Effet tunnel : des atouts mais du mal à en profiter.
« Situation dans laquelle se trouve un espace traversé par un axe de transport mais qui ne peut pas y accéder ».
Finalement cette définition de Géo est sympa et, surtout, grâce à cette série estampillée Thriller made in canal Plus elle peut se décliner aux séries.
Tunnel est une série bancale, souffrant des défauts de ses ambitions. Survendue comme THE THRILLER, surjouée à l’image d’une Clémence Poésy asociale, névrosée, lorgnant assez souvent, sans finesse, vers une Claire Danes illuminée de Homeland, cette coproduction commence dans le sordide intéressant, bascule dans le complot anti mondialisation, anti capitalisme fouillis pour finir par faire de gros yeux à Seven. Le rythme n’est pas toujours maîtrisé, les accélérations ne permettant pas nécessairement d’alimenter un suspense bouffé par une trop grande complexité scénaristique.
L’intrigue posée, on suit nos deux héros très différents, une française asociale et un flic anglais relativement paumé sur les pas d’un tueur fou et – Ô surprise - intellectuellement brillant. Les atouts ne manquent pas ; la comparaison entre deux système judicaires, la France pleine de paperasse, l’Angleterre bouffée par ses tabloïds. On aborde la question de la crise, de la dette, d’un complot intra européen (je ne spoale pas on en parle très vite) mais, ces pistes intéressantes agissent comme un effet tunnel ; jamais la série ne décolle vraiment faute d’un choix clair. A trop vouloir ratisser, on se noie. La photo est belle, les paysages sont froids, intéressants, mais ça ne prend mais totalement car l’écriture n’est pas efficace, à l’image de ses vas-et-viens pas toujours du meilleur effet.
Un petit 5 assez généreux tout de même car c’est court, ce sont 10 épisodes qui meublent 5 soirées. Stephen Dillane est flegmatiquement bon, il y a de bonnes questions sur le rapport de nos sociétés à l’image, à internet. Le personnage de Poésy finit par faire rire, avec des répliques tellement caricaturales qu’elles pourraient finir par sonner vraie. On se dit qu’il faut vraiment avoir faim pour se la taper alors qu’elle n’est pas la plus laide ! A noter que les derniers épisodes sont quand même bien meilleurs … pas de Spoale.
Bref, un potentiel non maitrisé, une série qui ne restera pas dans les mémoires mais ça m’a permis de gagner du temps en attendant la saison 3 de Braquo … toujours ça de pris.