Un énorme gâchis
J'ai rarement été aussi emporté par le début d'un anime. J'avais lu les premiers tomes du manga il y a quelques années, et j'étais assez impatient de regarder l'adaptation. Tout commence...
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le 5 sept. 2021
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Citation de Victor Hugo
"To Your Eternity" est un des mangas si ce n'est le manga qui m'a le plus impacté ces dernières années. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’en parle, mais l’analyse que j’ai faite du manga était une analyse de fond, visant un public néophyte. Je voulais donc profiter de la sortie de l’adaptation animée pour rectifier le tir et expliquer pourquoi j’aime “To Your Eternity” (ou tout du moins la partie qui a été adaptée). L’intrigue, qu’on pourrait comparer à celle de “Great Pretender”, se base sur différents arcs ayant peu de rapports entre eux (les histoires ne sont pas connexes, c’est Imm qui est le fil rouge de la narration). Ça m’oblige donc à segmenter la critique en les plusieurs arcs (On parlera aussi sans doute de l’adaptation et d’autres choses en plus), il est possible que je pioche des éléments de ma critique du manga et que je parle de certains éléments de l’œuvre qui, révélés en amont, pourraient vous entacher le visionnage. Bref, essayons de comprendre pourquoi To your Eternity arrive à se hisser parmi mes histoires préférées.
C'est a l'épreuve de la réalité que je saurais ce que je suis. Voilà
pourquoi mon voyage commence
Notre histoire commence avec une sphère assez difficile à définir, et encore plus compliquée à visualiser. Il faut bien comprendre qu'on est face à quelque chose à la fois infime mais supérieur, presque divin mais sans être dieu car logiquement créé par celui-ci. Cette étrange sphère n'a presque rien de réel si ce n'est ses interactions avec le monde, qui vont d'ailleurs la pousser à devenir une pierre, représentant ici son début attachement à la Terre mais surtout la fin de cette apparence divine sans pour autant en faire un être de ce monde. C'est son changement en loup qui va l'amener à développer une conscience et ses premières vrai interactions partagées avec l'espace dont il peut désormais être acteur. C'est d'ailleurs en tant que loup que notre jeune être va découvrir l'une des rares choses aussi complexes que lui dans cette univers: l'homme.
Cet homme, enfin ce petit garçon, marque le début des relations entre Imm et un individu (le coup du loup et de la pierre ne marchant pas vraiment pour une relation). C’est à partir de là qu’on va pouvoir analyser le style d’écriture de Yoshitoki Oima. Chaque personnage (en plus de ses traits de personnalité qu’on ne traitera pas en détails) a un rêve qui est contrebalancé par un obstacle lié au temps. Dans ce premier arc, le garçon souhaite rejoindre son village parti vers un monde meilleur, c’est contrebalancé avec son inexpérience qui les empêche de les rejoindre. Ici on peut dire qu’on interdit à cet enfant d’avoir un futur.
C’est d’ailleurs tout le sens de la courte expédition qu’il mène : ce parcoure vise à tuer l’enfant rêveur qu’il est, allant progressivement, mais sans jamais s’arrêter dans l’horreur de la vérité, pour lui faire se rendre compte de sa situation. Le cap du tabou est franchi avec le sous entendu de la mort de tout le village dans les plaines glacées, la pire des réalités possibles, le fait que personne n’ait pu accomplir son rêve. Il était d’ailleurs déjà condamné depuis le début, quand on regarde les chose en face c’était impossible qu’il s’en sorte (notamment l’idée que personne ne soit revenu le chercher), finalement ce qui l’a maintenu en vie jusqu’au bout c’est l’envie du spectateur de le voir survivre, et quand je parle du spectateur je parle bien sûr d’Imm (on reviendra plus tard sur ce terme) mais surtout de nous, qui y avons cru, ou tout du moins espéré pour les plus lucides. On touche ici à un point fort de l’histoire, en faisant de nos pensées et surtout nos émotions un éléments central du récit, on s’y implique beaucoup plus (je ne vous cache pas que cette méthode d’implication va disparaître progressivement au fil du récit, mais ce n’est pas grave, car celui-ci nous a déjà embarqué). Et c’est en partie grâce à ça que malgré tout, la mort du garçon, ultime preuve de son échec et de son insignifiance par rapport au monde, est à nuancer. Certes depuis que le spectateur en fait sa rencontre, il va assister à la lente agonie de son être et plus grave encore, de ses rêves, mais on va le laisser assister à une espèce de rédemption dans la mort, premièrement par le fait qu’Imm reprenne son apparence pour parcourir le monde, lui permettant de le parcourir à travers lui d’une certaine façon, mais surtout deuxièmement, par les retrouvailles avec le village qu’il avait perdu. Alors oui, c’est discutable comme rédemption, même si la mort n’est pas punitive, elle n’en reste pas moins satisfaisante, et vous avez raison...ou pas. Car ce qui est central à comprendre c’est qu’en tant que spectateur, vous êtes libres de choisir vos idées, votre façon de voir les choses, on vous offre un monde que vous avez le droit de juger. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, le récit nous aiguille vers qui nous poser, mais l’exécution vient contrebalancer le tout, en offrant un regard très détaché sur tout ce qui se passe. J’ai oublié de le préciser mais la mort du garçon offre aussi une doctrine de l’œuvre : On n’évolue que par la souffrance. Cette partie est assez courte (1 épisode) mais en réalité très riche et conséquente car elle vient poser les bases de la série. Des bases tellement parfaites qu’elles deviendraient presque plus grandioses que le reste de la série.
