
Quelle drôle d'idée d'utiliser la France (Marseille, Angers, Paris, le Mont Saint Michel...) comme décor pour l'aventure "solo" de Daryl, le meilleur personnage - le seul sauvable finalement - de la plutôt mauvaise mais incroyablement populaire série Walking Dead ! Un coup de l'office de tourisme français ? Une grosse envie de fromages et de vins chez les producteurs US ? Le résultat improbable d'une nuit de boissons et de drogues chez Paramount+ ? Bon, après tout, pourquoi pas ? La Défense en décrépitude, c'est joli à voir, et le Mont Saint Michel, c'est quand même un bel endroit. Et puis ça permet de donner à Clémentine Poésy, une actrice plutôt intéressante, un beau rôle international (son premier depuis Harry Potter, il y a... très longtemps !).
Après, comme on peut s'y attendre dans une production US "cheap", les clichés sur la France se ramassent à la pelle, le pire étant les fêtes orgiaques continuant à se dérouler la nuit dans un Paris dévasté. Le contresens le plus absurde est de faire de la France un pays où la religion catholique traditionnelle reste aussi prépondérante que sa contrepartie protestante aux USA : ça tient plus de l'uchronie, cette histoire, que du déplacement géographique !
En parlant de géographie, il est évidemment difficile d'admettre ces déplacements à toute allure à travers des centaines de kilomètres de routes dévastées, et aussi cette topographie de Paris vraiment trop fantaisiste. Même c'est quand même le menu habituel dans n'importe quel film US se passant hors du territoire national... Sans parler, évidemment, du pourcentage de Français de tous âges, survivants de l'apocalypse, parlant anglais...
Sinon, Norman Reedus a l'air de se faire un peu suer durant toute cette affaire, on imagine qu'il est impatient de retrouver le bar à la fin de la journée pour une petite dégustation de vins ou d'alcools locaux. Et puis on voit quand même très peu de zombies dans Daryl Dixon, même s'il reste heureusement une pair de scènes bien "gore" pour se réveiller quand on s'ennuie un peu trop.
Quant à la raison pour laquelle Daryl est en France, et cette sombre machination d'une organisation française descendante du FN / RN, en un plus scientifique quand même, avec une Marine Le Pen brune aux commandes, on ne peut pas dire que ça fasse beaucoup de sens.
[Critique écrite en 2024]
Saison 2 :
La deuxième saison de Walking Dead : Daryl Dixon est baptisée The Book of Carol, avec l’objectif avoué de réunir cette fois les inconditionnels de Carol et Daryl (mais y en a-t-il vraiment ? On imagine que les Marketeurs de la série ont fait une étude de marché sérieuse avant d’investir sur ce sujet). On voit cette fois ce qui n’était pas montré pour Daryl, c’est-à-dire les motifs et conditions du voyage de Carol : on ricanera inévitablement devant ce périple incroyablement facile d’un petit coucou entre la côte Est des USA et Paris, avec juste un arrêt au Groenland, malheureusement peuplé de survivantes moins que fiables, avant un atterrissage sur la piste d’un hippodrome campagnard situé à quelques kilomètres de l’Arche de la Défense. Comme pour la première saison, les déplacements des protagonistes et antagonistes entre Paris et le Mont Saint-Michel sont invraisemblablement faciles, sans même mentionner la manière dont les personnages se retrouvent et se rencontrent par hasard à chaque épisode !
Si sur le plan narratif, on patauge tout autant, voire plus encore que dans la première saison, c’est sur le plan émotionnel que la saison marque des points. La réapparition de Melissa McBride dans le rôle de Carol ajoute une profondeur inédite à une série qui en manquait : la guerrière solitaire est tourmentée par ses propres démons (matérialisés dans la dernière scène du sixième et dernier épisode de la saison, Au revoir les enfants), et n’hésite pas à manipuler pour atteindre son objectif d’aller en France pour retrouver Daryl. Une évolution du personnage qui rappellera les débuts de Walking Dead, lorsque la nécessité de survivre forçait chaque personnage à transiger avec ses principes moraux ou éthiques… Symétriquement, Daryl développe clairement cette fois son attachement envers Laurent et surtout Isabelle : cela fait longtemps que la chaleur humaine, voire l’émotion ne s’est pas aussi clairement invitée à la « fête des zombies » ! On notera ainsi la belle réussite de la scène de l’interprétation sur une guitare désaccordée du You Can’t Always Get What You Want des Stones : le meilleur moment des 12 épisodes à date !
Il reste que le manque de résolution, voire même d’évolution de plusieurs sujets (la raison pour laquelle Daryl est venu en France, les recherches scientifiques pour créer des super-zombies, les caractéristiques peu ordinaires des « brûlants », etc.) donne le sentiment que les scénaristes avancent au hasard dans leur écriture, sans avoir la moindre idée de comment répondre à certains défis qu’ils se sont eux mêmes lancés.
On se retrouve donc à la fin de la seconde saison avec une seule perspective claire : la troisième saison se déroulera à Londres, sans doute pour continuer le tourisme post-apo de nos survivants US. Même si tout le monde a déjà été averti par un protagoniste : la bouffe y est dégueulasse !
[Critique écrite en 2024]
https://www.benzinemag.net/2024/11/09/paramount-daryl-dixon-saisons-1-et-2-tourisme-post-apo/