Si j'avais déjà bien aimé le charme de l'adaptation cinématographique, le format série permet désormais d'étendre la temporalité avec un jour par épisode (à l'exception des deux derniers qui couvrent six ans), et ainsi de davantage creuser la relation et surtout les non-dits entre Emma et Dexter. Le duo se rencontre à la fin de l'université et nous suivons à raison d'un jour par an aussi bien leur choix de vie que leur relation. Emma est la littéraire studieuse et militante qui rêve de changer le monde et de devenir écrivain. Dexter est le gosse de riche au charme ravageur qui compte surtout sur ces deux atouts pour avancer dans la vie.
La série séduit à la fois par le jeu de ses deux acteurs principaux et de leur alchimie mais aussi grâce à une écriture qui laisse aux émotions le temps de s'installer et privilégie l'atmosphère à l'action. Cela rend davantage crédible la construction de la relation entre ces deux personnages que tout oppose. Outre Leo Woodall, qui a ici le rôle le plus intéréssant et s'épanouit dans cette complexité, Ambika Mod et Essie Davis offrent également de très belles performances.
Cependant je trouve que la série se retrouve prise au piège de son système. Consacrer un épisode entier pour un jour fonctionne merveilleusement bien au début de la série et surtout quand Emma et Dexter sont ensemble à l’écran et incarnent ce jeu permanent du chat et de la souris. La série accuse un coup de mou dans les épisodes où ils sont entièrement séparés et on ne peut que regretter le rush des six dernières années compressées en seulement deux épisodes. Surtout cette structure alimente majoritairement l'aspect « Rise and Fall » ou « retour du fils prodigue » de Dexter lui laisse une part du lion sur la série. Emma, dont le parcours est plus raisonné, finit ainsi souvent dans son ombre.
Un travers d'écriture un peu dommage face au talent des acteurs et à une réalisation que j'ai trouvé d'une grande sensibilité.