Dans ce deuxième arc, on fait la rencontre de March et de sa grande sœur spirituelle Paloma qui vivent dans un petit village de la forêt. On assiste donc à une évolution sociétale, passant d’un simple individu à un village, ainsi qu’à une bonne transition, on commence là ou le premier arc s’est arrêté, avec cette direction salvatrice de l’enfer froid vers lequel se trouve la forêt. Dans l’élément déclencheur de cet arc, on fait la rencontre de ce qu’on pense être les soldats d’un culte qui, condamnent March à un espèce de sacrifice malgré les efforts de Paloma qui ne parvient pas à devenir le patriarche (To Your Eternity n’est pas un critique des genres, je parle bien ici du patriarche dans son rôle de famille, celui qui œuvre à sa sécurité et son maintient). Ce que j’aimais beaucoup dans le manga et qui passe très mal dans la série (mais on parlera de l’adaptation plus tard), c’est cette idée qu’on met March sur un piédestal, on la glorifie alors qu’on l’amène vers la mort. Même ses parents sont trop faibles pour ne pas se rebeller et protéger leur propre progéniture (d’où l’importance de Paloma de remplacer de rôle du père).
C’est ici qu’on fait la rencontre de la vieille qu’on peut considérer comme le second personnage de la série. Notre rencontre avec elle dans la série est assez intéressante car on la présente comme relativement antipathique de part le fait qu’elle condamne March et qu’elle n’est qu’un boulet de l’équipe durant le deuxième arc, même si certes elle tend à se bonifier petit à petit, jusqu’à devenir le plus grand soutient d’Imm. Cette présentation non manichéenne se verra aussi pour l’envoyée du royaume de Yaome, le personnage le plus méchant (dans les faits, le seul vrai antagoniste si on ne compte pas les frappeurs qui tentent de retirer la mémoire d’Imm) de la série qu’on montre avec ces moments de doute et d’appréhension voir même de contemplation d’Imm. Je ne dis pas que c’est beaucoup, au contraire, c’est juste assez pour qu’on ne le visualise pas comme un personnage fonction. C’est d’autant plus important de la traiter comme telle car elle fonctionne en opposition au personnage de Paloma : l’une abuse de la tradition pour contrôler les faibles alors que l’autre tente de la détruire pour protéger les faibles, l’une accepte le rôle d’Imm en tant que spectateur tandis que l’autre essaie d’en faire un dieu, l’une pragmatique et l’autre idéaliste, ou encore l’embrassement de la modernité contre la méfiance de celle-ci. On pourrait enfantinement résumer la chose en une personne forte mais moralement mauvaise avec une personne faible mais humainement noble. Elle ne se rejoigne que dans leur combat patriotique, l’envie de défendre leur patrie, mais encore une fois pour des raisons fondamentalement opposées : La première se bat pour la gloire, Paloma se bat pour le peuple, pour les faibles. C’est d’ailleurs pour ça que le seule moment où Paloma va réellement prendre le dessus c’est quand elle défend March fasse à une adversaire qui se retrouve paradoxalement limitée par celui qu’elle considère comme un dieu. Malgré tout le personnage de Paloma reste faible, pour l’expliquer il va falloir digresser sur sa relation avec March et sur le personnage en lui même. C’est assez étrange de finir par March, car c’est le personnage central de l’histoire, étant, en plus d’être l’élément déclencheur malgré elle, le seul personnage ayant une relation avec Imm, le liant donc à l’intrigue. A titre de personnage central et tout comme le garçon de l’arc 1, March a un rêve qui est contrebalancé par un obstacle lié au temps ; ici March voit son projet de devenir mère brisé par une malchance qui la dépasse. Son sort quand aux traditions on l’oblige à rester dans le passé, à s’arrêter maintenant. Cependant March va paradoxalement entamer des actions qu’on pourrait décrire comme Matriarche, à commencer par le don de soit pour éviter la mort d’un autre enfant, puis, grâce à Imm elle va vivre ce que c’est qu’être une mère en lui apprenant les gestes de sociabilisation de base (manger proprement, parler ect…). Cette éducation se retrouvera rapidement en parrallèle de l’acceptation de la mort du dieu ours (ironique quand on sait que c’est lui qui allait la tuer). Il se dégage de son comportement du respect, d’un autre coté comme elle, l’animal a été tué utilisé dans le but de nuire au sien. C’est pour ça qu’elle le comprend, elle n’est pas impressionnée, elle compatit, le prend presque en pitié (elle lui enlève tous ces pieux, refuse qu’on lui retire un œil...). Deux êtres que tout oppose se retrouve dans leur destin funeste et dans leur utilisation : inspirer la terreur des croyant, pour moi ultime et plus puissante critique de la religion de tout l’arc. C’est d’ailleurs cette prise de conscience de sa condamnation dès le début de l’arc qui va pousser March à se sacrifier pour Paloma (comme une mère pour sa fille), qui représente ici la nouvelle génération. La métaphore peut paraître étrange car Paloma jouait le rôle de mère de substitution (voir de Père de Famille dans le sens où c’est elle qui a guidé pendant longtemps leur avenir) mais c’est pourtant très ingénieux au vu de l’évolution de chacune. Là où March est devenue petit à petit une adulte de part sa relation avec Imm et le dieu ours, Paloma est restée une enfant, enfin plus un protagoniste dans un début de shōnen, avec une ardeur sans égale pour réaliser sa quête, moins enclin à un recul nécessaire pour prétendre une certaine maturité. On le voit très bien avec le fait que Paloma rate sa cible, elle reste encore au début de son parcoure initiatique pour prétendre à une maturité semblable à celle de March. D’ailleurs chose amusante, je ne sais pas si c’est de la surinterprétation, mais la mort de March n’est-elle pas filmé comme un accouchement ? Si c’est vraiment le cas c’est très fort dans la symbolique qui la lit aux reste des personnages. Comme pour le garçon, March voit son rêve condamné, mais en parti sauvé grâce à sa rencontre avec Imm. Elle devient la mère spirituelle d’Imm, qui aura toujours besoin d’elle pour monter aller chercher les fruits dans les arbres (symbolique, elle le nourrit). La mort de March est cependant bien différente de celle du premier protagoniste, elle est beaucoup plus punitive. Même si elle sait qu’elle a fait le bon choix, elle se retrouve séparée de sa famille à jamais, elle subit un véritable désillusion, obligée de rester dans le passé (avec le dieu ours) là où tous les autres vont se défaire des traditions. Quel que part elle les sauve tous, car c’est au vu de son cadavre que le village se décide à se rebeller, l’horreur nécessaire pour leur rappeler à tous la valeur de leur liberté.
