True Detective par Charlouille .
True Detective, certainement la plus grosse révélation de ce début d’année 2014. Avec un casting béton, les huit épisodes qui forment cette saison 1 méritaient une page, tant leur réalisation est cinématographique et soignée.
True Detective retrace la traque d’un tueur en série par deux détectives Rust Cohle (Matthew McConaughey) et Martin Hart (Woody Harelson). La trame voyage entre trois époques (1995, 2002, 2012) durant lesquelles les deux agents tentent d’élucider le mystère qui plane autour du meurtre d’une jeune femme coiffée de bois de cerfs et tatouée de dessins sataniques.
True Detective a été crée et scénarisée par Nic Pizzolatto, n’ayant pour le moment qu’une petite liste de projets à son tableau, puisque seulement scénariste de quelques épisodes de The Killing (Série). Avec lui nous retrouvons à la réalisation Cary Fukunaga, réalisateur de deux films notables : Sin Nombre et Jane Eyre. La saison 1 de True Detective comporte huit épisodes d’environ 52 minutes.
Après ce bref rappel, entrons directement dans l’univers glauque et intense de la police d’état de Louisiane. Dans un environnement peu peuplé et marécageux, deux policiers évoluent autour d’une enquête particulière. Ces deux policiers, Rust et Martin, n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Ils sont l’opposé l’un de l’autre à tel point que Martin ne peux écouter la vision qu’a Rust sur le monde et la vermine grouillante. Pour incarner ces deux détectives, deux acteurs reconnus : Matthew McConaughey et Woody Harelson. Après une année 2013 impressionnante, Matthew McConaughey ne se contente pas d’enivrer le spectateur, il donne un corps et une âme à la série. Il est intégralement Rust Cohle, tant sur le plan mental que physique, son être évolue au cours des épisodes. Ce qui est aussi le cas pour Woody Harelson, livrant lui aussi une prestation incroyable. La particularité des épisodes de True Detective c’est ce montage regroupant trois périodes de la vie des deux détectives et de l’avancée de l’enquête. Les personnages évoluent constamment durant chaque épisode. On retrouve nos deux enquêteurs, plus vieux et moins frais par moments, qui nous bluffent par leur changements physique et leur jeu d’acteurs adaptés et différent selon les périodes décrites. Rust est dans le refus tandis que Martin et dans l’acceptation. Martin à une famille, mais trompe sa femme, Rust, lui, a perdu sa fille et vie seul, en contradiction avec l’humain modèle. Chaque personnage est marqué de deux sentiments différents, la culpabilité et l’innocence. L’enjeu, en montrant ces deux jugements moraux, est de permettre de placer Rust et Martin dans une position de faiblesse, d’humain à l’état de fourmis. Rust l’accepte, Martin le rejette. L’enquête avance, couverte par deux êtres perdus dans une Louisiane pesante.
L’épopée est accompagnée par le grand T-Bone Burnett à la composition musicale. Un grand artiste à qui l’on doit notamment les BO des films de Frères Coen, ou encore des œuvres tels que Walk The Line, Crazy Heart. Avec ses compositions et les musiques qui peuplent son univers, il place une atmosphère lourde et intense à ce combat des cerveaux plongés dans un chao social et mental. Les plans sont doux et marquent chaque trait des personnages. On assiste à de grandes scènes d’anthologie entre Matthew McConaughey et Woody Harelson qui en plus de donner un souffle nouveau au phénomène des séries donnent une sérieuse leçon d’acteurs au monde du cinéma. Martin est nerveux, Rust lui est calme et résonné. Tout deux s’affrontent moralement durant les huit épisodes. C’est là que la force du scénario et de la réalisation s’affirme, une série se doit de proposer du rythme, de l’intensité. Ici tout se retrouve dans le timbre de voix des acteurs et leurs regards. Tout deux semblent aussi sur d’eux que perdus. Les dialogues sont justes et piquants plaçant le personnage de Rust dans une vision finie d’un monde qui tombe en ruine. Lui aussi tombe en ruine, mais c’est dans la mort qu’il retrouve le goût de rester sur la surface du globe. On a rarement vu des scènes de champ/contre champ entre deux acteurs dans une voiture aussi puissantes. Pourtant ici, chaque mot nous bluffe, nous cloue au siège et nous font espérer à chaque seconde une continuité de raisonnement. La lumière est grisâtre, les visages sont palots, on évolue avec les deux acteurs dans un univers qui ne plait à personne, et lorsque les deux se perdent, on est heureux de les suivre dans les méandres du genre humain. Grâce aux dialogues et à la réalisation soignée, chaque instant nous ressort de façon malsain, et on aime ça.
La suite de la critique sur Le Cinema du Ghetto :