La maison hantée par des vivants.

The Watcher est une série Netflix composée d'une saison de 7 épisodes. La saison 2 annoncée n'a jamais vu le jour.

Les Brannock (Bobby Cannavale et Naomi Watts) un couple de New-Yorkais bobo en nuances de beige et leurs deux enfants, fatigués par la violence et la misère environnante de la ville qui ne dort jamais, s'installent dans une nouvelle maison immense et de toute beauté qui correspond à la maison de leurs rêves à Westfield dans le New-Jersey, censée être la banlieue chic la plus tranquille et sécurisée. Pour ce fantasme de tranquillité et de sécurité, ils ont déboursé plus de 3 millions, dépassant leur budget initial en y risquant leurs économies et même leur retraite.

Très vite après l’emménagement, les premiers échanges avec le voisinage leurs font comprendre qu'ils sont en territoire hostile. Cela sans compter des lettres anonymes malveillantes qui amorcent pour le couple une descente aux enfers énigmatique à travers laquelle tout l'entourage singulier et malveillant sera suspecté.

La bande son est bien choisie et il y a un vrai travail de sound design qui sert très bien les différentes ambiances de la série.

La performance de Bobby Cannavale est un pilier de la série, il passe par toutes les émotions et tous les états, de la force tranquille et virile au désespoir alcoolisé et larmoyant, de la joie protectrice à la colère dévastatrice, du succès à la folie... Il nous embarque avec lui dans son cauchemar.

Il est intéressant de constater que dans l'épisode 1, la première personne qu'on voit dans la maison, observant par la fenêtre à l'étage, c'est l'homme qui sera le plus gros suspect de toute l'histoire mais aussi l'une des plus grosses victime du Watcher, jusqu'à perdre la raison. Pourtant on a le temps de l'oublier avant qu'on puisse l'identifier réellement et que le personnage entre en scène dans le déroulé des événements. D'une certaine manière, ces personnes présentes dans la maison lors de la visite du premier épisode ne l'ont jamais vraiment quittée, conservant à travers les intrusions répétées dans la vie du couple une présence angoissante et fantomatique au sein de la maison tant convoitée. De même, la première phrase de Jasper le frère simplet de Pearl "Le squelette d'un bébé a 100 os de plus que celui d'un adulte" raisonnera plus tard avec la théorie du sacrifice d'enfants en bande organisée.

La tête de Mia Farrow dans la peau de Pearl avec ses couettes et son regard perçant à travers ses lunettes en cul de bouteille n'a pas manqué de me donner des sueurs froides.

On saluera aussi la performance de Jennifer Coolidge dans le rôle de Karen, l'amie qui ne vous veut pas que du bien. Je reste un peu sur ma faim concernant l'histoire de ce personnage. La piste de sa société immobilière reste inexploitée (qui aurait pu être le précédent propriétaire de la maison) n'aboutit pas et l'enquête de la détective ( pas très efficace ni très pro) ne va jamais dans ce sens.

Chaque épisode vous tient en haleine, mais au bout d'un moment on tourne en rond. Le suspense est bien présent et monte crescendo, mais il n'y a jamais d'apothéose. Cette série aurait pu être un 10/10 avec un plus grand effort scénaristique, en particulier pour le dernier épisode. Inspirée d'une histoire vraie, l'affaire n'a jamais été élucidé dans la réalité, mais c'est justement le rôle de la fiction, de dépasser la réalité.