Thèmes : Histoire / Période Joseon / Intrigue politique / Drame
Romance : 10 % / Bromance : 10 % / Paternalisme : 0% / Féminisme : 30 % *
Le roi Taejong (ou Yi Bang-won) assoiffé de pouvoir, fait assassiner quiconque ne partage pas ses idées ou se rebelle contre lui. Son fils Lee-do, futur roi Sejong, est révolté par l'attitude et les méthodes radicales de son père. Il rêve d'un règne pacifique et laisser le droit à chacun d'exprimer ses idées. Lorsque Taejong meurt, Sejong se trouve libéré d’un fardeau pour en endosser un autre : celui de père de son peuple, seul au pouvoir pour la première fois.
Quelques années plus tard, une série de meurtres ébranle le palais royal. Le roi confie l’enquête à un garde de l'enceinte, Kang Chae-yoon, sans savoir que derrière ce nom d'emprunt se cache Ddol-bok, qui a assisté à la mort de son père lorsqu'il était enfant et en considère le souverain comme responsable. En s'introduisant au palais, son but est de l'assassiner...
La série, tournée en 2011, est la “suite” de Six Flying Dragons (tourné 4 ans plus tard), l’un de mes dramas chouchous, dans lequel Yi Bang-won (futur roi Taejong) était interprété par Yoo Ah-in. Difficile donc de ne pas comparer les deux ou de ne pas remettre en perspective l’un par rapport à l’autre. Et effectivement, des détails ne collent pas entre les deux, comme le personnage de Yi Bang-ji (Byun Yo-han dans SFD) qui ici semble beaucoup trop âgé par rapport à Moo-huyl, alors que les deux ont des âges similaires dans SFD et qu’ils sont amis (ce qui n’est pas le cas ici). Et puis le récit de la manière dont Yi Bang-ji
n’a pas pu sauver Sambong
est différente... Voilà pour les anecdotes, sachant que l’on peut bien sûr prendre les deux séries pour deux entités différentes.
Si, un dernier détail : on retrouve un casting très similaire à celui de SFD : de nombreux comédiens (notamment dans les rôles secondaires) sont dans les deux séries.
La série met en scène la création et la difficile mise en place du hangeul (l’alphabet coréen). En effet, le roi Sejong (dit Sejong le Grand) est celui qui a créé cet alphabet simple de 28 caractères seulement, dans le but d’instruire son peuple et de l’élever. Jusque là, le coréen était uniquement une langue orale, et l’apprentissage de la lecture et de l’écriture (les milliers de caractères chinois) était réservé à l’élite, le peuple n’ayant ni le temps ni la possibilité d’acquérir cette connaissance. C’était donc la cause principale de l’analphabétisme des coréens.
Sejong, superbement interprété ici par le magnifique Han Suk-kyu, dont le visage doux exprime une bienveillance de chaque instant, était en avance sur son époque, fortement préoccupé par le bien être de son peuple, par son bonheur, persuadé que son alphabet pouvait être l’élément capable de permettre une remise en cause en profondeur de son pays. Nous le voyons ici patiemment relever et cataloguer tous les sons et les phonèmes de la langue de Joseon, cela avec l’aide de quelques proches triés sur le volet, partageant les valeurs du roi. Il est intéressant de constater que les quatre personnes qu’il a choisi pour le seconder sont de jeunes femmes, dont So-yi (Da-ma pour Ddol-bok), celle pour laquelle il a la plus infinie des tendresses, une jeune femme dont un traumatisme (lié à son passé commun avec Ddol-bok) l’a privé de sa voix… Le roi qui se sent responsable et qui aimerait tant l’entendre parler…
C’est une superbe leçon d’histoire, menée par un personnage fascinant d’altruisme et de rage contenue. Lee-do, devenu Sejong, porte sur ses épaules le poids des erreurs de son père. Ce père, à l’origine de la détermination du mouvement Milbon (les racines secrètes, c’est à dire le peuple), créé par Jeong Do-jeon (Sambong) quarante ans plus tôt. Le personnage de Sambong, qui était au cœur de l’intrigue de SFD comme celui autour duquel les autres personnages s’articulaient, monstre d’intelligence, de tactique et de charisme. Sambong, préoccupé par les souffrance du peuple, fut l’architecte de Joseon. Il
fut assassiné par Yi Bang-won (Taejong) qui voulait rétablir une monarchie absolue.
Dans Tree with deep roots, Milbon est comme une pieuvre, ayant des membres infiltrés partout, parmi le peuple comme à l’intérieur du palais. Milbon va s’opposer (via son chef Jeong Gi-jun, neveu de Sambong) à l’alphabet de Sejong, Milbon qui se réclame de Sambong mais qui semble en avoir oublié les principes fondamentaux, effrayé à l’idée que le peuple puisse “grandir”, prêt à tout pour conserver ses privilèges d’aristocrate. A noter qu'à aucun moment Jeong Gi-jun n'évoque Sejong par son nom de souverain : lorsqu'il parle ou s'adresse à lui, il utilise le nom de Lee-do. Ce qui montre son mépris du dirigeant et par extension de ce qu'il essaie d'accomplir.
Il est donc amusant de constater qu’ici, c’est dans les sphères du pouvoir que l’on est éclairé, alors que le groupe révolutionnaire s’inscrit dans un conservatisme profond. Sejong est ici bien plus proche de Sambong que ne pourra jamais l’être Jeong Gi-jun.
Tree with deep roots est aussi une série intéressante sur l’exercice du pouvoir, sur le poids des responsabilités, sur l’obligation de faire passer son devoir avant tout le reste. Car la série parle de sacrifice et de prix à payer. Et le prix à payer par Lee-do sera écrasant…
C’est donc une superbe évocation, un peu longue toutefois (24 épisodes en tout) avec des répétitions dans les dialogues, surtout que la série est moins touffue et moins dense que SFD. Elle compte moins de personnages, l’intrigue est plus “simple” (moins de rebondissements). Tout ça pour dire que 16 à 18 épisodes auraient fait l’affaire.
Autre point qui m’a moins emballée : Jang Hyuk, qui joue Kang Chae-yoon. Je ne sais pas de qui ça vient, de l’acteur ou du personnage, mais je n’ai jamais réussi à le supporter. Il passe son temps à crier et il est horripilant (déjà enfant le personnage était insupportable, donc c’est peut être bien le personnage). Et physiquement, il me dérange aussi : je veux dire son côté un peu trop costaud. J’aurais préféré un comédien plus nerveux, peut être plus filiforme, moins “large”. Et idem, j’ai trouvé que Yoon Je-moon (qui interprète Jeong Gi-yun) n’est pas suffisamment charismatique. Pas à la hauteur du personnage. En fait, la série pêche un peu par manque d'un (ou de) grand(s) personnage(s) bouillonnant(s), là où SFD en regorgeait. Heureusement, Han Suk-kyu est parfait, pétri d’humanité, déterminé et vidé par son combat. Il porte l'histoire sur ses épaules, comme Sejong a porté sa création. J’ai retrouvé aussi Shin Se-kyung (So-yi) -qui jouait Bun-i dans SFD- avec grand plaisir.
Un beau kdrama humaniste et intelligent, sur les lumières face au conservatisme, sur la nécessité d’apprendre et sur l’exercice du pouvoir et ses sacrifices.
*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094