L'univers des séries à depuis quelques années quasiment pris le dessus sur celui du cinéma, cette année encore plusieurs ont fait l'événement. Si nombreux sont les fanas du petit écran qui attendaient la possible concurrente de Game of Thrones par exemple, à savoir Westworld. Ce n'était que partiellement mon cas puisqu'une autre révolution m'a bien plus attiré et ce depuis son annonce qui date déjà de début 2016 si je me souviens bien. Une telle attente qu'elle pourrait se comparer à celle du messie, et c'est le cas de le dire.
C'est donc le règne du pape Pie XIII que je souhaitais à tout prix découvrir, pape fictif tout droit sorti de l'esprit du cinéaste italien Paolo Sorrentino. S'il m’avait laissé un gout très amer avec son si réputé La Grande Bellezza, il avait réussi à me bluffer avec son suivant Youth, le voir débarquer sur le petit écran pour la toute première fois avec un sujet aussi prometteur ne pouvait que me réjouir.
Et ça n'a pas raté, dès le premier trailer, tout comme avec les suivants, j'étais devant une futur jouissance de série télé, une série qui a le culot de critiquer le Vatican et ses hommes de fois, ce monde intouchable, vu par un italien en plus, que demander de plus ?
On pourrait si, demander d'autres trucs, comme quelque chose qui nous sortirait de la lourdeur et de la monotonie de cet endroit finalement assez morose et austère, il nous fallait ce petit truc que Sorrentino a de toute évidence, une légèreté.
La légèreté est présente tout du long de cette grande première saison, si je l'avais trouvé un peu trop présente lors des deux premiers épisodes, cela se fond de mieux en mieux au fil du temps avec le reste, puis elle renferme un culot fou, tout comme un absurde bienvenu. Il suffit de voir le générique qui est sans doute un des meilleurs jamais fait, rythmé sur cette musique pour avoir un aperçu du délire. Un régal d’irrévérence et un mélange inédit entre deux cultures bien distinctes, la bande son est un régal qui sert parfaitement ce contraste.
Pari réussi donc pour notre italien qui allie modernité à cet univers religieux perdu bien des années en arrière. Entre critiques sur la pédophilie et autres dénonciations, magouilles et compagnies, Sorrentino arrive tout de même à respecter l'aspect religieux, instaurant également une part de mysticisme comme il sait si bien le faire. Sans oublier ce rapport à la jeunesse qui l'obsède depuis longtemps et qu'on retrouve à chacun de ses films.
Au-delà de cet aspect comiquo-religieux, Sorrentino arrive à nous pondre un personnage charismatique et évolutif, car mine de rien, en seulement 10 épisodes, le personnage évolue beaucoup, il peut brusquer comme émouvoir, faire rire comme faire peur, c'est une écriture complexe pour un environnement tout aussi complexe. Tous les autres personnages sont eux aussi fortement développés et amusants, le casting étant un point essentiel et stupéfiant d'ailleurs pour une série tv. Jude Law en tête, cheveux grisonnants qui prie dans une piscine ou croise son kangourou dans les jardins du Vatican, irréprochable Jude qui mériterait quelques récompenses. Diane Keaton, Silvio Orlando, Ludivine Sagnier, Cécile de France, Javier Cámara, Scott Shepherd (II) ou encore James Cromwell et j'en passe l'accompagnent admirablement.
Si Sorrentino n'est de toute évidence pas seul à l'écriture de cette merveilleuse série, il en est tout de même le créateur et réalisateur, et ce sur les 10 épisodes, il nous prouve une fois encore ses talents pour les cadres millimétrés, sa folie visuelle à base de pyramide de bébés et autres, ou encore avec des plans séquences hallucinants comme celui du début d'épisode 9. En bref il n'y a bien sur rien à redire concernant la mise en scène ou la réalisation, comme il est difficile de critiquer cette superbe photo immaculée ou encore cette bande son électro. Les décors eux ont étés reconstruits, le Vatican n'acceptant jamais qu'on se serve de leurs terres pour des tournages, ils sont fabuleusement retranscrits et le travail sur les costumes est également impressionnant.
Voilà donc un résultat plus que satisfaisant pour LA série de 2016, celle qui devait être une mini-série mais qui fut reconduite avant même la diffusion de la saison 1, je suis finalement fort content de cette annonce car The Young Pope est tellement unique, riche et jouissive. Alors qu'il en soit ainsi !