This city won't wash away This city won't ever drown
C’est avec beaucoup d’émotions que je viens de terminer la troisième saison de Treme.
Alors que tous s’impatientent de l’arrivée de la saison 4 de Game of thrones, moi je n’attends et ne redoute qu’une seule chose : la saison finale de ce petit bijoux d’HBO qu’est Treme.
Cette série est une véritable merveille, tout y crie la vie : ces lieux dévastés, cette ribambelle de personnages hauts en couleur, un scénario d’une finesse incroyable, ces acteurs si justes et enfin cette musique, mon Dieu, cette musique !
Pourtant, j’ai mis du temps à rentrer dans l’univers de la série, celui de la Nouvelle-Orléans et de ses incroyables traditions. J’ai même fait une pause en début de saison deux. Et tiens, coïncidence (je ne crois pas), il m’est arrivé la même chose pour Six feet under, qui est devenue ma série favorite.
Pourquoi cette pause ? Et bien le rythme de la série est lent, il n’y a pas énormément d’actions, mais surtout les personnages sont complexes et il nous faut du temps pour apprendre à les connaître et à les apprécier :
- Davis, le plus black des habitants du Treme, éternel optimiste farfelu s’il en ait
- Baptiste, tromboniste au regard espiègle
- Toni, mère attentive, perpétuelle résistante contre l’injustice
- Ladonna, force de la nature
- Delmond, trompettiste virtuose au cœur appartenant toujours à la Nouvelle-Orléans
- Big chief, charismatique ours si passionné
- Janette, chef talentueuse qui ne rêve que de Mardi Gras
- Sonny, doux paumé
- Et enfin Annie, violoniste surdouée qui ne rêve que de composer
Les personnages ne sont pas les seuls à nous laisser perplexe. Au départ, c’est avant tout la ville que nous ne comprenons pas : Ces gens qui chantent et qui dansent sans arrêt, qui se déguisent, des indiens qui se baladent dans les rues en costume, des maisons détruites par Katrina, cette violence…
Au début tout cela, nous ne sommes pas capables de l’envisager… Pourquoi ces gens voudraient-il revenir à la Nouvelle-Orléans ? Pourquoi ne pas laisser cette ville à la criminalité dramatique derrière eux ?
Et puis, vient un moment où l’on comprend, on ressent, on vit à la Nouvelle-Orléans. Nous aussi nous avons vécu Katrina, nous aussi nous nous battons contre l’administration Bush, incapable de gérer les compensations aux habitants. Plus que ça, on attend qu’une seule chose : Mardi gras, « the second line », le nouveau costume de Big chief... Tout ce que l’on voit ce sont des individus courageux, débordant d’amour et de vie, qui respirent musique, la seule chose leur permettant de gérer la catastrophe qu’ils ont vécu.
A ce moment, aucune de ces traditions ne nous semble déplacée, dépassée, bien au contraire. Le respect de cette communauté envers la musique (il suffit de voir un enterrement), envers les musiciens, mais surtout la solidarité et la bonté dont ces gens font preuve m’ont bouleversé.
Cette série est une ode à la vie et à la musique. Une musique qu’on entend trop rarement, si riche et ancestrale. Du jazz au blues en passant par le R&B, des musiciens professionnels (dont de renommés font leur apparition : Elvis Costello, Fats Domino pour ne citer qu’eux) aux musiciens de rue en passant par les fanfares, tout y passe.
C’est beau, mon Dieu que c’est beau. Je ne veux pas que ça se termine, je ne peux pas quitter la Nouvelle-Orléans , je ne suis pas prête!
Maintenant, quand je marche dans une rue bondée, je cherche des yeux un tromboniste, un vieil homme et sa guitare chantant devant un café, je cherche le carnaval, ses costumes et sa folie ambiante…
Merci David Simon et Eric Overmyer d’avoir créé Treme.