Troll the respawn, Jeremy.
Après avoir été commandée et mystérieusement abandonnée par NBC, pour enfin être repêchée par Netflix pour une commande directe de deux saisons, Unbreakable Kimmy Schmidt avait finalement fini par intriguer : Tina Fey à l’écriture, des premiers retours presse globalement positifs, et la certitude candide de ne pas être déçu par Netflix.
Unbreakable Kimmy Schmidt est une comédie très particulière, tant elle semble répondre à des goûts apparemment opposés. Des gags gamins côtoient des répliques graveleuses, des questionnements identitaires sur le communautarisme et le puritanisme américains viennent s’ajouter à des thèmes légers, si ce n’est enfantins. Il suffit d’imaginer à quoi ressemblerait Enlightened si cette dernière avait été produite sur un grand network.
Mais attention, Unbreakable Kimmy Schmidt est une série très drôle. Certains épisodes plus que d’autres, on pense notamment aux tout derniers mettant en vedette un Jon Hamm fabuleux, mais globalement on reste face à une série rafraichissante et délirante, qui au milieu d’un épisode en apparence gavé de bons sentiments, n’hésitera pas à vous sortir une pique bien aiguisée sur un sujet bien sensible, si ce n’est tabou. C’est cette sensation d’être constamment à la limite du politiquement correct qui rend Unbreakable Kimmy Schmidt jouissive : la comparaison est loin d’être anodine, mais elle s’aventure sur des terrains que Parks and Recreation avait ignoré – il est important de noter que les deux séries, en plus de leurs équipes créatives diplômées du SNL, comportent de nombreux points communs, notamment en fin de saison. Et là où Netflix va plus loin, c’est au travers de ce propos féministe virulent, cette satire bien grinçante de la société américaine qui vient taper où ça fait mal.
Le tout porté par un casting excellent – Ellie Kemper en tête, révélation du show qui semble déjà bien partie pour un futur Emmy Awards – mais aussi la grande majorité des seconds rôles, parfois quelque peu agaçants à la longue, mais qui participent à la douce folie furieuse du show.
Il y a beaucoup de potentiel, et pas seulement à l’avenir : dans son état actuel, Unbreakable Kimmy Schmidt a tout d’un probable coup de cœur pour certains spectateurs qui sauront apprécier au maximum cette atmosphère bien particulière qui se dégage de la série. Sens aiguisé du dialogue sans doute hérité du Saturday Night Live, acteurs excellents et sous-propos méchamment extatique. Reste que la combinaison comique quelque peu incohérente pourra rebuter – il est toujours un peu particulier de se voir affronter cet humour bipolaire qui, d’une scène à l’autre, vous fera rire aux éclats ou rester de marbre devant tant de facilités. Faut-il alors vraiment lui laisser une chance ? Oui, même si c’est juste pour voir Jon Hamm en gourou manipulateur, sorte d’écho improbable de Don Draper.