The young pope (Musique)
Longue fût ma réflexion pour lancer cette série !
Je pose les bases : je ne suis pas forcément fan de Jude Law et suis complétement hermétique à toute religion. Du coup, regarder une série qui parle du pape et de tout son crew ne constitue pas d’emblée une priorité, ET POURTANT quel pied !
Pourquoi l’ai-je commencé alors ? A cause de (ou du coup grâce à) Paolo Sorrentino, totalement inconnu de mon répertoire cinématographique jusqu'à ce que je tombe sur La grande belleza qui m'a mis littéralement une claque. Aussi lent que beau, si vous n'aimez pas le style Sorrentino il est clair que cette série est pas faite pour vous : pas de retournement de situation, pas de course poursuite, pas de parc d'attraction en mode western, ici on parlera de soutane et de conclave.
Mr Sorrentino ne se cache pas qu'il est fasciné par le Vatican et même par la religion en général. La grande Belleza n'était que les prémisses de The young pope, un tremplin avant de s'accorder + de profondeur et de temps pour sa nouvelle œuvre. Difficile de ne pas repenser à la scène avec mère Teresa qui rampe sur un escalier interminable sous une musique digne d'un film de Malick, une scène contradictoire qui nous faisait passer de la pitié à de l'admiration. Exit l'historique de l'italien, parlons présent et parlons série !
Faithworld
La série se concentre donc sur Le pape, campé par Jude law, un acteur qui me laisse d’ordinaire assez indifférent, en raison de certains (mauvais) choix de carrière depuis Gattaca, mais qui ici crève littéralement l’écran : très juste, très fourbe, il ne surjoue à aucun moment
Il est secondé par un casting sobre mais efficace, prestigieux mais juste, notamment Diane keaton (DIANE KEATON SVP !) dans le rôle de la sœur Mary, dans un rôle de mentor désavoué, presque la mère qu'il n'a jamais eu. On pourra relever aussi James Cromwell qui est tout sauf un débutant, Silvio Orlando et son furoncle, et deux petites francophones bien connues, Ludivine sagnier et Cecile de France, qui sont parfaitement convaincantes.
Chaque personnage est finement développé, personne n'est inutile, le travail sur la profondeur de chacun est très bien amené, chacun a ses vices, ses qualités et chacun jouera un rôle important dans l'épanouissement ou non de Lenny (Le pape)
Après avoir fait la connaissance du casting, que raconte la série ? Y’a-t-il une intrigue ? NON, le gros de l'histoire est centré sur les problèmes que posent le pape fraichement nommé, jeune mais agressif. Il n'inspire guère confiance, que ce soit en interne ou à l’extérieur.
La série pose une ambiance à la fois sérieuse mais aussi complétement décalée et drôle, que ce soit par des situations ou par des plans, voir même grâce à sa B.O (exemple de la scène presque mystique du kangourou, à la fois ridicule mais incroyablement belle).
On découvre en partie le rôle ingrat que peut être celui du pape, à la fois important mais complétement dispensable. Tous les sujets sont abordés, que ce soit le marketing litigieux et malsain produit par l'église catholique, les passe-droits des religieux, leurs vices cachés, les postes fictifs et bien sur leur opinion assez extrémiste sur certains points. Etrangement le sujet de la pédophilie arrive assez tardivement alors que ça n’est clairement pas le sujet le mieux gardé au monde concernant l'église, et encore une fois ce n'est pas amené avec des gros sabots, et la révélation faites sur ce sujet est tellement dure, qu’il s’avère impossible de rester impassible devant cette scène.
L'arbre de vie
Difficile d’évaluer si les intentions de Sorrentino étaient de discréditer tout le système clérical et l'intolérance de l'idéologie qui règne au Vatican et dans le système religieux en général,
car malgré une forme très joviale et décalée, le fond n'en est pas moins alarmant et très négatif, sur la première partie de la saison en tout cas.
Mais la série ne tombe pas dans la facilité, elle n'est pas là juste pour dénoncer, mais essaie de comprendre l’origine du problème, que les faits soient avérés ou non, à savoir comment l'église peut avoir une si mauvaise image auprès du grand public.
Au contraire on peut presque voir un message positif tout au long des épisodes, lent mais progressif, à l'image du pape, puisqu’au départ on découvre presque un jeune homme (Toute proportion gardée on parle du pape, pour lequel la moyenne d’âge est généralement de 70 ans ou plus, alors qu'ici le personnage joué par Jude a la cinquantaine), assez arrogant et instable, très décrié par sa profession et par le public.
On vit avec lui son apprentissage à son nouveau métier, et l’on prend conscience qu’il n’est pas évident d'être un pape, surtout avec son entourage nocif et jaloux. Bref il n’a pas la cote, le Jude (sans trop spoiler), on l'accompagne dans des brefs moment de son quotidien, parfois importants, parfois totalement futiles, et c'est là où la série prend une dimension incroyablement prenante : par ces petits gestes, on commence à aimer l'homme qu'il devient, comme si au début de sa nomination il n'était qu'un adolescent voulant défier l'autorité de ses parents puis arrive à murir et s'ouvre à son nouveau monde, ses nouvelles responsabilités.
J'espère avoir donné au moins envie qu'on s'intéresse à cette série qui a totalement été boudée pour les différentes récompenses dans l'année, au pire on s'en fout, l'écrémage est fait indirectement.
On n’est définitivement pas en présence d'une série commerciale, mais elle mérite qu'on y jette un œil ou tout autre organe (à vous de voir).
Lente et passionnante, décalé sans être absurde, une p'tite pointe moralisatrice mais vu que c'est bien fait, qui lui en tiendra rigueur ? Pas moi en tout cas.
The young pope