On pourrait d’abord croire dans ce deuxième arc qu’on est face à une critique assez simple d’un totalitarisme idéologique ou de la religion (durant le court moment où on peut percevoir les soldats de Yaome comme des victimes de ce système) mais c’est en réalité étonnement une opposition entre la modernité et la tradition. Si le passé est au début montré comme stupide et dépassé avec l’exemple du Ninnana, le futur se montre pour autant tout aussi immorale avec l’exemple du cupide et manipulateur Yaome. Le but n’est pas de déterminer qui de la tradition ou de la modernité est le plus amoral, mais bien de condamner les deux pour montrer que la voie à suivre est plus complexe, elle est de montrer que le bonheur de l’individu est de montrer vient de la liberté de choisir comme il l’entend, comme un réquisitoire du grandiose. Et c’est d’ailleurs l’une des leçons les plus importantes de March, pour la citer :
On m’a dit que j’étais extra-ordinaire, mais je suis juste une
petite fille
March se rend compte que sa sortie de l’insignifiance a été pour elle le début de la violence, et qu’elle regrette d’y être sortie, car elle a du se battre pour un enseignement qui la dépasse, ce qui l’a empêché entre autre d’atteindre ses rêves. Cet enseignement qui se répétera sous d’autres formes (même si ça ne sera jamais autant mis en avant par la suite) est central dans la compréhension du rôle que l’autrice a voulu donner à Imm, et on en reparlera plus tard dans la conclusion.
Je ne sais pas ou placer le voyage entre le lieu des événements des lieus des arcs 2 et 3, mais je trouve plus intéressant d’en parler maintenant. On a d’abord la relation entre la vieille, jusque là personnage en retrait, avec Imm. Elle finalise son éducation, c’est d’ailleurs à partir de ce moment qu’on peut vraiment considérer Imm comme humain (bien sûr il ne l’est pas, mais il en adopte le comportement, les arts et coutumes). On assiste bien sûr aussi à la première rencontre avec les frappeurs qui se montrent opposés à la sauvegarde du monde (la tâche d’Imm) en lui subtilisant des souvenirs, équivalents de lui faire subir l’épreuve du temps, qui efface les gens petit à petit.
Comme le précédent arc, on assiste donc à une évolution sociétale, passant d’une petite communauté à un vrai réseaux organisé (on pourrait me dire qu’on voit la capitale de Yaome qui est beaucoup plus grande et organisée dans le deuxième arc, mais n’oubliez pas, ce n’est pas elle qui est traité, elle ne sert que de contraste et d ‘opposition avec le petit village de March), ainsi qu’à une bonne transition, avec une opposition, deux fausses sœurs qui s’apprécient face à deux vrais frères qui se trahissent. Mais les ponts avec l’arc 2 ne s’arrêtent pas là, déjà par l’aspect parental inexistant (ici expliqué par le fait que ce sont de faux parents) mais aussi en opposition, une fois sorti de l’insignifiance, Gugu est rejeté par les autres. Bien que moins funeste, sa différence est ici beaucoup plus brutale, même si il avait déjà été rendu impuissant lors de la trahison de son frère. Il est soumis, incapable de se visualiser dans l’avenir. C’est un peu comme si GuGu était hors du temps, de l’humanité.
Mais au-delà de l’aspect martyr beaucoup plus fort qu’avant (dans leur introduction qu’on s’entende bien), l’autrice essaie de nous montrer ici qu’on va ici parler de la lutte des classes (et de la beauté) qui sépare les hommes (après l’avoir fait avec le développement technologique, la religion et les migrations plus tôt). C’est bien sûr symbolisé par les premières interactions entre Lynn et Gugu et bien sûr, le moment de l’accident où on s’inquiète plus de Lynn que de GuGu alors que c’est clairement celui des deux qui ressort le plus meurtri de l’accident, physiquement comme mentalement.
Mais ce qui est paradoxale, c’est qu’on est déjà moins impacté émotionnellement de la violence dans l’introduction et l’accident de Gugu que du destin funeste des deux précédents enfants dans les arcs 1 e 2. On nous a déjà préparé à la violence de ce monde, ce qui nous marque ici c’est l’injustice de la situation qui nous met hors de nous.
La rencontre de ce nouveau protagoniste arrive à un moment où Imm décide d’arrêter d’être spectateur et d’inclure l’humanité dans périple et surtout son combat contre les frappeurs. C’est pour ça qu’il est ici beaucoup plus enclin à s’humaniser et sociabiliser. Imm quitte partiellement son rôle de spectateur pour devenir acteur. Ce qui explique que, contrairement aux autres protagonistes des précédents arcs Imm n’est pas qu’un apport bénéfique à Gugu, il est plus une épée à double tranchant. D’un coté, il est comme lui jugé comme un monstre, ce qui fait qu’il ne le juge pas, de plus, son comportement relativement enfantin place GuGu dans le rôle de grand frère, le mettant, pour une première fois, sur une forme de piédestal (relatif, il ne va pas l’aider sur le coup quand il s’enfuit). Mais d’un autre coté, et malgré le fait qu’il soit un vrai monstre (dans le sens non humain), son apparence plus agréable lui permet de moins susciter la controverse. Il va d’ailleurs voler l’attention de Lynn quand celle-ci va se rapprocher des deux marginaux. A cause de ça, Gugu va se mettre à penser que ce n’est pas son apparence le problème, mais lui. Ce mélange entre lueur d’espoir et peur du monstre qu’il est devenu se caractérise très bien dans la citation :
Qu’est ce qui m’attends demain ? Le bonheur ou la souffrance ?
