Finalement, à force de prononcer toujours les noms des gens connus, on n'a plus aucune idée de qui ils étaient ni de ce qu'ils ont dû traverser pour enfoncer les portes du Panthéon. Cette série en 4 épisodes s'attaque à notre Totor national, géant des lettres, poète aimé des muses et aussi, dans une égale mesure, animal politique dans le sens du terme qu'aucun Hyperprésident n'avait encore dénaturé. Il faut dire que son temps, à Hugo, n'était pas de tout repos. Mais la chance qu'avait le peuple à l'époque, c'était d'avoir des porte-paroles d'une autre trempe que... bon, j'arrête de râler, je vais finir par lâcher des noms. Mais bref, le scénario s'attache à dépeindre la période qui a précédé les 19 ans d'exil d'Hugo, à la suite du coup d'état de Napoléon III, une période de troubles, au cours de laquelle l'édification de barricades était un passe-temps relativement prisé. Et ça avait une autre gueule que des gilets jau... rha, ça recommence, désolée. Évidemment, ça laissait des gens sur le carreau, mais les représentants politiques avaient alors l'occasion, s'ils avaient des tripes, de braver les balles et la prison au lieu de piquer dans la cais... décidément, il faut que je prenne mes petites gouttes. Enfin, une chose n'a pas changé, c'est sûr, c'est l'acharnement des possédants à déposséder les autres pour protéger leurs privilèges iniques, et les positions dominantes qu'ils s'arrangent toujours pour occuper dans la fabrication des règles qui régissent la vie collective, là-dessus, on peut se féliciter d'une belle constance nationale. Pour le reste, le téléfilm ne manque pas de charmes : acteurs impeccables, reconstitutions soignées, harangues bien choisies (il faut dire qu'on a l'embarras du choix dans les morceaux de bravoure littéraire du monsieur...) et point de vue intéressant. Une façon agréable de se familiariser avec une œuvre et une époque, d'entrer dans l'Histoire par la petite porte, et parfois par le boudoir voire la chasse d'eau, car autant Hugo était un géant citoyen autant en matière de sentiments, c'était une nouille déchirée entre deux femmes, incapable de choisir mais pas du tout gênée au moment de faire des serments à l'une comme à l'autre... Bref, le microscopique le dispute à l'immense, et le récit s'en trouve dynamisé à souhait.