Infinite Memories

Commençons en préambule par le point le plus important de cette série: Yoshitoko Ooima est une génie. Après "Koe no katachi", elle revient sur la scène avec une série qui est plutôt unique dans son principe. N'oubliez pas son nom car elle n'a pas fini de produire de l'or à partir de simples feuilles de mangas.

Ceci dit, "Fumetsu no anata e" est un anime en 20 épisodes (à cheval sur printemps / été 2021) qui ne paye pas de mine au premier abord. En lisant le synopsis on est intrigué et on ne pige rien, et c'est normal. L'idée même de l'anime semble être un partage d'une expérience, au travers du récit par le narrateur qui a lui même fait en sorte que cela arrive.

Au début de l'histoire, il y a une sphère. Juste une orbe qui par mimétisme devient une pierre. Un jour alors que la température baisse, un loup vient mourir sur cette pierre. La pierre devient alors ce loup, qui divaguant retrouve au final son maître, un jeune garçon attendant le retour des habitants de son village, partis chercher l'aventure et surtout de la nourriture vers le sud. Ne les voyant pas revenir, il part alors à leur recherche, mais se blessera en chemin.

• Art visuel

Si l'anime ne brille pas particulièrement par son art à mon humble avis, il ne déroge quasi jamais d'une certaine qualité. Cela aurait du être la phrase que j'aurais écrite avant l'épisode 17, et l'épisode 17 a montré les limites d'une production d'un anime en 20 épisodes, et un mal qui me semble être assez commun dans l'animation japonaise. Entre les épisodes récap pour gagner de temps en production et une sorte de baisse de qualité flagrante, on est pas gâtés cette saison. Mais au moins le chara design est très réussi, pourra parfois vous provoquer des haut-le-cœur car certaines scènes sont plutôt terribles à regarder. Et vu que tout cela est un ensemble cohérent, on en finirait par pardonner le studio "Brain's Base" d'avoir, peut-être, oublié de mettre les moyens en permanence.
Mais je leur accorde au moins la volonté d'avoir assuré l'essentiel.

• Son

Curieusement, l'opening et l'ending sont en fait dispensables. Non pas qu'ils ne soient pas de qualité, mais autant l'opening est un cri à la mémoire, autant l'ending est un hommage à la détresse. Je crois que cet anime n'avait presque pas besoin d'en rajouter, mais je ne sais pas vraiment l'expliquer et je m'en excuse. Quoi qu'il en soit, j'adore cet opening.
Un gros gros gros plus sur le comédien de doublage de "Fushi", Reiji Kawashima, dont le travail est très bon. Enfin c'est dur d'en dire plus sans trop en dire sur l'anime, que c'est frustrant de parler de cet anime :)

• Histoire

LE gros point fort de l'anime. En partant d'une simple pierre, on arrive très loin, bien plus loin que vous ne l'imaginez. C'est simple, essayez de vous représenter le cours du temps dans l'anime comme une suite de fibonacci. Le temps est exponentiel dans l'histoire, allant très vite au départ et l'expérience du visionnage change avec la maturité de "Fushi" (n.b: je mets son nom entre guillemets car il ne connait pas son nom). Et hélas, cela a un inconvénient. L'aspect dramatique de l'anime est très fort, comme dans des animes que l'on classe très haut dans le panthéon de l'animation.
C'est simple. Regardez le premier épisode (je ne sais pas si la VF est suffisante cependant), et osez me dire que ce n'est pas l'épisode, ou du moins l'un des épisodes d'une série animés le plus marquants de tous les temps. Si vous aimez l'animation japonaise, vous connaissez le concept d'arc. Imaginez en voir un en 25 minutes, mais pas 25 minutes expédiées, bâclées. L'anime vous arrache le cœur et y va graver un souvenir impérissable avant de bien vouloir vous le rendre.
C'est pour ça que Yoshitoko Ooima est une génie. Du moins j'imagine le rythme du manga à l'identique, si ce n'est pas le cas... et bien l'histoire reste néanmoins bouleversante. Car une fois que l'anime vous a bien tabassé avec un épisode 1 complètement maitrisé, l'anime continue sur une seconde histoire où notre ami "Fushi" rencontre de nouvelles personnes. Et ça va encore pleurer. Au départ j'essayais de prendre du recul, mais c'est difficile car il en va de votre compréhension de l'évolution du héros. Et le scénario n'hésite pas une seule seconde à être cruel, à montrer le pire et le meilleur pour justifier ce que vous verrez. Et il y a des scènes que vous n'êtes pas prêt d'oublier.

• Conclusion

Pour faire court, hormis le souci de qualité dans le dessin (et c'est valable aussi sur le dernier épisode...) Cet anime a une ambiance et une âme différente. A travers les yeux du narrateur et dans le but de comprendre et de suivre une sphère (rien à voir avec Gantz), vous allez vivre quelque chose de plutôt unique. N'étant pas spectateur de ce genre d'anime normalement, il m'a eu totalement et facilement (ce qu'un Tower of God n'a pas réussi, je suis difficile...).
Cela peut sembler très maigre de parler de l'anime qu'à travers des concepts, des approximations mais c'est pour le mieux car on ne peut pas parler des personnages à mon humble avis si on ne sait pas les circonstances, et cet anime marche avec le temps, et selon son propre temps d'ailleurs. Il se crée des situations qui vont vous émouvoir, aux larmes parfois, et qui pourront vous transporter dans une quête qui pourrait exister dans notre monde avec la menace d'une survie de l'espace plutôt présente avec le changement climatique. Et enfin, l'anime fait 20 épisodes, ce qui respectable comme durée (et Aquatope of white sand a cette même caractéristique, alors je suis trop joie cet été)

L'anime est dispo sur deux plateformes, je l'ai vu sur celle qui croustille sous la dent.

P.S: tout ou partie de cette critique n'est pas réutilisable sauf corruption à base de fruits qui ressemble à une sorte de poire, car je n'aime pas qu'on se fiche de ma pomme.