Mais au-delà de son rapport avec Imm, cette rencontre va surtout lui permettre de comprendre ce qu’il est , ce qu’il n’est pas, et ce qu’il n’est plus. Jusque là, il a toujours été un objet de soumission : une main d’œuvre gratuite pour son frère, un dégât collatéral puis une attraction pour Lynn, une réserve d’alcool pour son sauveur, voir même littéralement un esclave dans sa jeunesse. Mais pour parvenir à rendre sa faiblesse surmontable, il a toujours réussi à se baigner d’illusions. Même si sa rencontre avec Imm va lui faire lentement lui faire se rendre compte du fait qu’il ne soit jamais affirmé, mais il a encore du mal à allier cette réflexion avec sa situation, comme le montre très bien la citation :
C’est fou de voir quelqu’un se connaître si peu
qui peut être complètement renvoyé à lui même. Le déclics va se faire en deux temps : d’une part quand il découvre que le sacrifice de son humanité qu’il a fait pour sauver celle qu’il aime a été effacé de l’histoire qu’on a raconté à Lynn. C’est la presque raison d’être même de Gugu qui s’effondre par cette révélation , même si ce n’est pas montré comme telle. Le deuxième déclic, qui va le faire fuir de la maison, c’est bien sûr la révélation de l’alcool pur stocké dans son ventre, lui qui se croyait de nouveau en sécurité se rend compte qu’il est de nouveau soumis, objet d’expérience. C’est un peut l’incendie du cercueil de la perception du monde de Gugu, qui, maintenant que Lynn ne peut plus maintenir l’artifice de par l’histoire qu’on lui a raconté, n’a plus aucune accroche avec le monde.
J’en profite pour faire une aparté: C’est rare de voir une indication temporelle, mais la première fois qu’on en parle est assez marquante pour le spectateur attentif: 6 mois (j’avoue ne plus me souvenir du contexte dans lequel il a été dit), qui est une période qu’on a jamais ressentit, de part cet indicateur, on se rend compte qu’on n’arrive pas à percevoir le temps qui passe, car on voit l’histoire du point de vu de Imm qui comme nous, n’est pas impacté par la temporalité de la narration.
C’est intéressant de voir que dans ce parcoure initiatique, Imm ne sera jamais réellement présent. Ce geste permet non seulement de le dédiviniser (oui je sais, j’invente des mots) sa personne, en lui montrant des traits de défauts, notamment son manque d’empathie et sa passivité (cette dernière étant même au centre de la philosophie d’Imm dans ce 3eme arc) mais aussi car comme dit précédemment, la présence d’Imm n’apporte pas que du bien à GuGu, qui de ce fait doit acquérir sa rédemption sans son aide. Cette même rédemption passera par plusieurs points, à commencer par sa tentative de retour à la normal (avant l’accident), où il comprendra la complexité du monde, beaucoup ne le déteste pas mais d’autre trouveront toujours un moyen de le haïr, peut importe le fait qu’il ait son masque où non. Il ne peut donc plus vivre parmi ceux qu’on pourrait considérer comme les gens normaux, comme le montre les réactions de la familles quand il a retiré son masque, autant de la part de ceux qui l’apprécient que de ceux qui le détestent. Mas les les retrouvailles de son frère chamboulent tout : lui qui était le plus fort, son héros, qui la lâchement abandonné, se retrouve plus bas que lui, plus pitoyable que le monstre que Gugu est devenu. C’est là qu’il se rend vraiment compte que c’est grâce à Lynn si il a tenu tout du long, c’est pour ça qu’il lui donne la clef de ce qui aurait pu symboliser son amour pour elle. En réalisant ce sacrifice (dont de soi) dont son grand frère s’est révélé incapable en l’abandonnant, il prend sa place, et l’aide une dernière fois à trouver lui aussi une forme de rédemption, puis s’en va, après tout ce n’est pas lui qui a décidé qu’il devait se séparé. Gugu a beaucoup de démons intérieurs (vu sa vie de merde, c’est logique) et même si il a su en réglé plusieurs sur sa vie d’avant, les plaies mentales de l’accident n’ont pas été cicatrisées lors de ces différents épisodes, et à vrai dire, c’est normal, c’est ce mal être qui régit les relations entre lui et les autres, il fallait donc finir par celui-ci, avec l’arrivée d’une discussion seule à seule avec Lynn. Certes, personne ne va faire le moindre effort pour aller aider Gugu lors de son épisode de dépression et la seule chose qui va les pousser à le rappeler est son talent de cuisiniers dont le manque commençaient à se faire sentir. Certes jusqu’au bout de la première partie il demeure un martyr. Mais Lynn est la première à réellement décidé d’aller le chercher, de part ce (premier ?) geste d’intérêt elle commence à faire un pas empathique vers son sauveur. La scène de la discussion va se passer sous la tente où les malheurs de Gugu ont commencé, c’est donc maintenant et symboliquement que va avoir lieu la fin de son parcoure initiatique. Bon, les débuts ne sont pas concluants, mais ils arrivent à se rejoindre sur le fait que ni l’un ni l’autre ne peut exister par eux même. Même si, dans un premier temps, ils ne peuvent se comprendre de part leur différence social. C’est en se révélant le fond de leurs pensées sur la situation que chacun vit qu’ils vont commencer à faire se rendre compte à l’autre qu’il n’est pas seul dans son cas. D’une certaine façon il comprend que même si la douleur n’est pas la même le traumatisme est équivalent. Cette conversation permet à Gugu d’enfin se mettre au même niveau que Lynn, qui de par sla prestance (et la timidité de Gugu) avait un certain rapport de force entre les deux. Cette première partie d’arc permet donc la rédemption de nos deux (futurs) tourtereaux et de la redécouverte de Gugu par Lynn.
