Treme nous propose de suivre le quotidien des habitants de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, la série commence trois mois après l'ouragan. Inutile de s’attarder sur les ravages causés par le cataclysme, qui, on le sait, ont été terribles.
Une grande partie des habitants de la ville essaie tant bien que mal de retrouver sa vie d'avant, mais les difficultés sont nombreuses, surtout pour ceux de la classe populaires.
L’ouragan a redistribué les cartes mais comment ?
Les administrations sont dépassées et de toute manière pour les élites de la ville, Katrina semble être davantage une occasion qu'un désastre.
L'occasion de se débarrasser d'une population pauvre en grande partie afro américaine.
L’occasion d’effacer du paysage tous ces bars et clubs dont le bruit et les habitués empêchaient depuis si longtemps le changement de standing de certains quartiers.
L'occasion de s’approprier la ville au détriment de ceux qui y vivent, de son âme et de son histoire.
La série se concentre donc sur quelques habitants, tous ont subi les conséquences de l'ouragan ou y sont actuellement confrontés.
Musiciens, chef de cuisine, avocate, chef indien...
Un panel qui se veut représentatif des différentes classes sociales de la cité mais aussi de sa culture.
Treme veut autant nous faire découvrir les déboires des habitants de la Nouvelle-Orléans, que leur héritage culturel.
Pour ce faire, David Simon procède d'une manière différente que dans son autre série culte : The Wire.
Dans cette dernière, le scénariste procède à une critique sociale rigoureuse de Baltimore.
Dans cette description presque parfaite (la saison trois était un peu trop romancée), le quotidien des personnages de la série s’intègre parfaitement au récit. Leurs histoires sont passionnantes mais il faut absolument assimiler le fonctionnement de la ville.
Dans Treme, c'est le quotidien des personnage qui permet de comprendre la situation et la richesse culturelle de la ville. Un parti pris scénaristique totalement différent de celui de The Wire mais à l'objectif équivalent.
Le but était certainement de rendre la série plus accessible, et ça se tient. Faire une série qui s’étale sur plusieurs saisons si elle ne touche qu'un public de passionnés ou de critiques a un intérêt limité même si elle est diffusée sur HBO (chaîne dont l'audience d'une série n'est pas forcement le premier des critères). David Simon a donc probablement voulu rendre sa série plus accessible.
De mon point de vue de passionné, je suis un peu déçu, frustré que je suis de ne pas avoir mon second The Wire.
D'un autre coté, je comprends ce choix scénaristique et j'ai bien conscience que ce qui est un défaut pour moi, qui suis sensible au travail de l'auteur, ne le sera pas forcement pour quelqu'un d'autre.
J'ai ressenti la perte d'un effet dramatique qui aurait pu donner une grande force au récit.
Faire le choix de l’accessibilité est compréhensible mais on y perd en intensité de l'intrigue et même en émotions.
Pour autant, si on occulte le spectre de The Wire, Treme est une série formidable qui a ses qualités propres :déjà pour ce qui est de la critique de la gestion des conséquence de l'ouragan par les différentes administrations, le contrat est rempli et le constat est cinglant.
La découverte de la culture de la Nouvelle-Orléans est aussi une réussite. Les différentes scènes musicales de la ville sont représentées, avec une dominance de jazz, de musique cajun ou de fanfares.
La cuisine a elle aussi une place importante, on aime manger à la Nouvelle-Orléans et la série nous le fait savoir.
Pour ces deux arts, de nombreux artistes et chefs ont fait un passage dans la série pour y jouer leur propre rôle. Pour un connaisseur en jazz ou en cuisine, ça doit être un vrai plaisir j'imagine.
J'imagine car je n'y connais rien, que cela soit en musique ou en cuisine et je ne peux donc pas m'attarder sur ces deux domaines.
Par contre, tout néophyte que je suis, je peux dire que j'ai découvert et ressenti quelque chose de fort, surtout musicalement.
Je me suis retrouvé plongé dans cette atmosphère de fête. J'ai ressenti que pour les habitants de la ville, cela signifiait quelque chose.
Et j'en viens à d'autres grands événements qui rythment tous les ans et pendant plusieurs jours la vie de la cité : le mardi gras et son carnaval qui est à chaque édition un moment dont on nous fait ressentir l'importance, et cela avec beaucoup d’efficacité et d’intensité.
Enfin le dernier point fort de Treme c'est ses personnages : tous sont simplement et terriblement humains. Leur quotidien se veut un peu romancé mais juste ce qui est nécessaire pour attirer l'attention du téléspectateur (la happer aurais-je envie de dire).
Toutes ces raisons font que Treme est une grande série, une série dans l'ombre de The Wire, sa grande sœur, mais qui malgré tout possède ses qualités propres avec un propos et une histoire forte
Je vous conseille fortement Treme : déjà pour son propos mais aussi car découvrir et s’attacher à une ville et ses habitants qui sont de l'autre coté de l'Océan, le tout devant votre écran ça vaut le coup d'essayer à mon avis !