Il m'est assez difficile d'évaluer cette série dans sa globalité. J'ai trouvé certaines scènes ou certains épisodes très lourds, me demandant parfois si j'étais vraiment en 2015. Un peu avant les 3/4 de la saison, j'ai même commencé à me demander pourquoi un pote m'avait conseillé la série, le coup du triangle amoureux Kimmy/Dong/Le mec riche n'ayant vraiment que peu de sens et étant mâtiné de clichés vus et revus. Et puis les trois derniers épisodes m'ont carrément fait revoir mon jugement, et m'ont convaincu d'apprécier la série dans son ensemble - on fera l'impasse sur une qualité un peu inégale quand on voit de quoi la série est capable à son meilleur. Son meilleur, c'est justement ces trois derniers épisodes, mais aussi d'autres scènes/épisodes qui valent clairement le détour pour plusieurs raisons. D'abord parce que U.K.S sait mélanger les types d'humour (jeux de mots, humour absurde, comique de situation, etc.) sans pour autant noyer ses personnages.
Même dans les pires moments, même lors des scènes les moins drôles, Kimmy, Titus, Jacqueline et compagnie sont toujours attachants, et c'est toute cette galerie de personnages foufous qui m'a encouragé à aller jusqu'au bout. Lilian est un des personnages les plus déjantés créé pour une sitcom - après 13 épisodes (dont à peu près 10 où elle apparaît), il est toujours impossible de définir clairement qui elle est, ce qu'elle fait, d'où elle vient, où elle va : une chose est sûre, elle est terriblement drôle et atypique. Titus est un personnage taillé sur mesure, très proche de son acteur, parfois énervant et souvent très cliché mais au final largement attachant. Kimmy, souriante, battante, furieuse parfois, émeut dans sa quête d'une nouvelle vie ; encore une fois, même dans les pires moments, on a envie de savoir comment ce bout de bonne femme qui a tout de même perdu 15 ans de sa vie va s'en sortir.
Et puis mon coup de coeur : Jacqueline, une indienne-blanche-riche-frustrée complètement déjantée et incohérente, dont l'alchimie avec Kimmy est parfaite.
Ajoutez à ça une myriade de personnages secondaires déjantés (parfois un peu trop), et vous obtiendrez donc ce qui rend la série supportable dans le pire des cas, et délectable dans le meilleur. Le meilleur, c'est sans doute, comme je le mentionnais plus tôt, les trois derniers épisodes de la série. À ce moment-là, Unbreakable Kimmy Schmidt quitte les quelques intrigues banales et peu insipirées du milieu de la saison (le triangle amoureux, justement, typiquement) pour rentrer dans le vif du sujet : l'enfermement dans le bunker et le procès qui en découle. Et là, tout est parfaitement huilé et mis en place : chaque "mole woman" joue son petit rôle, le révérend est un personnage tout bonnement excellent, le juge brille de stupidité et les deux "avocats" supposés représenter les mole women sont très probablement les magistrats les plus grotesques jamais mis en scène à la télévision.
L'ensemble est couronné de toutes sortes de scènes hilarantes, et l'idée du procès permet de dérouler une sorte de "fil rouge", ce qui est plutôt appréciable pour une sitcom. C'est là qu'on voit qu'en réalité, la série a un énorme potentiel qui n'a simplement pas été toujours utilisé.
J'attends véritablement la saison 2 au tournant, parce qu'elle pourra soit confirmer l'excellent niveau de certains épisodes et de la fin, soit faire retomber le show dans ses travers lourdingues qui ont quand même jalonné un peu trop d'épisodes (le pilote est médiocre, l'épisode du chirurgien esthétique est insupportable...). Si les scénaristes savent rebondir sur leur... rebondissement de la fin de saison 1, ils pourront enfin faire exploser le potentiel d'une série qui, dans ses meilleurs moments, a tout pour plaire.
On saluera en vrac, pour finir sur une bonne note, un excellent générique (et pas juste une image fixe à la con), des acteurs aux petits oignons, une bande-son (instrumentale, surtout) originale et une intrigue de base, si vous ne l'aviez pas déjà compris, vraiment originale et à la limite du philosophique : comment se reconstruire après quinze ans en dehors du monde ?*
D'ailleurs, point très intéressant : la série sait sortir du schéma "coucou,on est là pour rigoler". La thématique des choix de vie, de la reconstruction de soi, etc. est parfaitement bien gérée entre les personnages du show. Finalement, en bout de saison, Jacqueline doit elle aussi se reconnecter au monde réel, doit retrouver ce qu'elle est et où elle va, comme Kimmy l'a fait en sortant de bunker. La quarantenaire sort de ce monde de riche dans lequel elle avait été enfermée par son mari, au même titre que son assistante a été enfermée par le gourou ! Il y a fort à parier que tout n'est pas écrit au hasard dans cette série, et qu'il s'agit d'un peu plus (mais pas beaucoup beaucoup moins quand même) que d'une suite de gags !