Même si Imm est spectateur (même si j’ai dit plus tôt qu’Imm avait pris le rôle d’acteur, ce n’est pas total, il a juste pris moins de recul), il fallait un ennemi récurent pour que l’histoire progresse, un fil rouge. Ce fil rouge est justement trouvé dans cet arc, avec les frappeurs (encore une fois, Imm a plusieurs adversaires et les arcs sont tous reliés entre eux par des thématiques, mais là on a véritablement quelque chose de concret qui permet de rythmer le parcoure de Imm, qui était jusqu’à ce moment plutôt protégé par son rôle de spectateur). La force de ces frappeurs c’est qu’ils sont comme Imm complètement mystérieux, et que les rares informations qu’on a d’eux viennent du créateur, qui n’est pas forcément un allié d’Imm. C’est crucial de les présenter ici et pas plus tôt, car dans les arcs 2 et 3 Imm n’a pas de véritable conscience de soit, et le recul nécessaire quand au monde qui l’entoure. Le coté énigmatique des frappeurs et d’autant plus fort qu’il se construit en opposition à Imm, l’un essaie de sauvegarder ce monde, les autres à le détruire, même jusqu’à la mémoire du protagoniste qui ne va pourtant, de part son apparence physique, ne percevoir qu’une infime partie de ce qu’est ce monde.
Même si Gugu a déjà réussit sa quête, il fallait quelque chose de symbolique pour montrer aux spectateurs sa prise de force. Déjà en sauvant Lynn, il récupère son humanité, arrête d’être soumis, redevient acteur, accepte qui il est et fait don de ses pouvoirs pour aider ceux qu’ils aiment. En domptant le feu, chose dont Imm est incapable, il le dépasse, lui devient supérieur, ce qui est concrétisé par le fait qu’il finit par tuer le monstre seul. Le créateur dira même Cet être fragile mais en aucun cas faible. Mais cette montée se fait en parallèle de la chute d’Imm qui de par cette sécurité, va arrêter de se préparer à se défendre contre les frappeurs
Ce bond dans le temps à l’intérieur de l’arc, cette période de 4 ans, marche en grande partie grâce à Imm, qui sert de référence temporelle, vu qu’il n’est pas affecté par le temps, il est un peu comme les spectateurs. Cette période permet de segmenter l’arc en deux et ainsi de laisser entrevoir une lueur d’espoir, le spectateur s’attendant à voir mourir Gugu lors de l’affrontement avec le frappeur liane, après avoir avouer à Lynn qu’il l’aimait, comme le ferait n’importe quel drame shakespaerien avec deux héros que tous séparent.
C’est justement sur ce dernier point qu’il y a pour moi un véritable soucis temporel : La relation entre les deux n’a pas évolué (Pour Gugu ça peut se comprendre, de par le fatalisme quand à l’impossibilité et leur relation et le fait qu’il ait été saoul lors de sa déclaration, mais c’est très étrange que Lynn ou un des adultes ne soient pas revenus dessus en 4 ans). La série arrive cependant très bien à ne pas rendre ce problème trop lourd, en faisant de cette relation le thème central de cette seconde partie de l’arc 3.
On reprend l’histoire avec le futur mariage de Lynn, sachant que ni Lynn ni Gugu ne sont réellement prêt à avouer leurs sentiments. Les deux tourtereaux qui avaient réussi à se détacher de leur passé pour vivre au jour le jour, pour redevenir maître de leurs vies, se retrouvent rattrapés par le temps. Aucun des deux n’a le courage de se visualiser, n’est prêt à prendre ses responsabilités, à devenir adulte. On pourrait presque dire qu’ils sont passé d’un extrême à l’autre. Ce déni du temps qui passe et ce réquisitoire du passé se retrouve aussi dans le retour du frère de Gugu, qui, grâce à ce dernier, est lui aussi parvenu à revenir dans le droit chemin. Malgré tout Gugu refuse (d’un coté ça se comprend) de lui adressé la parole, si il s’est détaché de son passé, il en garde tout de même une certaine rancœur (notamment vis à vis de son frère avec qui il n’a pas fait la paix). Comme vous l’avez remarqué, j’adore citer Gugu, donc je vous laisse cette dernière pour la route qui décrit bien son état mental.
-Je croyais vraiment que Lynn continuerait à venir nous voir, que rien ne changerait entre nous. Mais il semblerait que je me sois trompé.
-Pourquoi
-Disons que ça a été décidé comme ça
Lui qui voulait lutter contre la société n’arrive plus à exprimer sa combativité, comme il n’arrive plus à parler avec Lynn, la laissant même se marier avec un autre. Ce qui va bouleverser ce triste chemin tout tracé, c’est la découverte petit à petit de ce fameux accident passé sous silence. L’un allant vers l’autre en tâtonnant, petit à petit les secrets éclatent, les cicatrices sont communes. Et face à celle qu’il aime au point d’avoir sacrifié son humanité, il ne peut lâcher qu’un : Je me suis senti coupable pour décrire l’entaille qu’il lui avait faite. Ce décalage peut être perçu comme un je t’aime, mais en beaucoup plus puissant, car il n’apparaît pas, car il a toujours été caché derrière un masque de non-dit. Il s’en suit d’ailleurs une phrase amoureuse dissimulée (car au vu de ses obligations, Lynn ne peut pas lui dire qu’elle l’aime en face). Cette fleur, symbole de son amour revient ici en métaphore : En lui proposant d’aller lui acheter une fleur, il veut lui offrir son amour. C’est en lui répondant d’aller les cueillir ensemble, qu’elle lui propose d’aller ensemble cueillir leur amour. Implicitement l’amour est donc partagé. Et c’est à ce moment là que les frappeurs attaquent. Un coup de maître scénaristique, un coup dans le dos de Yoshitoki Oima, mais nécessaire pour nous rappeler la dureté du monde. Je pense que vous l’avez compris, c’est un ressort tragique de l’œuvre, chaque personnage arrivant à atteindre son objectif se voit punir pour une raison où une autre, ici on peut voir ça comme la lutte des classes avec la métaphore de la chute du balcon.
Après la véritable leçon, c’est Imm qui va la retenir, le monstre de pierre étant invincible au flamme, il va faire comprendre à l’Immortel qu’il ne peut pas se cacher derrière des humains, sa quête les dépassent, ce sera lui contre les frappeurs.
