American Police Story

Saison 1 - Poisseuse et hallucinée
Dans True Detective, Matthew McConaughey et Woody Harrelson campent deux policiers que tout oppose dans le bayou cradingue de la Louisiane pour une affaire de meurtre partagée entre passé et présent.
Annoncée comme une véritable petite bombe de la série policière, la courte première saison ne manquait pas d'arguments: les deux acteurs énoncés ci-dessus, Nick Pizzolata à la création et au scénario qui a œuvré avant sur The Killing (US), HBO; Et pour qui n'a pas suivi les épisodes à leur sortie, le bouche à oreille et les critiques élogieuses.
Et bien pour ma part, est-ce que l'attente et les réactions toujours enjouées de mes connaissances ont trop fait grandir mes espoirs ? Possible.
Car au final de cette première saison, je ne crierais pas au chef d'oeuvre ou à la meilleure série de 2014.
Certes, True Detective est bourrée de qualité : interprétation impeccable de l'ensemble du casting (McConaughey fantastique ce qui semble se muer une habitude), atmosphère poisseuse et dérangée, personnages complexes, imparfaits et travaillés, réalisation et lumières immersives. Pourtant la série n'est pas exempte d'un défaut majeur : une lenteur dans le déroulement d'une enquête sans véritables surprises qui ne prend quasiment jamais le spectateur en otage, sauf peut-être dans les deux derniers épisodes. Oui, il ne s'agit là que d'un seul défaut pour beaucoup de qualités mais il vient ternir une oeuvre visuellement et techniquement magnifique pour laquelle on ne ressent finalement que peu de choses (encore une fois si ce n'est lors du dénouement).
Une bonne série policière, il faut le reconnaître mais pour ma part, en dessous de The Killing. Quoiqu'il en soit, même si la curiosité est un vilain défaut, j'attends la saison 2 et sa trame différente avec impatience. 7/10

Saison 2 - Désertique et sombre
Pour cette nouvelle histoire de True Detective, on délaisse la Louisiane poisseuse pour le Los Angeles non moins poisseux. Un Los Angeles loin des clichés de carte postale puisqu'on oscille entre flics véreux, prostitution, gangs et mafieux.
Sur le fond et la forme, je ne partage pas les déceptions entendues tout autour de moi sur cette saison 2, la première n'ayant elle non plus pas réussie à combler entièrement mes attentes. Le cru est sensiblement le même. Une enquête à l'intérêt plus que discutable, prétexte à la mise en place d'une ambiance et de personnages impeccables. Certes, on n'arrive pas à la hauteur de Matthew McConaughey mais le nouveau casting s'en sort avec les honneurs avec pour ma part une grande préférence pour Vince Vaughn et son personnage de mafieux sur le déclin. On retrouve de nouveau ce générique sublime, encore plus absorbant que le premier, LA séquence de tirs à tout va qui nous cloue techniquement à notre canapé, et encore une fois, malgré des lenteurs, deux épisodes finaux parfaits. Les dernières minutes sont fan-tas-ti-ques.
Une bonne deuxième saison pour ma part, qui n'a rien à envier à la première. 7/10

Attendue au tournant Saison 3 - Temporelle et pesante
Le grondement ambiant au terme de la saison 2 avait poussé Nick Pizzolato à prendre son temps pour revenir à la hauteur de sa première saison. Dire que la nouvelle mouture de True Detective était attendue au tournant serait d'abord, me répéter, et ensuite un euphémisme.
Ma tête lorsque le duo fut révélé. L'impeccable Mahershala Ali de Moonlight et le je ne sais pas pourquoi je l'aime toujours autant depuis son rôle de Deacon Frost dans Blade, Stephen Dorff. La hype était totale. Mais la hype classieuse, aux petits oignons mijotés pendant 8 épisodes d'une régularité redoutable.
Cette saison 3 de True Detective revient à ses débuts et raccroche l'ambiance de sa première saison dans une Amérique rurale où la disparition de deux gamins va mettre sur les dents pendant de longues années notre tandem. Et c'est cette temporalité multiple, éclatée sur 3 périodes, qui, au delà de l'intrigue en jeu de piste, donne une puissance à cette nouvelle salve d'épisodes.
Les époques se croisent, se superposent à l'image du générique encore une fois magnifique, et nous pose des questions sans nous donner de réponses, nous donne des réponses avant de nous poser les questions, que ce soit sur l'enquête ou les personnages eux-mêmes.
Mahershala Ali est absolument stupéfiant et Stephen Dorff accompagne ce personnage complexe avec brio.
Une vraie réussite à l'ambiance lourde et trouble jusqu'au dénouement et 6 épisodes qui flirtent avec la perfection.
Pas de doute, ça valait le coup d'attendre. 8/10

Saison 4 - Glaciale et hantée

Exit le duo masculin, c'est deux inspectrices qui vont ici se ronger les ongles jusqu'au sang pour dénouer le mystère d'un homicide multiple sur les glaces de l'Alaska alors que la nuit s'installe pour plusieurs mois. Nous sommes à quelques jours de la fin d'année, période festive durant laquelle Liz Danvers et Evangeline Navarro vont devoir fait fi de leur passé commun pour résoudre ue enquête qui lorgne vers le surnaturel et les croyances locales du grand nord. Encore une fois, True Detective s'appuie sur un duo de personnages meurtris mais résolument prêts à tout pour percer les mystères qui entourent la disparition de ces 8 chercheurs d'une station de recherche arctique.

Si une fois encore cette saison brille par sa qualité et le soin apporté à l'écriture, nous offrant sous les traits de Jodie Foster et Kali Reis un duo d'enquêtrice encore une fois mémorable pour une intrigue haletante et visuellement marquante dans ce désert impitoyable de glace, le choix d'y inclure les sous-thèmes de l'écologie, du féminisme et de la discrimination des peuples autochtones vient surcharger le récit et nous faire douter des bonnes intentions qui y sont associées comme si il fallait absolument respecter un cahier des charges.

Personnellement, je trouve que ce "night county" à sa place dans cette anthologie policière et cette saison vient s'inscrire dans la continuité du show initié par Nic Pizzolatto au nouveau générique qu'on attend avec presque autant d'impatience que chaque nouvelle salve d'épisodes.