Passager de seconde classe
Il était inévitable avec le centenaire du naufrage du Titanic survenu en avril 1912 que certains producteurs s'engoufrent dans la brèche de l'effervescence entourant les commémorations. Voilà donc cette mini-série en 2 épisodes (un long téléfilm de 3 heures en fait) sobrement intitulée Titanic. Et le résultat est somme toute honnête... même s'il est indéniable qu'il souffre désormais de l'inévitable comparaison avec le Titanic de James Cameron.
La principale originalité est que cette version se focalise sur deux points un peu différents de la version de Cameron (ou les traite du moins légèrement différemment). En premier lieu, au lieu de se concentrer sur un couple star... ce Titanic nous offre en fait une sorte de portrait croisé de plusieurs couples présents à bord du Titanic (qu'ils soient employés de la White Star ou bien passagers de 3ème, de 2nde ou de 1ère classe) avec leurs ambitions, leurs désirs, leurs rêves... mais aussi leurs problèmes. En second lieu, cette mini-série insiste lourdement sur les inégalités sociales du début du XXe siècle et leur concrétisation flagrante dans la difficile cohabitation des trois classes du passagers à bord du Titanic (chacune étant méticuleusement parquée sur son propre pont... et les premières jouissant de tous les privilèges et de toutes les attentions). Inégalités qui se manifestent même ici entre les domestiques des passagers de seconde et de première classe.
Le problème principal de cette version de Titanic est que cette peinture sociale méticuleuse semble tout simplement interminable pendant toute la première partie (qui dure environ 1h30). Car oui, si l'approche de ce téléfilm est loin d'être inintéressante, on finit tout même assez vite par sombrer dans un ennui profond, lassé des rancoeurs permanentes entre les passagers de 2nde et de 1ère classe ou encore des problèmes de couples existentiels de ce petit monde. Et on n'a alors qu'une seule envie : que ce maudit rafiot percute enfin son iceberg.
Et là encore, on pourra regretter que le téléfilm survole la scène de la collision... en ne s'attardant que très peu sur les conséquences techniques de celle-ci et sur la vaine lutte que vont livrer initialement les membres de l'équipage pour éviter le pire (la série n'a certes pas vocation à être un docu-fiction... mais tout de même, elle aurait pu tenter de se démarquer sur ce point). Néanmoins, au bout de deux heures, cette version de Titanic finit tout de même par décoller (il faut dire que la mise en scène du naufrage a toujours été un sujet cinématographique en or pour tous les réalisateurs, qu'ils soient bons ou mauvais) et prend -fatalement- un rythme beaucoup plus haletant. On n'échappera certes pas aux grands moments habituels de pathos vus et revus dans telle ou telle adaptation... mais l'ensemble est somme toute efficace.
Cette mini-série fait donc le boulot honnêtement. Vous n'y trouverez certes rien d'original car c'est véritablement du vu et revu (on aurait pu espérer certains traitements différents ou plus originaux: le contexte historique de la construction du navire, les conséquences techniques de la collision, le commission d'enquête qui a suivi le naufrage, etc... il y a avait de quoi faire) ... mais la première partie un peu longuette a au moins le mérite d'essayer quelque chose d'un tout petit peu différent. Une série totalement dispensable pour ceux qui estiment avoir fait le tour de la question après avoir vu le Titanic de James Cameron (certains y verront juste une simili-copie manquant d'âme et peu inspirée)... mais une nouvelle relecture pas inintéressante et loin d'être honteuse pour les autres n'ayant pas encore fait une overdose...