Le fait qu’Imm se transforme en Gugu sert à prouver sa mort sans la montrer. C’est la première fois qu’Imm est consciemment et émotionnellement impacté par la mort d’un de ses proches, Gugu est même sans doute le personnage qui l’a le plus marqué de l’anime, car même si ce n’est pas celui qui lui a le plus appris (le garçon de l’arc 1 et March étant beaucoup plus impactant à son développement), Gugu reste incontestablement le meilleur (et peut être seul) ami qu’a eu Imm tout le long de l’intrigue.
La fin de cet arc sonne donc comme une défaite totale, avec un Imm qui essaie de faire continuer l’aventure à Gugu, sauf que sa place est narrativement avec Lynn, c’est pour ça qu’elle n’est pas dupe quand à la mort de ce dernier. Tous les personnages de l’histoire sortent détruits mais grandis. Avec un Imm qui chamboulent complètement ses rapports avec les êtres humains.
Je vais peut être spoiler un peut ma conclusion sur cet arc, mais je tenais à faire savoir que même si je ne vais pas être tendre avec ce quatrième arc je suis conscient que c’est sûrement la partie la plus compliquée à mettre en place de toute l’œuvre. En effet, on assiste à une véritable coupure avec les 3 premiers arcs, car Imm devient enfin un être doté de réel conscience, ce qui rend sûrement le changement de perception du monde par Imm assez différent. C’était déjà bancale dans le manga, mais tout ce début du quatrième arc est raté, notamment au niveau du rythme (on ne peut pas déterminer le temps qui s’écoule) qui donne juste l’impression d’être accélérées. On a une accumulation d’informations pas forcément nécessaires, au lieu de se concentrer sur des personnages forts pour avoir un bref point de vu (leur point de vu) sur une société, on vient ici nous présenter (de manière beaucoup trop condensée) une société dans laquelle on introduit une bande d’enfant. Je peux comprendre l’idée, du fait que les enfants ne sont qu’un décore insignifiant du paysage social, mais on pourrait en dire de même de tous les autres personnages. D’ailleurs il y a une accumulation de personnages secondaires inutiles. Ils n’ont d’intérêt que par leurs morts. Mais des morts émotionnellement inutiles car on ne s’est pas assez s’attacher à eux, surtout que le temps qu’on prend à essayer de les rendre attachant (sans trop de réussite) fait qu’il y a moins de temps pour développer la vraie protagoniste : Tonali, mais qui passe pour ces raisons complètement au second plan, faisant de Imm le vrai personnage principal de cet arc. Pourtant il y a des choses à dire sur Tonali ; de sa dualité intérieur entre la misanthropie paternelle et l’optimisme d’Imm, le cheminement qui la pousse à arrêter de fuir/nier ses problèmes traduit par son envie de partir puis son refus de partir de Jananda. Cela crée le principal (mais pas le seul) problème de cet arc : le manque d’accroche de ce nouvel univers fait d’Imm le personnage central, alors qu’il n’aurait jamais du l’être, il est spectateur comme nous, et même s’il a compris qu’il ne devait pas être passif, il est bien trop centrale dans l’histoire (heureusement, un personnage arrive à sauver les meubles mais on y reviendra plus tard). Il y a aussi cet arc de tournois si mal introduit qui fait rentrer l’œuvre dans les codes du shōnen sans pour autant que cela soit justifié, c’est d’autant plus stupide qu’après la confirmation qu’Imm sait ou est Piolan on en vient à se demander pourquoi il continue.
Bon, tout n’est pas à jeter non plus dans cet arc, je pense notamment à l’arrestation de Piolan qui rappelle que son personnage est nuancé, qu’il n’est pas manichéen. De par ce procédé on réhumanise notamment le peuple de Yaome, qui est montré comme une société comme une autre. La vieille n’a pas été enfermé pour rien.
Mais il y a aussi de bonnes idées très frustrantes, je pense notamment au retour complètement inattendu (enfin ça aurait été encore mieux si on avait pas déjà vu le personnage de Hayase plus tôt sans aucune raison) du personnage de Paloma qu’on ne s’attendait pas du tout à revoir de la sorte. C’est là que le ressort tragique de la fin de l’arc 3 prend tout son sens et son ampleur quand au futur d’Imm qui va devoir endurer le deuil de tous ceux qu’il rencontre. La mort de Paloma aurait pu transmettre un message fort, celle de l’insignifiance d’une vie à travers le temps, on ne saura jamais comment elle est morte. Un simple rire diabolique de Hayase avec un « Tiens Paloma, comme on se retrouve » aurait eu le même effet en même temps de laisser planer le doute. Mais au lieu de ça Hayase nous raconte toute l’histoire juste après la métamorphose en plus de rajouter un flash-back, ce qui détruit complètement toute la tension et les imaginations les plus horribles du spectateur. Bravo Yoshitoki Oima, c’est sans doute un des plus grands buts contre son camps de l’histoire des mangas (et de la japanime).
Mais paradoxalement, même si Hayase détruit ce qui aurait pu être une des meilleures scènes de la série, il faut bien dire que c’est son personnage qui sauve ce quatrième arc. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose que le meilleur personnage de la série se retrouve dans le pire arc, mais il est clair que le personnage de Hayase crève l’écran, en plus de faire avancer tous les arcs narratifs qui stagnaient jusque là. Tonali se retrouve enfin au premier plan, face à ses responsabilités de part son rôle de chef de l’île, où elle va trouver sa Némésis en le personnage d’Hayase, que ce soit dans leur vision des choses, l’une pensant que c’est ce climat qui fait de certains des monstres quand l’autre appelle à la divination d’Imm pour sauver l’humanité. Cette opposition se poursuit dans leur rapport avec Imm avec deux forme d’amour distinctes, la protagoniste sincère vers le personnage et la folie amoureuse de Hayase. L’antagoniste permet aussi le parallèle entre la fille et son père, et son avancée hors de l’insignifiance qui va donc lui causer des problèmes. C’est aussi elle qui va persuader Imm de poursuivre dans sa voix d’autosuffisance, en apparaissant comme la seule pouvant le sauver.
