Des méfaits de l'improvisation en l'absence de génie
True Love, série en 5 épisodes proposée par la BBC, fondait peu ou prou tout son argumentaire de vente sur un point précis : la promesse de dialogues fondés sur une forme de semi-improvisation devait garantir une plus grande sincérité dans les relations dépeintes entre les personnages. Un casting de têtes connues et d'habitués de la télé anglaise avaient été réunis pour l'occasion, avec notamment les ex-Doctor Who David Tennant et Billie Piper, Vicky McClure de This is England, Kaya Scodelario de Skins, David Morrissey de State of Play ou encore Jamie Walters de Dead Set. On était donc prévenus : cette série serait une série à performances d'acteurs.
Le problème de True Love, c'est que ce n'est plus ou moins que ça. Le reste est un ratage total assez étonnant quand on connaît l'exigence de la BBC sur sa production sérielle, d'autant plus que True Love avait eu l'honneur d'une diffusion sur une semaine complète sur la chaîne principale BBC One. Les scénarii sont un ramassis de clichés, de platitudes et de banalités mille fois vues et mille fois résolues de la même manière. On touche au degré zéro de l'originalité avec le pilote, d'une médiocrité confondante. Les personnages n'ont pas d'épaisseur parce qu'ils n'ont rien d'autre à jouer que des situations qui sont devenues tellement récurrentes qu'elles en ont perdu toute authenticité.
Résultat : les acteurs jouent mal, et l'on occulte totalement l'idée d'improvisation, effacée derrière la faiblesse terrible de l'écriture. Là réside la faillite de la série : l'improvisation ne prend sa force que dans des performances live ou quand elle est utilisée avec parcimonie par de grands acteurs. Ici le procédé est systématisé et donc perd sa valeur d'exception. Et l'on sent même que les acteurs sont parfois mal à l'aise de jouer des personnages aussi creux. C'est le cas tout particulièrement de David Tennant, catastrophique dans les moments d'intimité et de dilemme, qui semble à ce moment prendre conscience de l'impossibilité d'accorder un quelconque intérêt aux turpitudes du type qu'il interprète.
On ne sauvera du naufrage que le troisième épisode, porté par la complicité évidente de Billie Piper et Kaya Scodelario, même si je suppute que leur romance lesbienne a pu corrompre dans un moment de faiblesse l'objectivité de mon esprit de mâle bêta hétérosexuel. Le reste est au mieux inoffensif, au pire consternant. Encore heureux que ça ne dure que 25 minutes à chaque fois...