To Your Subtility

To Your Eternity aurait pu être une série marquante, brillante et bien réalisée, mais une fois de plus elle tombe dans certains écueils classiques des animés.

La série est assez larmoyante

On comprend très vite que chaque situation va finir de telle ou telle façon, toujours dans l’optique d’arracher une petite larme au spectateur. Personnellement ces scènes m’ont presque toutes laissées de marbre.
D’une part parce que les situations sont parfois tellement saugrenues, irréalistes et animesques qu’on ne rentre tout simplement pas dans l’histoire. Par exemple l’histoire de Gougou qui sauve in extremis une passante qui est enfaite son amoureuse, il se fait écraser par un gros tronc sur la tête, mais enfaite, il est seulement défiguré et ducoup il se fait sauver par un papy qui l’adopte, (il crée par la même occasion une réserve d’alcool dans son corps, cadeau), puis ce même papy (qu’est ce qu’il est bon..) adopte la fille en question (alors qu’elle vivait dans sa famille bourgeoise), et qu’au final elle vit sous le même toit que lui sans le savoir etc..).
D’autre part parce qu’on enchaîne les arcs narratifs et les nouveaux personnages comme à l’usine. Comment peut on espérer s’attrister de la mort d’un personnage qui non seulement n’est là que depuis 2 épisodes, mais en plus on sait pertinemment à l’avance qu’il va être effacé de l’intrigue très rapidement (à l’instar de Wonder Eggs Priority).

Le manque de subtilité

Dans le deuxième arc narratif par exemple, on nous présente une tribu assez archaïque, mais on a droit aux comportements sociaux animesques : «Je suis trop désolé de t’infliger ça ! Courage ! Tu vas y arriver si tu y crois!». Et puis là où on aurait pu réellement crée un drame intelligent et une réflexion nuancée sur la tradition, on a la soupe habituelle : «olala les vieux ils sont trop bêtes à suivre la méchante tradition du sacrifice, ils n’ont aucun cœur et se moquent de la douleur des autres, les méchants !».
Dans le troisième arc, on voit Gougou assit comme un dark sasuke caché dans les buissons, et les passants parlent comme par hasard de lui en mode « Quel monstre, ahahaha c’est vraiment un monstre!», comme ça on comprend très subtilement qu’il est mal vu. Puis Gougou surenchérit avec la rengaine habituelle du «suis-je un monstre..je ne mérite pas de vivre!».
Sans parler du flash back cliché de la jeune blonde souriante avec le fameux plan fixe sur fond multicolore avec des bulles pour montrer qu’il est vraiment amoureux d’elle (une originalité dans la mise en scène à couper le souffle..). Enfin, comme dans tout les mauvais shonen (Naruto et Tanjiro je ne vous pardonnerai pas), il y a parfois une sur-explication de ce qui se déroule à l’écran au cas où le spectateur est un peu trop abruti pour comprendre.

Les qualités contemplatives et philosophiques

Tout d’abord, on est assez bien immergé dans l’aventure d’Imm, on ressent bien la sensation d’errance et de voyage, l’ambiance n’est pas aussi réussie que dans Samourai Champloo mais on découvre avec plaisir des nouveaux lieux et personnages aussi attrayants que conviviaux (on remarquera le soin accordé aux couleurs et au chara design qui permet de donner une identité à chaque personnage), et parfois même tragiques (le premier arc annonce la couleur).
On s’attache à quelque chose qui cherche à devenir quelqu’un, une quête d’identité et de sentiments qui le rendent vivant mais qui peuvent aussi se montrer destructeur (bon après c’est un sujet vu et revu qui n’est pas particulièrement bien mis en scène ici, dans le même genre j’ai légèrement préféré Dororo).
Et puis il y aussi ce rapport à la mémoire, Imm est le témoin impuissant du monde. Comme l’arche de Noé, le protagoniste semble responsable du devoir de mémoire de la vie sur Terre, pour les sauver de la mort, du néant et de l’oubli. Les combats permettent de développer cette confrontation envers lui même, il se bat contre son double qui altère sa mémoire, il se bat contre l’oubli. Mais c’est surtout un prétexte pour montrer l’utilité des différentes formes d’Imm, et puis j’ai trouvés les scènes d’action assez artificielles et ennuyeuses (rien d’ingénieux dans la mise en scène et une animation plate qui ne prend pas de risque).

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Au final, l’animé a des nombreuses qualités, mais l’aspiration à la poésie, à la philosophie et au voyage est assez superficielle car une fois de plus dans le monde de l’animation japonaise, tout semble lissé, pas naturel et la mise en scène se contente du minimum. Si le scénario intrasèque vous intéresse, je vous invite à lire le petit bijou Souvenir d’Emanon qui propose la même intrigue (avec un être hors-temps spectateur du monde), mais débarrassée de tous les dialogues, combats et artifices de To Your Eternity.