Le problème c’est que son manque de présence se fait rapidement sentir dès qu’elle quitte le premier plan. L’aigle qui ressuscite, les enfants qui reviennent comme par magie pour se faire tuer d’une manière pas du tout importante, le combat final moyen et Imm qui tuent tous les infectés en une attaque alors qu’on sait qu’ils sont répandus sur toute l’île. Je ne vais pas revenir sur tous les problèmes dans cette fin d’arc car j’ai plus envie de vous parler de positif dans cette critique, mais retenez que c’est vraiment pas très bien.
Je ne vous cache pas que l’arc Jananda est pour moi le pire arc de To Your Eernity, avec un final qu’on pourrait même qualifier de mauvais. Il est beaucoup trop brouillon est accéléré, ce qui bride les émotions que l’œuvre voulait transmettre (je pense notamment au fait qu’il tue tous les zombies en deux coups de lance flamme alors qu’on a très bien vu qu’ils se sont dispersés). C’était sur ça qu’il fallait garder le mystère, pas sur tous ces événements illogiques du final.
Et c’est d’autant plus marquant qu’à l’instant où Imm quitte l’île, il se passe une des meilleures scènes de la série. La force de ce moment se joue surtout avec le fait que Hayase a déjà esquiver plusieurs fois la mort, malgré des défaites à répétition et un état psychologique de plus en plus détérioré. Chose amusante d’ailleurs, elle qui se moquait de Ninnana pour ses superstitions a fini elle même par devenir religieuse. Cette protection scénaristique donnait à croire qu’elle deviendrait une ennemie récurrente de l’intrigue. La stupéfaction est donc totale quand celle ci est prise au piège et condamnée par ce même frappeur qu’elle prenait de haut, c’est d’ailleurs commun au personnage de se faire punir par ceux dont elle se sentait supérieure. Ce qui est amusant avec ce retournement, c’est que même si inattendu (on suppose la mort de celle qu’on pensait devenir récurrente), il ne change pas avec le fait qu’on reverra sans doute Hayase, au moins une fois par la suite, pour que Imm l’achève une bonne fois pour toute (ou peut-être pas, ou peut-être a-t-elle réussi à échapper au frappeur, vous voyez, ça c’est une bonne utilisation du mystère). Cet arc relativement inutile prendra fin là ou l’arc 3 était censé nous amener, sur l'île de Sarlnine.
Il était important de faire cet épilogue, déjà car finir l’histoire par l’arc 4 n’avait aucun sens, étant donné qu’il se voulait comme le début des aventures d’un Imm qui a atteint une forme de raisonnement final (il se comporte comme un être humain), mais aussi pour montrer que l’arc Jananda n’est que la noix fade servie sur un plateau de fromages périgordins (j’avoue, cette métaphore est technique). De plus, on peut voir qu’entre cet arc et le suivant, il va s’écouler près de 20 ans, ce qui aurait été beaucoup plus compliqué à faire passer au spectateur que les 4 petites années de l’arc 3, surtout si c’était pour un seul arc de 6 épisodes. C’est selon moi la meilleure façon de finir la série et les gérants de l’adaptation ont bien fait de ne pas essayer de faire plus où moins pour racoler au nombre d’épisodes classiques des sorties de saison de la japanime (12/13 ou 24/25 épisodes).
Surtout que cet Épilogue se construit en parallèle de l’arc 1, avec des retrouvailles annonçant le début d’un voyage, qui vont finalement conduire à la mort d’un des deux personnages. Bien sûr, il y a une opposition entre la mort triste, froide et injuste du garçon est celle plus paisible de Piolan, ainsi que si le premier lui a fait découvrir la vie, Piolan va lui faire comprendre que peut importe ses efforts, son entourage va finir par mourir. En tuant celle qui était présente (en arrière plan) durant presque toute l’histoire, on a bien sûr le symbole du temps qui avance, mais aussi qu’il détruit les hommes (Piolan devient folle et s’écarte d’Imm avant même sa mort). C’est aussi bien qu’on ne sache pas en quoi elle va se réincarner (ou pas, foutu générique) pour entretenir ce mystère. Un ultime plan montrant Imm des années plus tard pour expliquer que malgré sa faiblesse, il domine son monde, Cet être fragile mais en aucun cas faible, ça ne vous rappelle rien ? Imm a enfin réussi à devenir comme Gugu. Elle est là la signification de cette fin, le temps passe, rien ne change mais Imm évolue
Quand j’y pense, To Your Eternity ressemble au voyage d’Eleina dont j’ai déjà parlé au début de l’année (la boucle est bouclée), à ceci près qu’il traite plus de l’aspect temporel là où Eleina se penche plus sur la société, à l’individu par le choc des cultures, de rencontres, mais aussi dans cette idée que la sorcière est spectatrice à ce monde. Je pense d’ailleurs que le manga est à pied d’égalité avec Eleina, mais je ne peux malheureusement pas en dire de même pour l’adaptation qui souffrent de vilains défauts.
A commencer par un générique qui en dévoile beaucoup trop, surtout qu’on est dans une série basée sur le fait qu’on ne sait pas de quoi sera fait demain, il est donc assez cocasse qu’on connaisse les grandes lignes. Mais pour rentrer dans le vif du sujet, il y a deux défauts majeurs dans cette adaptation de To Your Eternity, (autre que ceux plus communs à une adaptation japonaise comme des dessins moins soignés, une perte de l’ambiance (notamment onirique et dramatique) créée) à commencer par son rythme. Je dois accorder que ce point n’est pas évident à adapter, mais on a perdu cette idée de contemplation de l’image, de regarder et reregarder une case voir même de revenir dessus, ce qui est dommage quand on sait que cette lenteur était un appuie majeure de l’atmosphère onirique (tout me premier arc) mais aussi horrifique (pas dans le sens de véritable peur) avec le visage déformé d’Hayase dans l’arc 4 par exemple. Mais j’ai aussi l’impression qu’on casse certaines dynamiques de personnages. Dans la version papier de l'épisode 2, March ne comprend pas tout de suite qu'elle va être sacrifiée, et même le spectateur est un peut perdu, il voit juste un peuple content avec la famille triste en privé et tout le monde content, ce n'est qu'après, (car tout du long on suit son regard) une fois dans son espèce de cage qu'on le comprend. J’ai ici l’impression que c’est posé texto beaucoup trop tôt, ce qui ruine vraiment l'ambiance et le début du sous-texte politique installé. Il y a aussi le coté très déshumanisant (surtout dans la première partie) dans les dessins de Gugu, par son absence de visage, ainsi qu’un coté moins fataliste dans la version papier de l’arc 1, là ou l’anime sous entends dès le début qu'il n'y arrivera pas. On brise ici l’espèce de voile d’espoir sur le coté impitoyable de l'univers, on a donc moins le temps de se laisser emporter émotionnellement par ses personnages avant de les condamner, ce qui casse un peu le sentiment d’injustice qu’on est censé ressentir.
