Après Les contes du Disque-Monde, un épisode résolument comiquo-macabre, puis Discworld, quand à lui ancré dans l'heroic-fantasy, voici la dernière adaptation d'une des Annales du Disque-Monde, intitulée Timbré, et cette fois-ci parodiant les prémices du capitalisme et l'apparition du télégraphe (ici rebaptisé Clac et utilisant un système de tours à signaux lumineux), qui devait signer la fin des services postaux.
Notre personnage, arnaqueur invétéré, et jovial, épargné de la mort en l'échange de ses « talents » en affaires, doit relancer l'industrie postière locale, et comme toujours chez Pratchett, il y a tout un lot de morales à la clé. Critique de l'escroquerie avec notre héros qui voit sous formes de visions ce que sont devenues les personnes qu'il avait arnaqué, qui une fois ruinées ont souvent suivi un cercle les menant à la mort, et il devra prendre conscience du le mal qu'il a fait, et tenter d'expier ses fautes. Seconde critique, celle du capitalisme, ou du moins c'est ce que l'on pourrait d'abord penser, car ce qu'il condamne n'est pas le concept, mais les instigateurs, n'hésitant pas à avoir recours à tous les moyens afin d'arriver à leurs fins.
Au delà de ces critiques, Pratchett s'attaque cette fois-ci à la romance, compliquée, entre notre protagoniste et la fille d'une personne qu'il a arnaqué, ce qui évidemment jouera un rôle considérable de déclencheur pour le pousser à se réhabiliter.
Une nouvelle fois on retrouve l'humour cher à l'auteur, qui en profite ici pour nous servir tout un lot de blagues grinçantes servant particulièrement bien le sujet du débat.
Bref, Timbré est un nouvel exemple du soucis de fidélité aux œuvres de Pratchett que la chaîne Sky1 s'est imposée. Nous sommes toujours sur le Disque-Monde, mais plutôt que simplement reprendre les décors des épisodes précédents, la direction artistique a une nouvelle fois fait quelque chose de différent afin de prouver sa créativité, et à l'image des romans, nous montrer une nouvelle facette de cet univers improbable, dépaysant et charmeur au point que l'on rêverait de pouvoir nous y rendre un jour.
Pas de CGI cette fois-ci (si ce n'est pour les matte-paintings et incrustations) pour la simple et bonne raison qu'il n'y en a pas besoin, la magie étant quasiment totalement absente (il n'y en a que brièvement vers la fin), la réelle magie de la production se situant dans la reconstitution façon vieille Écosse/Angleterre comme l'on pouvait le voir dans Cadavres à la pelle.
Le casting s'avère plaisant, avec Charles Dance en guest, qui apparaît un peu plus que ceux des précédents épisodes (Jeremy Irons, David Warner), mais surtout un duo diablement efficace composé de Richard Coyle qui est jubilatoire en escroc, et Claire Foy, charmante en femme désabusée et sombre, qui n'a d'ailleurs rien à envier à Helena Bonham Carter.
Tout comme dans Les contes du Disque-Monde, Pratchett en profite une nouvelle fois pour faire allusion à l'informatique, grâce à un virus jusque là inédit.
Pour conclure, si vous aviez déjà apprécié Les contes du Disque-Monde et Discworld, il est certain que vous craquerez une nouvelle fois pour ce voyage loufoque comme l'on aimerait en voir plus souvent.
Mention spéciale pour Claire Foy, efficace en diable dans ce rôle de femme austère et autoritaire. On comprend qu'elle ait ensuite été choisie pour interpréter la sorcière dans Le Dernier des Templiers, dommage que le film n'était pas à son niveau...
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