And there's a saxophone !
C'est quand même assez rare que je devienne à ce point accro à une série et c'est en très peu de temps que j'ai dévoré les quatre saisons de "Treme", et quelle claque ! Ce nom vient de "Tremé", un des plus vieux quartiers de La Nouvelle-Orléans, là où les créateurs de la série David Simon et Eric Ovemyer nous envoient. Débutant peu après le passage de l'ouragan Katrina, on y suit le quotidien de plusieurs personnages qui doivent faire face à cette catastrophe et qui voient la façon dont elle a changé (ou non !) le cours de leur vie.
Et quels personnages ! Allant d'un joueur de trombone qui passe d'un club à un autre pour gagner sa vie à un Dj et musicien un peu barge en passant par une chef cuisinière talentueuse, c'est un vrai régal de les suivre. Chaque personnage est intéressant et surtout consistant et plus on avance dans la série, plus on découvre qui ils sont vraiment, leurs passés, leurs ambitions... Que ce soit via ses personnages, l'avancement de l'histoire ou les dialogues, l'écriture est de très grande qualité et quand la mise en scène se hisse aussi à cette hauteur, c'est formidable. La façon dont on est immergé au cœur de cette Nouvelle-Orléans et au plus près de ses humains, avec leur qualité, charme et défaut, a été un vrai bonheur. Ils s'entrecroisent régulièrement, partage toute sorte d'émotion et on passe de l'un à l'autre avec ce sentiment de vivre à leurs côtés et de ressentir leurs joies et peines. Assez vite ils deviennent attachants et à travers eux c'est un vrai cocktail d'émotions où l'on passe du rire aux larmes en passant par diverses joues et déceptions avec brio, le tout de manière fluide et subtile.
Et la musique, quel pied ! Rien que le génial générique avec l'excellent thème de John Boutté (https://www.youtube.com/watch?v=1M1Iagf3GSs) en mettait déjà plein la vue mais on baigne tout le long dans cette musique de la Nouvelle-Orléans où du jazz, diverses de ses variations et même quelques touches de folk, rock et blues viennent régulièrement caresser nos oreilles, souvent de manière chaude, rythmée et festive. Que ce soit via des sections cuivres ou des violons, cette série et les personnages transpirent l'amour de la musique, c'est un élément important et essentiel de leur quotidien et vivre sans est impossible. D'ailleurs plusieurs personnages ont fait de la musique leur gagne-pain, que ce soit dans les rues, dans les bars ou en animant une station radio. Vivre de la musique est un rêve et Treme montre la façon dont eux vont y arriver, ou non. C'est donc au rythmé des envolés de saxophone, violon ou trombone que "Treme" se suit, passant d'un beau jour à musicien des rues à enregistrer un disque avec de célèbres représentants de cette belle musique. D'ailleurs c'est fou le nombre de musiciens allant des plus connus comme Elvis Costello ou Dr John à des locaux qui ont participé à cette série.
Mais "Treme" dépasse le cadre de la musique et aborde aussi une multitude de thématique et dresse le tableau de l'actuelle société américaine où le système désavantage les démunis et la corruption se trouvant à plusieurs niveaux, notamment chez les flics. Abordant l'après Katrina, "Treme" évoque la façon dont cette catastrophe a été géré par les autorités américaines (relogement inactif, maison détruite, affaires criminelles suspectes et très mal géré par la police...) et comment tout cela est répercuté sur les citoyens. Mais c'est aussi les coutumes de la nouvelle-orléans, ce mardi gras annuel obligatoire, la nourriture et la façon de penser et la façon de le retranscrire, parfois proche du documentaire, est la plus immersive possible. Mais "Treme" c'est aussi la vie et les difficultés que l'on trouve régulièrement sur notre chemin, savoir quelle voie prendre, faire les bons choix au bon moment et prendre des risques lorsqu'il le faut. Pour participer à ce réaliste, on ne peut que saluer les prestations des acteurs, sachant se dissimuler derrière les personnages et sachant retranscrire tout un panel d'émotion, d'humanisme et d'ambiguïté, mention spéciale à Wendell Pierce (le génial Antoine Baptise !), Kim Dickens (la prometteuse cuisinière), Clarke Peters (le grand chef) ou encore Michiel Huisman (l'hollandais).
Bref, une série qui m'a fait voyager durant quatre saisons au cœur de la Nouvelle-Orléans,en abordant plusieurs thématiques au son d'une brillante partition jazz et au plus près de personnages terriblement attachants sachant mettre de la bonne humeur malgré de tragiques événements. Un régal.