Le parfait dénouement de toutes les séries Gundam

Turn "A" Gundam se déroule dans le "Correct Century", et se présente (comme on le voit dès le générique d'ouverture) comme décrivant l'avenir de toutes les séries Gundam. Ce défi ambitieux est parfaitement relevé grâce à une intrigue irréprochable et à un univers particulièrement bien construit.

Après des millénaires d'attente, les habitants de la Lune reviennent s'installer sur une planète Terre revenue au début de l'âge industriel à l'issue d'une ancienne catastrophe oubliée de ses habitants. Le conflit créé par ce projet d'installation va permettre aux habitants de la Terre de redécouvrir progressivement ce passé oublié. Les thèmes évoqués par la série sont ceux de la plupart des intrigues Gundam : la possibilité d'un rapport harmonieux avec la nature, d'un juste usage du progrès technique, la capacité à comprendre le point de vue d'autrui et à dépasser les instincts belliqueux de l'être humain. Mais la manière dont cette série les donne à voir est unique : les protagonistes doivent minutieusement déterrer d'anciens Mobile Suits au sein de montagnes perdues, apprendre progressivement à les utiliser contre des ennemis beaucoup plus avancés technologiquement, le tout en s'efforçant de préserver la beauté des paysages et des territoires de la Terre. Plutôt que des combats spatiaux (qui ne viennent que dans le dernier tiers de la série), on a ici des mechas se battant dans des champs de blé, ou près de tribus qui les assimilent à d'anciennes entités mythiques.

La précision, voire la minutie de l'intrigue, qui prend le temps d'installer lentement et progressivement l'univers de la série, ne plaira sans doute pas à tout le monde. Les combats de mécha sont moins nombreux que dans les autres séries Gundam, et moins spectaculaires. Ceci tient non seulement à l'intrigue mais aussi à des limites dans l'animation de la série, qui n'est pas toujours bien réalisée. Elle fait bien trop usage d'images fixes qu'elle se contente de zoomer ou de dézoomer, ou de tourner dans un sens ou dans l'autre, pour donner une impression de mouvement. A quelques exceptions près, les images sont toutefois belles, surtout les images de paysage ou de machines. Le design des méchas de la série est intéressant, surtout celui du Turn "A" (qui peut paraître très étrange, voire ridicule, mais auquel on s'habitue vite). Chacun des 50 épisodes (à l'exception d'un épisode récapitulatif à la fin du premier tiers de la série) contribue à faire avancer l'intrigue ; il n'y a aucun remplissage. Le dénouement est très satisfaisant ; il n'est pas d'une grande originalité, mais ne donne pas l'impression d'être précipité, comme dans d'autres oeuvres dirigées par Tomino.

Une des grandes qualités de la série réside dans ses personnages, très différents les uns des autres, pas tous de la même complexité, mais tous intéressants, bien construits, crédibles, souvent attachants. Il y a toutefois quelque chose de très "tominesque" dans leur manière de réagir et de dialoguer, en surréagissant à certains propos, ou au contraire en ne réagissant pas autant à d'autres que ce à quoi l'on aurait pu s'attendre : il arrive qu'après une scène de dialogue importante, la série passe rapidement à autre chose, pour ne la mentionner à nouveau que bien plus tard.

Turn "A" Gundam devrait ravir quiconque a déjà apprécié une série Gundam, sans y chercher seulement des combats spectaculaires de robots. Mais la compréhension de l'histoire ne requiert aucune connaissance précise sur l'univers Gundam : par la beauté et la finesse de la construction de son intrigue et de son univers, elle aura du charme auprès d'un public bien plus large que celui des seuls amateurs de méchas.