Le deuxième problème de cette adaptation vient peut être du fait qu’on donne trop de vie à l’univers. C’est assez étrange dit comme ça mais le peu de détails de l’œuvre originale permettait de ne se concentrer beaucoup plus sur les personnages et ainsi de rendre le discoure paradoxalement plus impersonnel et donc plus universel. Il permet également de mieux établir de parallèles entre les arcs. Je pense notamment à l’arc 2 qui va montrer que le paradis dont parle le garçon aux cheveux blancs n'en est pas un et que même dans ce nouveau monde Imm ne peut pas atteindre ces fameux fruits. C’est en s’adaptant à chaque monde qu’Imm devient plus fort, même si pour cela il doit aller de tragédie en tragédie, la malédiction de son immortalité, c’est d’ailleurs une des clefs de compréhension de ce qu’est Imm mais on y reviendra plus tard. Je pense que j’aurais pu outre passé les défauts (très mineurs) de la série, si seulement elle ne reprenait pas plan pour plan les cases (à peu de choses prêt) illustrées du manga (en moins joli, forcément). Attention, je ne dis pas que c’est une mauvaise adaptation, ni même une mauvaise série, juste qu’on ne peut pas la dissocier de son contenue originelle, ce qui m’empêche de l’apprécier pleinement en tant que nouvelle œuvre.
Dans ma précédente critique, j’ai déjà associé le fait qu’Imm soit un témoin et celui qu’il soit un martyr en utilisant l’étymologie du mot (provenant du grec ancien μάρτυρος, márturos signifiant un témoin). Ce profile de martyr est appuyé par des contradiction, notamment son rôle de divin intemporel, de la mémoire de de ce monde qui vient s’amoindrir par son impuissance vis à vis de ce même monde. Malgré tout il ressort de "To Your Eternity" une sphère poétique indéniable qui accompagnera son héros et son univers. La beauté des environnements, des personnages et surtout du voyage d’Imm seront les rares moments où on n’a pas l’impression que l'éternité qui se construit n'est rien d'autre qu'une lente agonie menant à une mort impossible de son héros principal. C’est une autre clef de compréhension d’Imm, pour savoir qui il est, Imm va devoir comprendre ce que sont les hommes et pourquoi il doit conserver leurs souvenirs et non leurs vies.
Même si Imm est seulement un témoin des histoires qu’il traverse, il n’est cependant pas qu’un décore, évoluant au fil des rencontres et possédant ses propres développements et ennemis. Il a même selon moi cinq adversaires : les frappeurs, les individus/sociétés, le temps, son créateur et bien sûr lui même qui va se construire une identité au fil de ses rencontres avec les être humains. Tous ces affrontements sont louables et rythment l’histoire, en plus de requestionner l’importance même de la quête voulue par le créateur, c’est beaucoup plus compliqué qu’une lutte du bien contre le mal: Imm a le choix d’aller ou il veut et d’évoluer, ce n’est pas un quête visant à tuer un tel ou à sauver le monde. Une troisième clef de compréhension de la quête d’Imm qui a beaucoup trop de libre arbitre pour être un pion, mais pas assez de puissance et d’omniscience pour être un dieu.
Dans To Your Eternity, la seule joie possible vient de l'illusion d’un certain bonheur de
ce que les hommes appellent espoirs et qui n'est en réalité qu'une succession de désillusions qui les amèneront à mourir dans l'insignifiance, car insignifiant par rapport au monde et balayé par l'épreuve du temps. To your eternity est une oeuvre profondément fataliste, j'irai même jusqu'à dire misanthrope la seule chose qui contrebalance cette ambiance c'est ses personnages qu'on a envie de voir survivre. C'est nos espoirs qui créent l'espoir de l’œuvre.
Et pourtant c’est dans ce fatalisme que va émerger la rédemption de chaque rencontre d’Imm et surtout, de sa raison d’être. En effet à défaut de les sauver de l’insignifiance, il va réussir (inconsciemment) à réaliser leur rêve (le garçon du début va explorer le monde devenant le visage d’Imm, March va devenir mère d’un Imm qui a du mal à s’acclimater à l’espèce humaine, ect...). Elle est là pour moi la raison d’être d’Imm, ce n’est pas la mémoire des glorieux massacres, témoins de l’horreur humaine, Imm est la mémoire de ceux qu’on oublie, ceux qui ont passé leur vie à vivre gaiement leur insignifiance. En faisant cela, Imm devient plus qu’une mémoire, il dévient le témoin du temps qui passe, que les mœurs évoluent, que les maisons deviennent plus grandes, plus solides mais que les petits humains que nous avons honteusement oubliés eux ont continué de rêver. En faisant cela Imm devient la clef de rédemption de l’humanité. "To Your Eternity" nous envoie ici dans un horrible monde poétique sondant l'humanité à travers des personnages forts, toute son existence, ses débauches comme ses victoire pour apprendre à Imm...non pour lui donner un sens à son Eternité.
C’est à l’épreuve de la réalité que j’ai compris ce que tu étais,
voilà pourquoi ton voyage ne fait que commencer Imm.
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le 5 déc. 2021
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