Une petite ville paumée dans l'état de Washington. Le meurtre atroce d'une jeune fille fauchée en pleine fleur de l'âge. Un agent du F.B.I. sur le coup. Des habitants loin d'être aussi innocents qu'ils le prétendent. Tout comme la victime, cette Laura Palmer au visage angélique dissimulant une part d'ombre qui ne demandait qu'à sortir. Car une fois gratté le joli vernis, c'est l'étrangeté, le vice, la folie, le mal qui apparaissent.
Imaginé par David Lynch et Mike Frost après l'abandon d'un film sur Marilyn Monroe, Twin Peaks c'est un peu Blue Velvet raconté sur trente épisodes. C'est des protagonistes tous plus tordus les uns que les autres, c'est un monde invisible tapissé de rouge, c'est un nain qui parle en verlan, c'est une femme qui parle avec sa bûche, c'est un pur concentré de délire et d'onirisme, jusqu'à une fin précipitée en forme de gigantesque mindfuck.
Une dernière partie mal-aimée, bancale, lourdingue parfois, tant Lynch et Frost semblent perdre le contrôle de leur créature schizophrène une fois révélé le meurtrier. Peu importe les longueurs, peu importe la frustration face à un programme trop fou pour perdurer sur les ondes et qui ne connaitra pas vraiment de fin. D'ailleurs, voulons-nous réellement une conclusion à tout ça ? Ne préférons-nous pas laisser les personnages dans leur folie, dans le labyrinthe mental qui les retiens prisonniers ?
Véritable révolution cathodique, que l'on goutte ou pas à la proposition de Lynch et Frost, Twin Peaks a bien évidemment des défauts. Certaines sous-intrigues n'apportent rien. Certains personnages et interprètes brillent par leur fadeur, Lara Flynn Boyle et James Marshall en tête. Mais cela n'est que broutilles face à la puissance d'un tel univers, face à la folie d'une poignée de seconds rôles inoubliables, face à l'enthousiasme et à la détermination béate de l'Agent Cooper, et surtout, face à l'importance, à l'influence d'une série comme Twin Peaks sur la télévision, sur le cinéma, sur la contre-culture.
Que dire de plus ? Rien. Si ce n'est vous encourager à tenter l'expérience. Et si c'est déjà fait, vous êtes sûrement encore là-bas. Dégustant une bonne tarte aux cerises ou tentant vainement de comprendre le mystère de Twin Peaks.