Fiction de quatre épisodes de 45min (soit une durée totale finalement inférieure au chef d’oeuvre de Cameron) sortie pour le centenaire du naufrage le plus célèbre, Titanic peine à trouver sa propre envergure, éthique et dramatique, ainsi qu’à faire exister la kyrielle de personnages qu’il met en situation. Pire étant qu’on le ressent très vite ; Vingt minutes (et je suis gentil) suffisent à voir qu’on ne sera saisi par rien, ému par rien, tant la multiplication de séquences introductives, brèves et peu palpitantes, s’avèrent incompréhensibles dans leur déroulé et construction.
Dès le deuxième épisode on entre dans le vif du sujet : l’iceberg est heurté, l’unité temporelle est inéluctablement prise en compte, les enchaînements fonctionnent mieux. Mais à mi-chemin la série change de cap, elle revient en arrière, quelques jours avant le départ, tandis qu’on s’échaudent dans les bureaux de la White Star Line, entre excitation et désaccords divers : Ou qu’on effectue les derniers branchements électriques nécessaires – L’épisode précédent se fermant sur la disparition imminente des lumières et le départ du dernier canot de sauvetage, on croit tenir une belle transition, l’ouverture sur un récit miroir, se délestant de ce que l’on connaît déjà de la catastrophe. Ça ne dure qu’un temps malheureusement.
Pire, la série semble faire exactement ce qu’elle faisait au début : elle reprend chaque mini histoire à peine esquissée et les étoffe à peine davantage, en reprenant – lourdeur quand tu nous tiens – chaque embryon de séquence/plan utilisé précédemment, sans aucun point de vue, toujours dans une volonté chorale indigente. Et ce jusqu’au point de chute – ce moment d’obscurité où tous les canots ont disparus.
L’idée de faire chevaucher portraits et storylines (donc d’utiliser l’atout sériel à savoir raconter un récit au moyen d’une infinité de personnages appartenant à chaque classe) au lieu de n’en faire que le récit d’un point de vue unique (et starisé) pourquoi pas, mais il fallait l’étayer, lui donner du corps, de la profondeur – Sans mauvais jeu de mot.
La suite est cousue de fil blanc, quasi calqué sur le film, avec la pseudo romance inter classe avortée, la fuite solo d’Ismay dans une chaloupe, les gentleman qui se crèvent en silence dans le fumoir, les violonistes qui continuent de jouer, les grands débats dans les canots entre ceux qui veulent revenir secourir les derniers survivants et les autres. A la différence que le budget n’étant pas le même (euphémisme) toute la dimension anxiogène convoitée n’existe pas.
Pas grand chose à retenir donc de cette nouvelle représentation fictionnelle du Naufrage du Titanic si ce n’est deux ou trois interactions intéressantes et deux ou trois séquences (la scène de la poupe vue des canots, notamment) qui sortent gentiment du lot. Sur trois heures ça fait peu. Et long.