Undone - Le film complet du jeu vidéo ?
La première chose qui frappe en visionnant Undone, c'est le visuel. J'ai eu parfois l'impression de regarder un let's play d'un jeu narratif Telltale Games... En plus joli et mieux animé tout de même.
Le rapprochement avec les jeux vidéos narratif est d'autant plus marqué que les choix d'Alma entraînent des déformations de l'espace et/ou du temps. Le spectateur revoit certaines scènes avec des angles d'approche différents.
J'ai lutté plusieurs fois avec l'envie de prendre ma manette xbox one (bon, j'abuse un peu là...).
La technique visuelle utilisée n'est cependant pas qu'une esbrouffe. Elle a son intérêt. Elle permet à partir de l'épisode 2 de jouer constamment avec le décor (en une minute, celui-ci disparaît, change complétement, réapparaît, redisparaît etc...). Plus facile à mettre en oeuvre avec de l'animation qu'en prise de vue réelle avec des effets spéciaux qui coûteraient des millions.
Emotion et sensibilité...
Malgré ce léger ressenti de "jeu vidéo passif", on ne se sent pas à distance de l'histoire, le déroulement du récit nous impliquant émotionnellement.
Le récit fantastique est prétexte à une chronique familiale sensible. Il y a du mystère (qu'est ce qui s'est passé le jour de la mort du père d'Alma?), mais ne vous attendez pas à un thriller fantastique d'action. Ce qui fait la force du récit c'est les relations entre les personnages.
Certaines scènes centrées autour des liens familiaux (relations mère-fille, soeur-soeur, père-fille) ou de couple sont traitées avec finesse et émotion. Elles sont souvent bien appuyées par d'agréables notes de violon.
La série parle, entre autres, du passé qui nous conditionne, du libre-arbitre, de la folie.
Jeu d'acteurs : It's All Good Man !
Les acteurs sont bien dirigés et sont globalement très crédibles.
L'actrice qui joue Alma, l'"héroïne" de la série, porte avec intensité son personnage. Alma est touchante, agaçante, parfois à la limite de l'insupportable mais très humaine.
Bob Odenkirk qui joue le papa d'Alma est excellent et c'est un régal de le voir dans chacune de ses scènes. J'avoue que parfois il m'a quand même fallu faire un petit effort intellectuel pour oublier Saul Goodman. Le phrasé, la gestuelle et les mimiques restent tout de même assez proches de son personnage emblématique.
J'ai beaucoup aimé l'ambiguité sur la folie supposée ou pas du personnage d'Alma. Ne vous attendez pas à des réponses toutes faites.
Les auteurs ont mené leur barque de manière assez intelligente pour que le spectateur se fasse sa propre opinion. C'est une série à discuter avec les collègues ou amis autour du café, car on aura pas nécessairement la même interprétation du récit.
En résumé.
8 épisodes de 22 minutes soit près de 3 h de programme. La série n'est pas très longue, vous pouvez la regarder en une ou deux soirées.
C'est original, émouvant et bien construit. Très bonne surprise.