Top of the Lake
7.3
Top of the Lake

Série SundanceTV (2013)

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Une série fascinante et qui laisse le spectateur sur une sensation de malaise qui ne se dissipe que difficilement.


Je connais mal l'oeuvre de Jane Campion, outre La Leçon de Piano, mais il me semble que la réalisatrice écrit toujours des personnages féminins extrêmement convaincants qui savent exister en dehors des rapports de séduction tout en s'interrogeant toujours sur l'attirance et son inéluctabilité.


Dans Top of the Lake, elle met en scène une enquêtrice spécialisée dans les affaires de pédophilie qui retourne dans sa ville natale en Nouvelle-Zélande, pour mener l'enquête sur la grossesse d'une jeune fille de 12 ans, alors qu'elle-même avait été dans une situation similaire des années auparavant. Outre l'enquête, il lui faudra affronter son passé et ses démons. L'affrontement d'un personnage féminin ultra-sensible/bilisé à la violence sexuelle exercée contre les femmes et une société patriarcale violente est le sujet central du récit.


La mini-série exploite au maximum le potentiel de son merveilleux casting. Elizabeth Moss, que je connais de Mad Men, est la raison qui m'a poussé à regarder le show. Elle a été récompensé avec justice pour une performance d'une incomparable justesse. Elle réussit à mêler le professionnalisme de l'enquêtrice entraînée, sûre d'elle et de ses méthodes, avec le fantôme de la jeune fille violée au même endroit des années auparavant : ce qui la rend à la fois attachante mais aussi alarmante. On ignore à quel point Robin est digne de confiance et solide. On reste toujours effrayé lors de ses interactions avec les représentants de cette société machiste et violente qui l'a déjà blessée et abîmée une première fois.


Mais ce sont les personnages qui évoluent autour de Robin qui sont les plus marquants. Inquiétants, dérangeants, il y a l'ancien petit ami, proche des suspects principaux de l'enquête, les collègues policiers, tout aussi menaçants que les autres liés eux-aussi à ce climat de violence machiste... Aucun n'inspire confiance et pourtant aucun ne semble complètement indigne ou inexcusable... Le campement de femmes, supposément utopie féminine où les créatures blessées peuvent se retirer du monde viril, obéissent à une gourou sans valeurs ni conviction, qui ne semble être là que tant que ça ne l'ennuie pas trop. Le contre-modèle n'est pas bien convaincant. Le personnage de Holly Hunter fonctionne exclusivement sur l'agression comme recherche de vérité. On attend sans cesse d'être convaincu de sa "sainteté" sans qu'aucun élément ne vienne jamais l'étayer. Le personnage reste obstinément glaçant et antipathique.


Il faut attendre l'extrême fin du récit avoir la résolution de l'enquête et comprendre clairement la vérité et, de ce fait, l'origine du malaise.


J'ai particulièrement appréciée la fausse conclusion qui mène à l'ultime retournement de situation. Même si l'enquête semble close, on a bien la sensation que quelque chose ne colle pas, ne tourne pas rond.


La fin, brillante par son aspect allusif, m'a hanté longtemps. Cette première résolution illusoire pérennise le malaise qui restera bien après le générique de fin.


Une expérience marquante.


CETTE CRITIQUE NE PORTE QUE SUR LA SAISON 1 DE TOP OF THE LAKE

Æsahættr
9
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Créée

le 4 mai 2014

Critique lue 339 fois

Æsahættr

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